Après quelques démos qui ne leur permettront pas d’obtenir le précieux sésame d’une signature chez un label, les death metalheads de Sarcoma repartent de zéro en 1993 sous le nom
Abominant, en recrutant le vocaliste Mike Barnes (ce Barnes là n’a pas de dreadlocks et ne se déplace pas en sandales avec son trois feuilles à la bouche) de
Cataclysm. Cette fois-ci les efforts sont plus fructueux et le combo décroche un contrat chez
Wild Rags Records (qui rééditera dans la foulée leur dernière démo) pour un premier album nommé
Unspeakable Horrors (1996).
Livret minimaliste, couleurs noires et blanches, pochettes à l’ancienne, on sait d’avance où on met les pieds… Intentionally Accused pose rapidement les bases d’un Death
Metal proche de
Deicide ou
Malevolent Creation, les intonations vocales de Barnes n’étant parfois pas sans rappeler celles de Brett Hoffmann. Les riffs de Timmie Ball font mouche et la production organique colle au mieux aux compositions. Que ce soit avec l’agressif Corrupting Morality ou encore l’épidermique
Lost, le deathster fan des vieilles formules passera forcément un bon moment d’écoute. Calls from
Beyond et Child of the Sky avec leurs intros mélodique montrent cependant un certain désir d’évolution.
Toutefois malgré l’énergie déployée,
Unspeakable Horrors sonne hélas un peu anachronique. Alors que les
Dark Tranquillity,
Cryptopsy,
Angelcorpse,
Edge Of Sanity ou
Iniquity innovent et commencent à relancer un style en large perte de vitesse,
Abominant se contente de réciter des gammes déjà entendues qui ne font plus vraiment recette auprès du public, avec volonté et talent certes, mais qui sonnent trop début 90’s pour s’imposer en 1996. Si on ajoute à cela le fait qu’un label UG comme
Wild Rags ne permet pas une grande exposition, il était couru d’avance que ce disque serait condamné à rester dans les limbes de l’UG.
D’un autre côté rétrospectivement, il est réconfortant de constater que même dans les périodes les moins favorables, il restait quelques groupes pour perpétuer la tradition du style dans sa forme originelle, et à ce titre le morceau éponyme est parfait. On notera qu’un changement de son (mais pas de style) est perceptible sur les trois derniers morceaux avec une production légèrement plus étouffée, et c’est normal puisqu’il s’agit d’une session d’enregistrement différente : on ne sera pas étonné de ce côté foutraque chez
Wild Rags Records…
Abominant est typiquement le groupe qui débarque le couteau entre les dents avec du bon matos mais lorsque la guerre est déjà finie,
Unspeakable Horrors aurait pu attirer l’attention début 90’s, un titre comme Age of Chaos et ses bons solos par exemple, n’aurait pas dépareillé sur la fameuse compilation Masters of
Brutality, mais en 1996 ça n’avait aucune chance de casser la baraque.
Reste un disque sympathique qui plaira à tous ceux qui veulent retrouver à tout prix l’esprit d’antan.
BG
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