The Work

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16/20
Nom du groupe Rivers Of Nihil
Nom de l'album The Work
Type Album
Date de parution 24 Septembre 2021
Style MusicalDeath Technique
Membres possèdant cet album29

Tracklist

1.
 The Tower (Theme from «The Work»)
 04:30
2.
 Dreaming Black Clockwork
 06:39
3.
 Wait
 04:05
4.
 Focus
 04:54
5.
 Clean
 06:08
6.
 The Void from Which No Sound Escapes
 06:43
7.
 More?
 03:25
8.
 Tower 2
 01:58
9.
 Episode
 07:29
10.
 Maybe One Day
 07:03
11.
 Terrestria IV: Work
 11:29

Durée totale : 01:04:23

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Rivers Of Nihil


Chronique @ JeanEdernDesecrator

25 Septembre 2021

Un travail impressionnant... mais un peu décousu

Parmi les albums marquants de 2018, nous avions eu la surprise de découvrir la mue de Rivers Of Nihil, leur troisième album "Where Owls Know My Name" proposant un death prog envoutant et iconoclaste qui était une petite révolution par rapport au death clinique ultraviolent qu'ils pratiquaient jusque là. Pour tout dire, j'avais justement envie de le réécouter, toute excuse est bonne à prendre pour se faire plaisir.

A l'instar de groupes comme Septic Flesh ou The Faceless, Rivers Of Nihil fait partie de cette génération novatrice qui a su dépoussiérer le death metal, sans pour autant tomber dans la surenchère du deathcore bionique. Le quintette de Pennsylvannie a profité à plein de la période de pandémie pour soigner la composition de son quatrième album, à cheval sur 2018, 2019 et une grande partie de 2020. Les guitares et les synthés ont été enregistrés au home studio du guitariste Brody Uttley, puis les autres instruments ont été trackés au Atrium Studios, comme pour leurs deux albums précédents. Quelques invités ont pris part au disque, à savoir le saxophoniste et ami du groupe Zach Strouse, qui pose ses notes voloutées sur plusieurs morceaux, ainsi que le violoncelliste Grant Mc Farland, et le chanteur James Dorton (Black Crown Initiate).

Comme toujours, l'artwork de l'album est soigné, évocateur dans un chaos sombre et mystique. Le titre "The Work" fait référence au thème général du disque, selon lequel tout dans la vie est un travail, une lutte, un combat perpétuel. D'autres thèmes sont abordés, comme l'addiction à des drogues ou médicaments (sur "Focus").

"The Tower" est une véritable intro à cet opus avec une atmosphère trompeusement calme entre piano et guitares aériennes, où le vocaliste Jake Dieffenback joue la corde mélancolique tout en nuances, avant d'exploser lourdement en growl à l'unisson de tout le groupe. L'intermède "Tower 2" poursuit cette veine ambiante et rock, portée par un chant clair délicat. La douceur vire presque à la mièvrerie sur "Wait", qu'on pourrait qualifier de power ballad death, qui ferait ressortir George Michael de sa tombe pour faire les chœurs, avant qu'un solo hard 80's n'embrase un climax qu'on aurait imaginé tout autre . La longueur de pièces comme "The Void from Which No Sound Escapes" donne l'occasion à Jake de vraiment faire des parties calmes et mélodiques, avant d'être rejoint par le saxo majestueux de Zach Strouse. "Maybe One Day" est… carrément folk, allez, viendez autour du feu, j'ai amené ma guitare sèche. Bon on entend un mec qui gueule au fond, dans la forêt, mais ça va aller, c'est cool.

Je sens bien que certains d'entre vous transpirent à grosses gouttes en fulminant d'une frustration anticipée bien légitime. Rassurez-vous, le gros death est toujours présent, avec des riffs lourdissimes et saccadés d'outre tombe ("Dreaming Black Clockwork" et sa fin malsaine au possible, un "Clean" écrasant presque doom).
Il y a paradoxalement peu de vrais riffs, Rivers Of Nihil étant assez monocorde à la Meshuggah sur nombre d'entre eux ("The Void From Which No Sound Escapes", Episode", "MORE?"). La mélodie se glisse, mystérieuse et tordue, dans les passages clairs et les ambiances oniriques, pour maximiser les contrastes. D'ailleurs, j'ai presque eu l'impression que l'idée de base de beaucoup de titres venait plus d'une ambiance à distiller que d'un riff moteur.

