Inutile de cultiver un suspense insoutenable concernant ce troisième, et nouvel, opus des Suédois de
Grand Design baptisé
Thrill of the Night, et ce d'autant plus que les deux précédents traduisaient toute l'intérêt de ce groupe pour le
Hard-FM des britanniques de
Def Leppard à l'époque où ce dernier opérait, pour des raisons éminemment respectables après l'accident de Rick Allen, son virage musical vers un propos plus mélodique et abandonnait la plupart de ces aspérités.
Grand Design, avec ce nouvel effort, une fois encore, nous donne à entendre l'expression de son admiration pour les travaux de Joe Eliott et de ses acolytes.
Néanmoins, pour peu que l'auditeur ne perde pas de vue qu'il se trouve ici en présence d'un art où la musicalité extrême est cruciale, qu'il ne soit pas allergique aux refrains harmonieux peaufinés de manière excessive, et qu'il ne soit pas gené par cette ressemblance parfois troublante, ce disque aura quelques belles qualités à offrir. Des titres tels que le remarquable
Rawk'n'Roll
Heart Attack aux guitares incisives, 10 Outta 10, Rip Iddup, Who's Gonna
Rawk U Tonite ou encore par exemple
Thrill of the Night seront, en effet, suffisamment dynamiques et entrainants pour le séduire. Tout comme d'autres plus intimistes, poncifs obligatoire du genre, telles ces ballades dont la formation originaire de Västerås s'acquittera sans génie mais sans fausse note non plus avec When the Greatest Love of All Kicks in et avec un peu plus de talent pour une seconde plus énergique et plus réussie, You're the Only One.
Une œuvre plutôt agréable donc que ce
Thrill of the Night. À tel point d'ailleurs que la véritable question qui se posera sera alors celle-ci :
Grand Design est-il aujourd'hui plus inspiré et, n'ayons pas peur des mots, meilleur que le quintette de Shieffield ? En d'autres termes ce
Thrill of the Night est-il plus recommandable qu'un Songs of the Sparkle Lounge certes encourageant mais qui nous propose un
Def Leppard encore convalescent? D'aucuns pensent que oui. En réalité la réponse à cette interrogation cruciale n'est pas si simple qu'il y parait car s'il y a, à l'évidence, du talent chez ces Suédois, il n'y a pas de ce génie qui caractérise les visionnaires et les véritables créatifs. Il y a ceux qui montrent la voie. Et ceux qui empruntent le chemin. Soyons clair et précis pour éviter tout amalgame et ambigüité fumeuse, et pour ne pas alimenter un débat sans fin. Il n'y a aucune infamie à faire partie de cette frange de travailleurs laborieux qui s'exprime inspiré par d'autres plus illustres. Mais ceux-là, à quelques trop rares exceptions, ne seront jamais aussi intéressants que leurs guides.
Quoi qu'il en soit, dans cette démonstration très anglaise, mais dans laquelle on peut aussi trouver quelques stigmates allemands (
Frontline), ou suédois (The Poodle), seule la voix de Pelle Saether sera susceptible de donner quelques teintes à cette copie à mettre quelque part entre le Pyromania et le
Hysteria du plus célèbre gang de Sheffield. Puisque nous en sommes à évoquer les individualités de ce collectif, saluons aussi le travail des guitaristes Peter Ledin et Dennis Vestman qui, quant à eux, auront eu l'intelligence de ne pas trop s'effacer devant l'aspect éminemment harmonieux de l'ensemble et ce afin de donner à l'œuvre un équilibre salutaire entre sa face la plus "rugueuse" et la plus douce.
Sans trahir aucunement ces deux premiers pas,
Grand Design nous offre avec ce
Thrill of the Night, son disque le plus séduisant. Loin de s'émanciper de ces influences les plus évidentes, il nous propose néanmoins un manifeste inspiré et suffisamment efficace pour ne pas nous décevoir. Un voyage agréable à défaut d'être inoubliable, en somme.
certes le groupe n'a rien inventé et il est vrai que l'influence de Pyromania et d'Hysteria est indiscutable mais c'est réellement bien fait et je prends néanmoins plus de plaisir à écouter leurs disques que ceux du Def Leppard d'aujourd'hui qui n'a plus aucun rapport avec celui d'hier que j'ai tant apprécié.
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