Si le bassiste et chanteur allemand Matt
Sinner est aujourd'hui un personnage emblématique de la scène Heavy
Metal traditionnelle saxonne, il n'en fut pas toujours ainsi. Au crépuscule des années 80, avec la formation portant son propre nom, il fut même un acteur très secondaire dont les albums ne soulevèrent pas vraiment l'enthousiasme. Durant une bonne partie de la décennie suivante, il ne parvint pas d'avantage à forcer le destin. Pour qu'enfin il soit reconnu à sa juste valeur, il fallut attendre cette fameuse année 1998 où avec
Ralf Scheepers, il donna naissance à
Primal Fear. En un sens l'association des deux artistes fut donc bénéfique pour l'un, et salvatrice pour l'autre. Et vice-versa.
Les albums qui suivirent connurent d'ailleurs un certain retentissement (The Nature off
Evil (1998),
The End off Sanctuary (2000) ou, par exemple, plus récemment,
Crash &BURN (2008)). De nombreux recueils vinrent retracer la carrière de la formation (
Germany Rocks - the Best of (
1994),
The Best of Sinner - Noise Years (
1994),
The Second Decade (1998))..) mais peu finalement se penchèrent très précisément sur l'ère la plus méconnue. Voilà pourquoi, en cette année 2013, sort ce Touch off
Sin 2 regroupant quelques pistes de quelques unes de ces œuvres méconnues. Essentiellement construite autour de
Danger Zone (1984) (
Danger Zone), de Touch off
Sin (1985) (
Born to Rock,
Bad Girl, Shout,
Emerald et
Masquerade), de
Comin' Out Fighting (1986) (
Comin' Out Fighting, Germany Rocks et
Lost in a Minute) ainsi qu'autour de
Dangerous Charm (1987) (
Knife in my
Heart et
Concrete Jungle), cette compilation contient, tout de même quelques inédits (Don't Believe a Word,
Blood on the
Sand et Heat off the City). L'ensemble des anciennes chansons ont été réenregistrées et donnent donc à entendre des versions très contemporaines à la production très actuelle.
S'il fallait d'ailleurs s'interroger sur le public concerné par ce manifeste, eu égard à ce traitement sonore, la conclusion qui découlerait de cette réflexion pourrait être très embarrassant. Paré d'un son aussi moderne, aussi lisse et aussi compacte; très en adéquation avec les attentes d'aujourd'hui en somme, pas sûr que ce second volet de touch off sin puisse séduire ceux qui, comme votre modeste obligé, furent touchés par la spontanéité des œuvres originelles. Le son d'époque était, certes, moins imposant et moins massif, mais il laissait un espace plus conséquent aux détails.
Attelons-nous, dès à présent, à détailler quelques spécificités de ce disque. Nous proposant une musique puisant son essence à la source d'un Heavy
Metal plutôt traditionnel (Accept,
Primal Fear, ou par exemple
Judas Priest),
Sinner a pourtant des dispositions très marquées pour la musicalité et l'harmonie. Son propos est donc souvent acerbe (le lourd et pesant
Born to Rock,
Comin' Out Fighting, Shout, le très bon
Emerald, un
Lost in a Minute que n'aurait sans doute pas renié Udo
Dirkschneider ou encore
Masquerade) il ne dédaigne pas s'égarer dans les affres d'une mélodicité prégnante. Tant parfois d'ailleurs que l'hérésie nous est promise. Nos convictions concernant les bonnes impressions nées à l'écoutes de ce manifeste vacillent donc parfois (le moyen Don't Believe a World et son
Hard-FM pénible, mais aussi le terrifiant
Bad Girl,
Concrete Jungle et
Blood on the
Sand, trois morceaux aux refrains terriblement mièvres).
Un album qui permettra donc à certains de découvrir les premiers travaux de Matt
Sinner. D'aucuns, dont votre humble serviteur, préféreront néanmoins s'en tenir aux œuvres originelles.
Merci à toi pour ta remarque éclairée...
@SteelMonkey: Concernant l'emploi du terme "saxonne", il ne s'agit là que d'un vil stratagème pour éviter les répétitions du mot "allemande" ou "teutonne". Rien de plus.
Merci pour ton commentaire avisé.
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