On retrouve les créateurs si inspirés de "Where Owls Know My Name" sur des morceaux comme "Focus", avec un refrain grandiloquent au riff improbable et évident. Les claviers sont présents par moments, et parfois au premier plan (l'errance planante de synthés au milieu de "Clean", avant un magnifique solo de guitare à la chaleur bluesy). Le groupe est toujours autant à l'aise pour souffler le chaud et le froid, être doux et tendre avant de massacrer impitoyablement à coups de double grosse caisse et de growls ("MORE ?" blaste furieusement, entre des passages de guitare aquatique). "Episode" porte aussi sa dose de violence pure, entre les accalmies éthérées où s'invite un saxo entre les arpèges, avec des blasts impromptus, des growls à gorge déployée et un passage aux notes black.

Les compositions se sont rallongées de manière franche : on dépasse facilement les six minutes le morcif, jusqu'à onze pour le final "Terrestria IV : Work", soit plus d'une heure et quatre minutes de musique. Ce dernier clôt l'opus de belle manière - le "Terrestria" qui revient sur chacun de leurs albums est toujours un temps fort - et passe en revue l'énorme registre musical du groupe : death, black, prog, ambient, et même mathcore (j'ai pas mal pensé à Dillinger Escape Plan).
Par rapport à leur LP précédent, plusieurs changements : au niveau des influences, on a perdu la petite ressemblance avec Gojira dans la manière de riffer en état de pesanteur, et coté solos la patte David Gilmour laisse place à un jeu plus lumineux et nerveux façon Slash. La production se révèle plus moderne coté guitares saturées, avec un son très high gain, mais plus naturelle coté batterie, dont la double perd encore un peu plus le feeling mitraillette qui donnait à leurs précédents LP un coté froid et mécanique. Le son sur les passages ambiancés est très détaillé et ouvert, et avec ce qu'il faut de chaleur sur le chant clair.


J'attendais énormément de ce quatrième album de Rivers Of Nihil, pour apporter un peu d'anticonformisme à la rigueur abrupte du death ; c'est ce qu'il a fait en poussant les choses assez loin, mais de manière un peu décousue. J'aurais préféré qu'ils se dispersent un peu moins car lorsqu'ils gardent leur cohérence, ils se démarquent de la masse avec une personnalité unique. "The Work" porte bien son nom, dans le sens où on ne peut qu'être impressionné par sa complexité et la multiplicité des couches qui le composent. C'est évidemment un disque ambitieux qui doit se digérer lentement, pour être pleinement apprécié. Heureusement, des morceaux plus évidents comme "Clean" et "Focus" pourront accrocher le chaland et soulager la machine à cerveau. Une chose est sûre : le groupe a fait l'album qu'il voulait, avec une maîtrise confondante, au risque de dérouter certains fans.

2 Commentaires

10 J'aime

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HeadCrush - 03 Octobre 2021:

Je découvre l'album, je l'écoute depuis quelques jours et je l'aime énormément, je partage ce qque tu écris dans cette chro, le côté décousu et en même temps, je me demande à quel ce chaos n'est pas intentionnel, un titre comme Clean est une sorte de maelstrom ou les vagues te giflent jusqu'à ce que tu tombes, te laisse respirer et reviennent pour t'achver après ce "break" au clavier presque dissonant et cette mélodie de guitare toute gentille...

Un très bon album de mon point de vue et, une superbe chro de ta part comme toujours.

JeanEdernDesecrator - 03 Octobre 2021:

C'est un album à écouter si on est un peu curieux d'un death moderne et qui sort des chemins balisés, tout comme le précédent... Merci pour ton commentaire, Headcrush !

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