Impossible de rédiger la chronique d'une des œuvres de ces Finlandais de
Tarot sans évoquer son membre le plus éminemment renommé, c'est-à-dire son sympathique bassiste et chanteur Marco Hietala. Toutefois, nombreux sont ceux qui, poussés par une facilité malsaine d'analyste primaire, évoqueraient bien volontiers à son égard, et en premier lieu, son appartenance à
Nightwish. Bien évidemment, il apparaît incontestable que cette participation aura formidablement élargi les champs d'investigation d'un
Tarot ainsi devenu soudainement essentiel, aux yeux d'un auditoire qui, exceptions faites des contrées nordiques et de l'éternelle terre asiatique, demeurait complètement indifférent. Il apparaît également certain que cette association ne peut, à elle seule, exprimer toutes les nuances de la réussite de
Tarot. Ainsi l'évocation de cette affiliation ne peut être que succincte. Et ce d'autant plus que les différences musicales existantes entre ces deux formations demeurent nombreuses et diverses.
Nightwish n'est donc pas
Tarot. Et tarot n'est pas
Nightwish non plus.
Une fois cette évidence acquise, il convient alors de parler de la véritable raison qui nous pousserait, d'emblée, à mentionner le nom de son chanteur bassiste, Marco Hietala. Cette raison est sa voix. Rugueuse et âpre, celle-ci, donne à entendre l'expression de travaux suffisamment éloignés des poncifs aigus et mélodiques habituellement défendus par ce genre de groupe de Heavy/
Power Metal nordique, pour être soulignée ici. En une intonation plutôt médium, pourrait-on dire, proche de l'école saxonne en somme, elle s'affirme en une divergence qui, sans aucun doute, sera assurément source de controverse. Tous ne pourront, et ne voudront donc pas apprécier à sa juste valeur les chants de Marco.
Un autre des aspects distinctifs de ces Finlandais réside aussi dans le fait qu'ils utilisent souvent, outre Marco, un second chanteur,
Au chapitre des dissemblances notables susceptibles d'offrir, éventuellement, une personnalité suffisamment distincte pour se différencier définitivement des divers autres candidats d'une scène locale, mais aussi internationale, envahis par une foule de groupe aux talents variés, il faut ajouter encore que
Tarot aura eu l'intelligence de proposer une musique dans laquelle une certaine noirceur s'exprime pleinement.
Ces différents aspects primordiaux de l'art de ce groupe, s'ils sont de nature à nourrir la critique, rendent pourtant son travail spécialement intéressant. Mais intéressant ne signifie pas nécessairement convaincant.
Dans une démarche de plus en plus courante de nos jours,
Tarot, fort de l'expérience acquise durant ces années d'exercice de la pratique musicale, s'est résolu, en cette année 2011, à sortir une version réactualisée de son premier véritable album, The
Spell of Iron. Initialement sorti en 1986, il était devenu assez complexe de se procurer une copie originale de ce premier effort.
Ce nouvel album, pas totalement nouveau, prend le nom de The
Spell of Iron MMXI et voit sa cover renouvelée, puisqu'en lieu et place de la carte de tarot que tenait autrefois cette main griffue trône désormais une carte de crédit. Les couleurs de l'artwork auront également été actualisées puisqu'elles ont cessé d'être principalement azures pour devenir rouges.
Paradoxalement si, en théorie, les caractéristiques de ce groupe sont suffisantes pour en faire un groupe d'exception, la réalité est nettement plus nuancée.
Fort des spécificités déjà évoquées,
Tarot nous propose donc un Heavy/
Power Metal qui, s'il demeure attachant, manque, selon moi, d'un supplément d'âme qui lui octroierait un charisme plus amène. Ainsi il est absolument indéniable que les titres de cet album soient bons et inspirés. Et il est tout autant avéré qu'ils manquent cruellement de pertinence pour avoir un impact suffisamment marquant, aux esprits familiers de ce genre de production.
A vrai dire, il faudra sans doute s'immerger plus longuement dans ce manifeste pour trouver à ces titres attirants, mais pas nécessairement mémorables, quelques qualités supplémentaires. Et sans exceller spontanément, les efforts pour s'en satisfaire devront être consentis. Citons donc les bons
Midwinter Nights, Dancing on the Wire, la jolie ballade Love's Not Made For My Kind mais aussi, par exemple,
Spell of Iron afin d'étayer cette thèse.
Dans cet océan agréable qui ne nous laissera qu'un souvenir vague, seul le très bon Back in
Fire semble capable de parfaitement nous séduire pleinement. Il est le seul, en effet, dont les mélodies, et les refrains, sont immédiats, réussis et entêtants. Preuve, s'il en fallait encore, qu'au-delà de son potentiel évident,
Tarot est un groupe qui nécessite qu'on lui accorde du temps.
Il y a aussi, sur cet opus, le très étrange instrumental aux consonances hispano-latino-dépaysantes, De Mortui Nil Nisi Bene, qui, s'il apporte une certaine nuance, n'est pas vraiment indispensable. Il est à noter que cette version semi-acoustique est bien plus insolite que son originale parue en 1986.
S'agissant de la noirceur coutumière des mélodies de ce groupe, elle parait, sur ce The
Spell of Iron MMXI, plus diffuse. Et, d'ailleurs, elle est, le plus souvent, bien davantage le résultat du travail des voix que réellement celui du travail des riffs et des airs qui demeurent généralement, ici, classiquement Heavy (
Never Forever, le séduisant
Pharao, mais également, par exemple,
Wings of
Darkness).
Ce disque ne résoudra certainement pas les conflits qui divisent les adeptes et les détracteurs de ce groupe. Pourtant
Tarot nous y démontre, une fois encore, ses aptitudes à nous proposer une alternative qui n'intéressera, certes, pas tout le monde mais qui a, au moins, le mérite d'exister.
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