De l'eau aura coulé sous les ponts pour le combo italien depuis «
The Reins of Life », son introductif et encourageant album full length sorti il y a déjà trois ans, soit, la toute première étape de son parcours. En 2017, nos acolytes entreront dans la seconde phase de leur projet, accouchant d'un modeste EP dénommé «
Lifeless, Faultless », signé chez le label italien
Volcano Records & Promotion. Surtout, l'occasion leur sera donnée de se produire sur scène auprès de formations aguerries telles que
Temperance,
Elvenking,
Ephyra,
Overtures, parmi tant d'autres. Suite à quoi, conformément à ses nouvelles aspirations, le collectif procédera à un remaniement partiel de son équipage. Aussi, aux côtés du maître d'oeuvre et claviériste, Gianluca Parnisari, évoluent désormais : Claudia
Nora Pezzotta, soprano au timbre de voix cristallin ; Andrea Boccarusso (Hidden Memories), en remplacement de Graziano Franchetti, aux guitares ; Samuele Di Nardo, en lieu et place de Matteo Clark, à la basse ; Luca Ravezzani, à la batterie. Se dessine alors la troisième étape de son aventure...
De cette nouvelle collaboration naissent deux singles, «
Long Way, Silk Road » et «
The Void Within », tous deux sortis en 2019, précédant de quelques semaines à peine un second mouvement de longue durée répondant au nom de «
Time Travel Artifact » ; auto-production où s'enchaînent sereinement 10 pistes sur un ruban auditif de 56 minutes, bénéficiant d'un enregistrement de bon aloi et d'un mixage ajusté, cosignés Gianluca Guidetti et Oscar Mapelli, déjà sollicité sur le précédent opus. Ce faisant, conformément à ses fondamentaux tout en dispensant de nouvelles sonorités, le combo transalpin nous livre une œuvre rock'n'metal mélodico-symphonique traditionnel et progressif, dans le sillage de
Nightwish,
Delain,
Xandria et
Dark Sarah. Mais, avant même d'effeuiller la rondelle, le regard ne pourra esquiver la finesse du coup de crayon de la pochette, l'artwork relevant à nouveau de la patte du guitariste/vocaliste brésilien Gustavo Sazes (
Stormfall, ex-
Coldblood), sollicité par
Angra,
Firewind,
Kamelot,
Serenity,
Sirenia,
Temperance... Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral, en quête d'éventuels trésors secrètement enfouis...
A l'image de son prédécesseur, ce second opus ne manque ni d'allant ni de caractère, en témoignent la multiplicité et la luxuriance de ses plages embrasées. Ainsi, c'est sur un torrent de lave que nous projette « The Remedy », sémillant up tempo à mi-chemin entre
Delain et
Kamelot, déroulant un tapis mélodique des plus avenants tout en disséminant ses riffs crochetés et ses oscillantes rampes synthétiques. Dans cette mouvance, le trépident et rayonnant « Proximate » imposera sans mal ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait. Voguant sur une mer limpide à la profonde agitation intérieure, pourvu d'une sente mélodique des plus absorbantes, abondant en variations rythmiques et enjolivé par le gracile filet de voix de l'interprète, ce hit en puissance aurait les armes requises pour happer prestement le tympan de l'amateur du genre.
Un tantinet moins incisifs, d'autres espaces d'expression n'en trouveront pas moins un débouché favorable auprès du chaland. Aussi, ne pourra-t-on que malaisément esquiver «
The Void Within », ''nightwishien'' et entraînant mid tempo distillant des séries d'accords aux enchaînements ultra sécurisés, octroyant un refrain catchy mis en exergue par les soufflantes envolées lyriques de la sirène, et recelant un bref mais vibrant solo de guitare. Difficile, par ailleurs, de passer sous silence le titre éponyme de l'opus, «
Time Travel Artifact », engageant mid/up tempo metal symphonique à la touche électro, au carrefour entre
Delain,
Xandria et
Amaranthe. Tant ses radieux harmoniques que ses soudaines montées puissance auront raison des plus tenaces des résistances à son assimilation. Et ce ne sont ni les fringantes gammes au piano ni les sensuelles ondulations de la frontwoman qui nous feront lâcher prise, loin s'en faut...
