Les légendes ne meurent jamais, toutefois elles peuvent parfois disparaître de la circulation pour un temps considérable. Ainsi depuis l’enregistrement du MCD
The Forsaken Mourning of Angelic
Anguish de
Incantation en 1997, les deathsters étaient sans nouvelle de Craig Pillard, chanteur légendaire ayant poussé le concept de chant guttural à son paroxysme sur les mythiques
Onward to
Golgotha et The Mortal Throne of Nazarene. En fait le bonhomme expérimentait dans son coin avec son projet drone
Methadrone (ça ne s’invente pas) loin des fracas Death
Metal, ce dernier ayant muté en quelque chose qui ne ressemble en rien à ce qui se faisait à l’époque.
Sa participation en tant que bassiste au quatrième album des doomers de
Evoken va relancer la machine, dans la foulée avec le bassiste de
Methadrone Randi Stokes et deux musiciens de
Funebrarum Daryl Kahan (guitare) et Shawn Eldrige (batterie), il rejoint un autre ex
Incantation Bill Denner (guitare) pour donner naissance à
Disma.
Après une démo, un EP et un Split d’un Death délicieusement lourd et obscure, il était temps pour le quintet de passer aux choses sérieuses, et c’est sous l’égide de Profund Lore Records que
Disma propose son premier full-lenght
Towards the Megalith (2011).
Avant même d’évoquer le côté musical, le visuel est sublime, avec cette procession morbide vers un imposant mégalithe signée Ola Larsson. Aussi sombre et puissant que la pochette qui l’illustre,
Towards the Megalith broie du cerveau à tour de bras grâce aux riffs magmatiques de la paire Kahan / Denner. Dès Chaos
Apparition, la ressemblance avec du
Incantation première époque est flagrante, on y retrouve le son baveux des guitares, ces riffs minimalistes d’une lourdeur dantesque, cette basse grasse comme du saindoux, et surtout ce chant, ce guttural magistral du sieur Pillard qui semble ne rien avoir perdu de sa verve d’antan (contrairement par exemple à
Magnus Bromberg dont les prestations chez
God Among Insects sont bien moins terrifiantes que sur les deux premiers
Hypocrisy).
Profound Lore est principalement un label
Doom, d’ailleurs le morceau
Chasm of Oceanus en contient une forte dose (tout comme
Vault of Membros), son Death /
Doom écrasant alterne middle tempo plombé avec des passages d'une lenteur préhistorique (dernière partie du titre à partir de 4 : 14), mais aussi avec des accélérations percutantes, les blast-beat de Shawn Eldridge apportent une singularité évidente par rapport aux dieux
Incantation. D’ailleurs son jeu de batterie principalement rude et old-school est plus complexe qu’il n’y paraît, donnant à
Towards the Megalith une personnalité affirmée. Si
Incantation semble plafonner au niveau de l’inspiration en 2011 (en témoigne deux derniers albums moyens),
Disma vomit un Death
Metal soufré et brutal rappelant la glorieuse première partie des 90’s. En fait, les américains prennent le meilleur d’un
Funebrarum /
Incantation et y ajoutent un côté doomy façon
Evoken, le tout avec un savoir-faire et une conviction qui font froid dans le dos.
Après 10 années du nouveau millénaire symbolisées par une course effrénée aux armements vers la vitesse, la technique (et hélas, parfois aussi vers la triche à gogo en studio et la production en plastique), le Death
Metal sale et basique fait un retour en force, et parmi la nuée de suiveurs pompant sans vergogne et avec nostalgie les
Entombed,
Bolt Thrower ou
Nihilist, on arrive tout de même à extraire certains groupes redoutables (
Fondlecorpse ou
Corpsessed notamment), mais avec
Disma c’est une fois de plus un groupe composé de vieux grognards qui montre à la jeunesse la marche à suivre.
Bien au delà d’un simple groupe de revival inspiré, Daryl Kahan et ses sbires font renaître l’esprit du vieux Death
Metal en l’incarnant totalement.
Entre la brutalité de
Lost in
Burial Fog, la lourdeur de
Vault of Membros ou l’ambiance incroyable de Of A
Past Forlorn,
Disma impose un disque sans défaut ni temps mort. Mieux que ça :
Towards the Megalith est une pièce ultime et authentique qui peut prendre une place au panthéon du Death
Metal (et du
Metal tout court), aidé en cela par un artwork aussi impressionnant que la musique.
BG
Je suis un peu passé au travers à l’époque, grave erreur enfin réparée, pas si facile à trouver à un prix raisonnable cet album ceci dit. Ce fantastique disque donne vraiment l’impression à l’écoute de se ramasser une énorme enclume sur le coin de la gueule !
Superbe papier, je me demande si l'aventure Disma peut se poursuivre sans Craig Pillard dont l'éviction inévitable remonte maintenant à un petit moment...
Pour info Craig Pillard est de retour dans Disma, espérons entendre des nouveaux morceaux bientôt, et pourquoi pas un successeur digne de ce nom à ce fantastique premier album.
Bonne nouvelle
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