Voici la dernière planète arrivée dans la galaxie déjà bien remplie du metal symphonique grandiose. Le moins que l'on puisse dire c'est que le groupe ne fait pas les choses à moitié.
Plus de trois ans de travail, un orchestre fignolé, et un énorme travail à la production. À propos de groupe, il faut remarquer qu'il est l’œuvre d'une unique personne, Aor. Aor est d'abord un chanteur russe, grand amateur de musiques grandioses. Alors on pourra critiquer l'image qu'il veut donner de lui, comme sur ces posters ridicules où on le voit sur un trône, en habit "militaire", grosses lunettes noires, au milieu d'un paysage de montagnes enneigées. Mais on ne peut rester de marbre devant une telle ambition et la ferme intention de se faire sa place au soleil.
C'est avant tout un album qui veut se faire remarquer de par son côté symphonique et grandiloquent. Aor a fait venir un orchestre pour l'occasion, ce fut une très bonne idée, la richesse des orchestrations offre un très bon rendu, tant sur des titres taillés dans la symphonie, comme le titre éponyme, que sur des titres plus typés "power" comme Death Guard. Chaque titre a cependant droit à un minimum d'orchestrations ; de plus sur certains morceaux l'orchestre donne une dimension épique incroyablement puissante dont
Turisas pourrait être jaloux (Vossiyay Je, Ogon Pogrebalniy ou encore le très bon
Anthem of Valour). C'est effectivement là le grand point fort de l'orchestre : cette puissance dévastatrice mais relativement maîtrisée, qui est appuyée par des chœurs eux aussi composés par le chef tout puissant Aor. On peut peut-être penser qu'il serait judicieux d'atténuer légèrement la puissance de l'orchestre qui monopolise le son, mais je pense (et ce n'est que mon humble avis personnel) qu'il confère une personnalité au groupe qui est nécessaire ; surtout depuis quelques années où des groupes sans réelles personnalités se succèdent sans trouver le succès escompté.
Mais revenons aux chœurs qui sont tout aussi dignes d'intérêt. Ils occupent presque la moitié du chant de tout l'album, et la totalité des refrains. Si ils prennent une telle place, ils sont un centre d'attention particulier et donc parfaitement maîtrisés – me diriez vous. Il est clair qu'ils collent tout à fait à ce type de musique grandiose et au niveau de la maîtrise c'est presque le top. Il subsiste néanmoins un défaut assez rare mais très gênant : la prononciation. Le chant est incompréhensible et il est impossible de comprendre les paroles.
Il est temps maintenant de parler des instruments plus "metal", car c'est là qu'il y aura le plus de boulot pour peut-être un prochain album.
La guitare est assurée par un guest (comme la plupart des musiciens). Son travail est irréprochable ; la qualité et la maîtrise sont là. C'est du côté de la composition des parties de guitare que ça coince. Elle assure relativement bien la base heavy des morceaux en général mais ses interventions restent minimales. Elle brille certes sur des morceaux comme
Northern Lights (avec un très beau solo) ou The Castaways (avec un solo speed démentiel) mais certains titres pourraient en profiter, en particulier Turn the Sun
Off ! et le très martial Battle
Heart. L'album en général manque de mélodies basées habituellement sur une guitare et/ou un clavier ou tout simplement de parties mélodiques calmes.
La prestation de la basse est comme pour la guitare, correcte mais elle souffre par contre d'un défaut récurrent dans la profession : elle est assaillie de tout côtés par les autres instruments et finit étouffée et submergée. La faute est due à la production, qui veut en faire trop et nous en mettre plein les mirettes. Du coup, une fois passé au mixage, le son ne parait pas équilibré et devient trop riche.
C'est au tour de la batterie de passer le difficile examen, et c'est là que ça va faire mal, parce que question percussions, on y est pas du tout. Les double et quadruple pédales sont omniprésentes, ce qui a pour conséquence de détruire tout signe de mélodie. Là où une bonne frappe nette et simple serait nécessaire (
Anthem of Valour), dans le but d'appuyer les autres instruments, Aor nous met une batterie beaucoup trop speed. C'est un peu le même problème qu'avec les premiers
Rhapsody. La double pédale et le metal symphonique font rarement bon ménage.
C'est vraiment dommage, car avec des compositions comme ça et autant de bonne volonté ça aurait pu devenir un album incontournable comme le premier
Avantasia de Tobias Sammet mais il est gâché par de petites fautes, qui, additionnées nuisent à la qualité générale de l'opus. Il serait injuste de décrire l'album comme mauvais et il est nécessaire de souligner tout de même quelques points forts, comme le deuxième morceau,
Wings of Your Heart, qui est de très bonne facture, ainsi que le très mélodique Death Guard.
Alors mon p'tit Aor, qu'as tu retenu pour ton prochain album ? D'abord fais attention avec l'orchestre, c'est un très beau jouet mais il ne faut pas en abuser, sinon on ne s'entend plus. Ensuite si tu fais un groupe de metal, je te rappelle que tu as sous la main une guitare (ou plusieurs), une basse et une batterie. Si ça existe c'est pour s'en servir, pas juste pour donner du son à ta chanson. Et aussi quand tu fais chanter tout le monde en même temps en chœur essaye de leur dire d'articuler un peu parce que Ah-ah-Ah-Ah-ah c'est bien beau mais c'est vite énervant. Et pour finir, vu que c'est toi qui t'occupes personnellement du chant, si tu pouvais maîtriser un peu mieux ce chant guttural et martial et mettre un peu de joie et de bonne humeur dedans ça serait très agréable.
En espérant
14/20
Jolie chronique! :)
Merci pour ta chronique
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