Répondant à un souci de diversification atmosphérique, le combo imprègne son propos de sonorités exotiques dont nul n'eût pu subodorer l'existence, et qui, assurément, emporteront l'assentiment d'un auditorat coutumier du genre et souhaitant s'affranchir, l'espace d'un instant, des codes stricts de ce registre metal. Ce qu'atteste, d'une part, «
Dream I - Compàs », mid tempo rock'n'metal symphonique aux sonorités hispanisantes véhiculées par un habile picking à la guitare acoustique, à la confluence de
Stream Of Passion et
Diabulus In Musica. Infiltré par de fines nuances mélodiques, enserrant de délicats arpèges au piano ainsi qu'un fringant délié à la lead guitare dans sa trame, enjolivé par les limpides et pénétrantes volutes de la déesse, le fringant effort ne ratera pas sa cible, celle de nos émotions les plus intimement enfouies. D'autre part, c'est au cœur d'orientalisantes contrées que nous mène «
Dream II -
Long Way, Silk Road », headbangant manifeste magnifié par l'énigmatique paysage de notes jaillissant d'un inattendu et ensorcelant sitar, porté par les troublantes patines de la belle.
Comme elle nous y avait déjà sensibilisés, à la lumière de ses pièces en actes de nature metal symphonique progressif, la troupe serait véritablement dans son élément. Ainsi, c'est à l'aune d'une enivrante flûte de pan doublée d'expertes et radieuses gammes au piano que «
Dream III - Lìthos » nous ouvre les bras. Quand le convoi orchestral en vient à intensifier le rythme de ses frappes et qu'un magnétique duo mixte en voix claires le rattrape, rien ni personne ne saurait enrayer sa progression. Par effet de contraste, alimenté par une violoneuse assise et d'élégants arpèges au maître instrument à touches, le troisième acte se fait tout d'abord apaisant, avant de décocher une fulgurante montée en régime de la section rythmique et que surmontent d'oscillants et inaliénables gimmicks guitaristiques. A nos deux tourtereaux, eu égard à la symbiose de leurs poignantes empreintes vocales, de fermer la marche, crescendo. Aux fins de plusieurs passages circonstanciés, les quelque 14:40 minutes de la fresque pourraient bien s'inscrire durablement dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan.
Certes moins luxuriantes, d'autres plages de cette nature n'en happeront pas moins le pavillon. Ainsi, sous-tendu par un même duo, au demeurant bien habité, et essaimant de profonds roulements de tambour à mi-parcours, le bref et ''sirénien'' low tempo progressif «
Ark » se fait aussi aérien et altier que frissonnant. Dans cette lignée, non sans rappeler
Dark Sarah, le mid tempo progressif «
Dream IV - The Post-
War Solace » retiendra l'attention tant pour l'originalité de son cheminement d'harmoniques qu'au regard de son sémillant legato à la lead guitare. Doté de ponts technicistes judicieusement positionnés et finement esquissés que relayent les fluides impulsions de la diva, le grisant méfait ne se quittera qu'à regrets.
Que les amateurs d'instants tamisés se rassurent, nos acolytes leur ont réservé un espace ouaté propice au total enivrement de nos sens. Aussi, « Love Me, Protect Me », ''xandrienne'' ballade aux airs d'un slow qui emballe, ne saurait être éludée par l'amateur du genre intimiste. Romantique jusqu'au bout des ongles, la tendre et souriante aubade n'en recèle pas moins une accélération insoupçonnée doublée d'un flamboyant solo de guitare. A la maîtresse de cérémonie, eu égard à ses troublantes modulations, de contribuer à conférer à l'instant privilégié toutes ses lettres de noblesse.
Résultat des courses : le quintet italien nous livre un set de compositions à la fois pulsionnel, charismatique, émouvant, plus efficace et un poil moins complexe que son prédécesseur, fleurant bon l'inspiration féconde de ses concepteurs, poussant à une remise en selle sitôt la dernière note évanouie. Nous octroyant à nouveau un large éventail d'exercices de style et une ingénierie du son difficile à prendre en défaut, le combo a cette fois étoffé son propos de sonorités inédites, exotiques pour l'essentiel, conférant à son œuvre une atmosphère plurielle assortie d'un zeste d'originalité. Des sources d'influence aujourd'hui mieux digérées qu'hier, un potentiel technique affermi et une créativité mélodique que pourraient lui envier bien de ses pairs, font du combo italien un challenger dont aura à se méfier la concurrence d'où qu'elle vienne. Une longue attente aujourd'hui récompensée par un message musical fort et pétri d'élégance, sans fausse note, susceptible d'élargir le champ de son auditorat. C'est dire que le combo italien a désormais les atouts pour porter l'estocade...
Note : 16,5/20
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