Si, en France, des régions comme la Bretagne ou l'Alsace protestent contre le régime central pour garder un minimum d'autonomie, de l'autre côté de l'océan, au Québec, d'autres se battent contre l'annihilation totale de la culture et de la langue de leurs ancêtres, c'est à dire les colons français, conquérants de cette terre. C'est le chemin qu'a pris
Forteresse qui, dès la sortie de son "
Métal Noir Québecois", annonçait sa position, se traduisant par un discours patriotique et des textes entièrement en Français. Si ce "
Métal Noir Québecois" s'avère être un cri de guerre à l'exaltation patriotique, la dernière oeuvre de
Forteresse, "Les hivers de notre époque", semble plutôt être un hommage culturel.
En effet, l'artwork magnifique de cet album est entièrement constitué d'oeuvres de Cornélius Frieghoff, artiste Québecois resté célèbre. Quant aux textes, Athros et Moribond ont repris des poèmes populaires d'Emile Nelligan et Albert Lozeau, que je cite tellement leurs oeuvres sont resplendissantes.
Déjà par son intro
Forteresse nous plonge dans le décor. Un vent hivernal, puis de magnifiques et grandioses notes de synthé, faisant de l'intro une excellente oeuvre ambiante.
La suite ne laisse pas de marbre, bien au contraire, on ne peut qu'être séduit. L'ensemble de l'oeuvre nous plonge dans l'univers que
Forteresse a cherché à transmettre. Même si la musique du groupe est avant tout patriotique, on a tout bonnement à faire ici à une oeuvre ambiante. Les riffs et le tempo lent de la batterie, accompagnés par le synthé qui se fait plutôt discret et subtile, envoûtent et transportent dans une autre sphère, comme un rêve conscient où s'entrechoquent la réalité et ce monde dans lequel on se perd en écoutant l'oeuvre.
"Déluge blanc" clos le disque. Il s'agit là du morceau le plus rapide de l'album, la batterie nous exécute d'ailleurs un blast beat très réussi. Le riff est plus rapide également et tous les instruments s'accordent à merveille, nous plongeant alors dans ces hivers d'antan, que les deux québecois ont voulu nous faire revivre.
Forteresse a pris ici le risque de ne pas trop diversifier ses titres qui, au final, se ressemblent dans un ensemble répétitif, sans tomber dans la redondance fatigante et sans intérêt, et le groupe a accompli cela à merveille. A noter également l'évident accent québecois de la narration. Cela pourrait faire sourire ceux qui n'ont jamais jeté une oreille sur
Forteresse, mais en fin de compte cela donne un charme et une identité à l'oeuvre, faisant du "métal noir" du groupe un black metal identitaire convaincant. Une merveille que je recommande aux amateurs de black atmospherique. Un disque vraiment réussi.
Dromen
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