Une fois, je me souviens qu’une amie avait voulu écouter ce groupe,
Ava Inferi, dont le chant mélodieux, digne du chant de l’une des Sirènes qui envoutaient Ulysse lors de son voyage épique, intrigua la petite néophyte. Après avoir écouté l’une des chansons de l’album
The Silhouette, elle me déclara, sur son air jovial et surexcité qui lui a toujours été propre :
« Ouaaaaah ! Elle fait peur cette chanson ! Je sais pas pourquoi ça me fait penser à une histoire de vampires ! En tout cas la fille chante super bien. » Une critique naïve, mais qui a le mérite de résumer assez clairement, après tout, l’ambiance propre à
Ava Inferi. Cette jeune non-initiée incitée à écouter cette musique, comme poussée par le charme de cette magnifique voix que possède la chanteuse
Carmen Susana, n’était finalement pas si loin de la réalité. En quoi ce groupe, dont l'ambiance mélancolique et lourde en dépression, mené par une excellente chanteuse, peut nous faire penser à cette ambiance angoissante, sombre, grandiloquente ?
Abordons le sujet. Pénétrons plus en profondeur dans l’œuvre, et voyons ce que nous pouvons en tirer.
Dans cet opus, sorti en 2oo7,
Ava Inferi nous livre une pièce de haute volée, un magnifique album de
Doom, logique dans le déroulement de son ambiance. Les chansons se suivent sans que l’on sorte de la torpeur mi-angoissante, mi-déprimante de l’album.
Seul un léger interlude plus aérien, sans instruments apparaît, très mélancolique, poussant l’auditeur à une rêverie, une flânerie de courte durée, une incitation au voyage pour l’esprit.
Et un voyage, c’en est un, que d’écouter cet album en son entier. Jamais, à partir des premières notes, nous ne serons libérés de l’envoutant charme de cette musique aux accents lancinants.
Tout d’abord, le voix de
Carmen effectue sur nous une véritable fascination, par sa clarté et sa douceur mélodique. L’expressivité de sa voix nous laisse ressentir une sorte de souffrance intérieure, déprimante. Menaçante, parfois, comme l’une de ces petites filles de films d’horreur, perchées dans leurs rêves, qui prophétisent la mort de leurs proches, comme sur la chanson de fin,
Pulse of the
Earth. Cette chanson est d’ailleurs très sombre, très mélodique, mais aussi très angoissante, et pleine d’une folie qui nous attire, nous, auditeur.
Quoi qu’il en soit, cette voix sensuelle, fascinante, agit comme un charme sur nos sens auditifs. Ce n’est que lorsque le voyage est fini, que lorsque la dernière notes sonnera comme la fin de cette ode, que nous pourrons enfin être libéré.
Mais ne nous méprenons pas. Le charme n’agit pas que par le chant. Tout le groupe en son entier contribue à créer une atmosphère, une ambiance mélancolique et déprimante. Ce n’est pas pour rien que le guitariste d’
Ava Inferi se trouve également être celui de
Mayhem et
Aura Noir, deux grands groupes de Black
Metal : l’ambiance est très sombre, même si des élans atmosphériques apparaissent de-ci, de-là sur l’album. Les guitares, lorsqu’elles sont sèches, livrent de beaux arpèges, et lorsqu’elles sont électriques, nous livrent de longues sonorités, des effets d’ampli assez psyché (comme sur La Stanza Nera), des riffs métalliques mélancoliques efficaces … De légères accélérations sont perceptibles, mais cela reste du
Doom ; nous sommes très loin de la vitesse d’
Aura Noir.
Le clavier, quant à lui, est utilisé comme ambiance de fond, posant le paysage sonore, de même que la batterie, qui marque le rythme lent et déprimant de la musique, ponctuant sa rythmique de quelques sons de cymbales bienvenus. Le clavier crée une ambiance triste, et si je ne devais citer qu’un seul et unique passage retranscrivant cette tristesse, ce serait les quelques notes de piano, jetées sur la partition, comme jouées par une enfant triste, perdue dans ses pensées, plongées dans sa détresse, sa déprime, sa mélancolie …
Que dire pour conclure ? Si on doit ne choisir qu’un mot pour décrire la musique d’
Ava Inferi sur cet album, Mélancolie suffirait à tout dire. L’atmosphère triste et déprimante, portée par une superbe voix, celle de
Carmen, et par de bons musiciens, nous donne un résultat tout à fait convenable. Pour du
Doom, c’est même excellent, car c’est un genre où peu de groupes sortent du lot, hélas.
Ava Inferi, indéniablement, sort du lot. Du
Doom Gothique, ça en est, c’est certain. Mais ne cherchez pas de ressemblances frappantes avec les grands de
Katatonia ou de
Draconian :
Ava Inferi, c’est une puissance de dépression en action, un magnifique voyage à réaliser, et tellement de choses que chacun ne pourra ressentir qu’individuellement, très probablement.
Auditeurs, fermez les yeux, écoutez cette mélodie mélancolique, et restez en paix.
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