Les événements se sont succédé à la vitesse grand v pour le quartet nord-américain créé en 2018 par l'ex-chanteuse d'opéra Ashleigh Semkiw et l'expérimenté et fin guitariste/bassiste et ingénieur du son Colin Parrish. Déjà à la tête d'un EP éponyme, de la bagatelle de cinq singles mais aussi d'un album full length, «
High Strangeness », sorti il y a un an et demi, le prolifique combo est loin d'avoir déposé les armes... Aussi, revient-il dans les rangs, cette fois, doté d'un second EP intitulé «
The Witch » ; une auto-production modeste de ses 6 pistes égrainées sur un ruban auditif de 26 palpitantes minutes. S'agit-il d'une simple parenthèse, d'une nécessaire respiration entre deux opus de longue durée ou d'un souhait communément partagé par les membres du groupe de chercher à assortir son répertoire de nouvelles sonorités qui en fonderaient son originalité ?
Resté fidèle à ses fondamentaux stylistiques, le combo continue d'officier dans un espace metal symphonique enrichi de touches groove, électro et progressif, là encore dans la lignée de
Rage Of Light, Metalite, Volturian
The Murder Of My Sweet,
Delain,
Amaranthe,
Lacuna Coil et The
Dark Element. Tout comme sa devancière, cette galette jouit d'une production d'ensemble de bon aloi, à commencer par des arrangements dont la qualité s'avère difficile à prendre en défaut, sans oublier des finitions une nouvelle fois passées au crible. Mais montons plutôt à bord de la frêle goélette, levons l'ancre et partons en quête de terres d'abondance...
C'est à l'aune de ses passages les plus enfiévrés que la troupe marquera ses premiers points. Ainsi, ne mettra-t-on qu'une poignée de secondes pour esquisser un headbang bien senti sur «
Sidewinder », un tubesque mid/up tempo à la confluence de Metalite et
Amaranthe. Pourvu de riffs crochetés adossés sur une sanguine rythmique et d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les toniques inflexions de la sirène, ce fringant effort joue dans la catégorie des hits en puissance que l'on se repasserait volontiers sitôt l'ultime mesure envolée. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder «
Clone », vibrant up tempo aux fulgurantes montées en régime de son corps orchestral, que n'auraient nullement renié ni
Delain, ni Volturian. Calé sur une enchanteresse ligne mélodique sur laquelle se greffent les troublantes patines de la déesse, n'ayant de cesse de nous asséner ses virulents coups de boutoir tout en voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, achevant sa course par un bref mais éblouissant solo de guitare, le pulsionnel et rayonnant méfait n'aura pas tari d'armes efficaces pour nous faire plier l'échine.
Quand il desserre un tantinet la bride, le collectif étasunien s'avère là encore apte à nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, d'une part, le chavirant mid tempo au caractère ''delainien'' «
Proxy » eu égard à ses insoupçonnées variations atmosphériques et à ses enchaînements intra pistes ultra sécurisés. Mis en habits de lumière par les magnétiques volutes de la belle, couplets finement ciselés et refrains catchy glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. S'illustre, d'autre part, «
The Witch », trépidant et enivrant mid tempo metal symphonico-progressif dont les souriantes séries d'accords ne sont pas sans rappeler
The Murder Of My Sweet, avec un zeste de
Rage Of Light, eu égard à la soudaineté de ses accélérations et à son visage groovy.
Enfin, l'aficionado de moments intimistes trouvera lui aussi matière à se sustenter. Ainsi, le low tempo progressif « Bird Set Free » s'offre tel une power ballade délivrant une forte charge émotionnelle. A la croisée des chemins entre
Lacuna Coil et
Delain, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, octroyant par là même un fondant refrain mis en habits de soie par les ensorcelantes modulations de la maîtresse de cérémonie, recelant également une saisissante montée en puissance aux trois-quarts de la traversée, l'instant privilégié fera assurément chavirer plus d'un cœur en bataille.
Plus en retenue et sensible jusqu'au bout des ongles, l'élégante et ''autumnienne'' ballade atmosphérique «
The One », quant à elle, est une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées.
Au final, le combo étasunien nous octroie un fringant, truculent et poignant effort, dans la droite lignée stylistique de son prédécesseur. D'aucuns auraient sans doute espéré un propos plus diversifié sur le plan vocal, des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent et l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges. Nos acolytes ont néanmoins finement sculpté leurs sillons mélodiques et veillé à la qualité de leur ingénierie du son, rendant ainsi le parcours auditif des plus agréables. Une laconique mais sémillante, troublante et proprette livraison, en somme... Gageons qu'il ne s'agit-là que d'une petite mais nécessaire respiration entre deux albums de longue durée. Wait and see...
Note : 14,5/20
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