Forteresse est l’un des plus illustres représentants du metal noir québécois avec ses confrères de
Monarque, Gris, Neige et Noirceur et Sombres Forets.
Fondé en 2006, le groupe emmené par Athros et Moribond est plutôt prolifique puisqu’il a déjà produit quatre full lengths; après un détour atmosphérique sur
Les Hivers de Notre Epoque et
Par Hauts Bois et Vastes Plaines, le combo revient à ses premières amours avec un Crépuscule d’
Octobre plus cru et vindicatif. Depuis, un seul petit titre à se mettre sous la dent sur le split avec ses homologues Chasse Galerie,
Monarque et
Csejthe, autant dire que l’attente commençait à se faire longue pour les amateurs du groupe. Heureusement,
Thèmes pour la Rébellion vient à point nommé pour satisfaire les plus exigeants, s’imposant certainement comme l’un des albums les plus aboutis et accrocheurs des Québécois.
En 2016 comme en 2006,
Forteresse élève toujours fièrement l’étendard du patriotisme et de la rébellion, porté par un black metal rapide, vindicatif, épique et mélodique qui sonne comme une charge de cavalerie irrésistible. Après une petite intro présentant la clameur et les détonations d’un champ de bataille,
Spectre de la Rébellion débarque fièrement, avec ce riff galopant et sauvage à la mélodie superbe, gonflant le coeur d’une fierté païenne, et ce blast invitant au combat. Un superbe morceau de bravoure aux guitares réellement ensorcelantes, sorte d’invocation pour galvaniser le courage des troupes et les exalter tête baissée et poing levé dans l’enfer hurlant du feu, du fer et du sang.
Ce premier titre suffirait à décrire à la perfection les 42 minutes de cet album: des riffs hypnotiques aux mélodies envoûtantes, une batterie guerrière qui imprime un rythme rapide et entêtant, et la voix impérieuse et déchirée d’Athros qui flotte sur le champ de bataille comme pour exhorter les troupes harassées de fatigue. Ici, pas de passages atmosphériques à proprement parler sauf sur la dernière plage, principalement composée au clavier, sorte de calme après la tempête. Dans les faits, difficile de distinguer un titre plus qu’un autre tant ils sont tous excellents, de vraies odes à la bataille, au sacrifice de soi et à l’amour de la patrie.
Les guitares sont à la fois limpides, claires, froides et tranchantes, le rythme est enlevé et martial et
Forteresse dessine du bout de sa baïonnette six hymnes épiques à la gloire de la liberté et de l’identité qui exaltent notre fierté et notre patriotisme. Certains passages mid tempo nous enveloppent d’une mélancolie poignante qui nous fait respirer entre la fureur de deux assauts (le break central de Là Où Nous Allons, avec ces guitares plus lentes et ces chœurs touchants, les plans lancinants de Vespérales, épiques et lumineux à souhait), mais le tout reste toujours d’une intensité émotionnelle rare et troublante.
Alors, certes les différents morceaux de
Thèmes pour la Rébellion se ressemblent beaucoup, et les grincheux pourront même dire que l’ensemble est un peu répétitif car les titres, construits sur des structures similaires, ont tendance à se ressembler. De même, on ne notera qu’une évolution minime par rapport à Brume d’
Octobre, même si cette dernière livraison est indubitablement meilleure, et ce nouvel album n’apporte concrètement pas grand-chose de neuf à la discographie des Québécois. Ceci dit, cet opus est tout bonnement irrésistible et s’écoute d’une traite du début à la fin sans un soupçon d’ennui, notamment grâce à ces riffs électrisants et belliqueux qui réveillent en nous une ardeur guerrière que l’on croyait enfouie sous le verni terne de la civilisation. Voilà donc un superbe opus qui porte haut la bannière du metal noir québécois. Achetez le ou soyez maudits, verrasses de bout de crisse de tabernacle !
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