Nouvelle figure du power symphonique à chant mixte en voix claire, ce quintet italien créé en février 2016 à Vicence par l'illustre vocaliste Fabio Lione (
Angra, ex-
Rhapsody Of Fire...), impulsé par une indéfectible motivation, n'aura pas mis bien longtemps pour faire entendre sa voix, ce dernier signant son introductif album studio, «
The Unrevealed Secret » – chez Frontiers Records – en décembre de la même année ! S'offre alors à nous un set de 12 compositions à la fois frondeuses, épiques et romanesques, dans la lignée coalisée de
Rhapsody Of Fire,
Temperance,
Kiske-Somerville et
Kamelot. Cela étant, ce tout premier effort disposerait-il de l'arsenal requis pour permettre à nos cinq belligérants de rejoindre dès lors les sérieux espoirs de cette antre metal ?
Encore à ses balbutiements, ce projet power mélodico-symphonique ne repose pas moins sur les solides épaules de chacun de ses membres. Ainsi, aux côtés de Fabio Lione évoluent les talents de : Nick Savio (
Hollow Haze, ex-
White Skull) aux guitares, aux claviers et aux orchestrations, Andrea Buratto (
Secret Sphere,
Hell In The Club) à la basse, Camillo Colleluori (Cyber
Cross,
Hollow Haze, ex-
Garden Wall...) à la batterie, sans oublier la chanteuse aux chatoyantes inflexions Giorgia Colleluori (
Hollow Haze). Une formation aguerrie à l'exercice attendu d'elle, qui a pour corollaire une production d'ensemble de bon aloi.
Produit et enregistré – pour ses lignes de guitare, de basse et de piano – au Remaster Studio, Vicence, par Nick Savio, parallèlement enregistré – pour ses séquences de batterie –, mixé et mastérisé au
Domination Studio, Fiorentino, Saint- Marin, par son propriétaire qui n'est autre que Simone Mularoni (guitariste (
DGM) et producteur (
Ancient Bards,
Elvenking,
Hell In The Club,
The Modern Age Slavery...) de son état), l'opus n'accuse par l'ombre d'une sonorité résiduelle. Pour mettre les petits plats dans les grands, l'artwork de la pochette d'inspiration fantastique repose sur la finesse de trait du fusain du graphiste français Stan-W Decker (
ADX,
Allen-Lande,
Borealis,
Killers,
Serious Black,
Stryper...). Tous les voyants seraient donc au vert pour qu'une traversée des plus sécurisées en haute mer nous soit promise...
Lorsqu'il distribue ses virulents coups de boutoir sans compter, c'est sans ambages que le collectif transalpin trouve les clés pour aspirer le tympan du chaland. Ce qu'attestent, tout d'abord, l'époumonant et ''rhapsodien'' «
Evil Tears » comme le frondeur et ''temperancien'' « Hall of Sins », eu égard à la fluidité de leur discret tapping, à leur fringant solo de guitare et à leur refrain, certes, convenu mais des plus engageants, mis en exergue par deux vocalistes bien habités et en parfaite osmose. Dans cette mouvance, on retiendra non moins le bouillonnant «
Awake in
Orion », et ce, davantage pour ses sémillants arpèges d'accords et sa sente mélodique d'une redoutable efficacité que pour sa chute finale prématurément amorcée.
Calquées sur une dynamique rythmique similaire, et bien que moins ''tubesques'', d'autres pistes pourront à leur tour happer le pavillon. Ce que révèle, d'une part, le trépidant « Is the Answer
Far from
God? » qui, non sans rappeler
Kiske-Somerville, unit les toniques impulsions des deux vocalistes patentés au cœur d'un inaliénable champ de turbulences ; se calant sur une onde mélodique plutôt agréable mais empruntée et un poil moins ondulatoire que celles des pistes sus-mentionnées, tout en inscrivant un fin picking à la guitare acoustique dans sa trame, et générant une énergie aisément communicative, le méfait tire son épingle du jeu. Mi-''rhaposdien'', mi-''kamelotien'', le mid/up tempo «
Stormy Days », quant à lui, laisse entrevoir un seyant paysage de notes tout en égrainant de grisantes séquences d'accords. On pourra, enfin, prêter attention à l'opportun pont techniciste comme à la saisissante montée en régime du corps orchestral du ''temperancien'' «
Beyond ». Mais là n'est pas l'argument ultime de nos guerriers pour tenter de nous rallier à leur cause...
Quand elle ralentit un poil le rythme de ses frappes, la troupe parvient non moins à nous retenir plus que de raison. Ce à quoi nous sensibilisent, en premier lieu, les ''kamelotiens'' mid tempi « Another
Night Comes » et « Feels Like I'm
Dying », non seulement pour leurs enchaînements intra piste des plus sécurisés et leurs couplets bien customisés, mais aussi par leurs refrains catchy mis en habits de lumière, l'un par les inflexions délicatement éraillées de la sirène et les puissantes attaques d'un Fabio Lione au top de sa forme, le second par les seules et les magnétiques modulations de ce dernier. Dans cette lignée, on ne saurait davantage éluder «
Sad Words
Unveiled » au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre et de son flamboyant solo de guitare. Enfin, une oreille attentive pourra être posée sur l'intrigant et ''rhapsodien'' « Blinded » sous l'égide de son atmosphère mordorée et de la féline présence du poignant vocaliste.
Au moment où ils nous mènent en des espaces plus tamisés, nos, compères chargent suffisamment leur message musical en émotion pour qu'une petite larme finisse par perler sur la joue. Ce qu'illustre, en première intention, « Desidia », power ballade aux airs d'un slow qui emballe dans le sillage de
Temperance ; recelant des gammes pianistiques d'une sensibilité à fleur de peau et s'écoulant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les touchantes empreintes vocales de nos deux tourtereaux, l'instant privilégié se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses insufflées par « A Song in the
Wind » ? Instillée à la fois d'un inaltérable et fondant lyrisme et d'un refrain immersif à souhait, la romantique aubade comblera assurément les plus exigeantes des attentes de l'aficionado de moments intimistes.
En définitive, le combo italien nous livre une œuvre ne manquant ni d'allant ni de panache, jouissant d'une ingénierie du son rutilante et d'arrangements instrumentaux finement esquissés, et n'accusant pas l'once d'un bémol harmonique ni une quelconque zone de remplissage. D'aucuns pourront cependant regretter des exercices de style en proie à une certaine stéréotypie – instrumentaux et fresques manquant ici à l'appel –, des sources d'influence encore insuffisamment digérées et l'absence de toute prise de risque. Il conviendra également que nos acolytes varient davantage leurs ambiances et qu'ils consentent à un zeste d'originalité supplémentaire pour espérer impacter plus durablement un tympan déjà sensibilisé aux vibes de leurs maîtres inspirateurs.
Ce faisant, ce premier effort bénéficie d'une technicité instrumentale parfaitement huilée et savamment exploitée, de mélodies quelque peu empruntées, il est vrai, mais des plus impactantes, et d'une couverture oratoire difficile à prendre en défaut. Des armes esthétiques et techniques loin d'être inoffensives pour espérer voir nos cinq belligérants tenir en respect l'âpre concurrence dont ce registre metal continue de faire l'objet. Aussi ces derniers auraient-ils quelques atouts en main pour s'immiscer parmi les sérieux espoirs de cet espace metal. Sans doute les prémisses d'une aventure au long cours pour la formation italienne...
Note : 14,5/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire