"Burdens" en 2006 avait créé une petite surprise : le monde du
Metal découvrait le
Doom fantomatique et personnel du combo portugais. Malheureusement, l’effet de surprise passé, les deux albums suivants furent beaucoup moins convaincants. C’est donc avec une certaine hésitation que l’on accueille, en 2011, la quatrième œuvre de
Ava Inferi.
L’objet en main, on s’attend déjà à être déçu… La pochette représente une silhouette sombre se découpant sur un ciel sépia… On ne peut s’empêcher de penser qu’une idée semblable illustrait déjà l’album "The Silhouette". Les présages sont mauvais mes amis ! Mais bon, par acquis de conscience on glisse quand même le disque dans le lecteur… Stupéfaction ! la bande à Rune Erisksen (ex-
Mayhem et guitariste-compositeur dans le groupe Black/Thrash
Aura Noir) a joué les Prométhée et réussi à dérober le feu sacré jalousement gardé par les dieux olympiens !
Exploitant les contrastes, cet album navigue entre ombre et lumière, conjugue le chaud et le froid pour un rendu tout en finesse et riche en émotions. Ne tournons pas autour du pot :
Ava Inferi s’est enfin lâché !
Rien de nouveau pour autant : dès les premières mesures on reconnaît le style
Doom gothique unique que le groupe a forgé au fil de ses précédentes œuvres. Les guitares sont toujours lourdes, les tempos sont - en règle générale – lents et une fois encore on retrouve
Carmen Simoes au micro.
Mais les différences sont grandes pourtant entre un "
Blood of Bacchus" et "
Onyx" . Notamment les rythmes sont plus accrocheurs comme par exemple sur la piste éponyme. Le son fuzzé des guitares donne plus de puissance et de caractère aux compositions. On a même droit à quelques très beaux solo de guitare placés intelligemment. Le chant de
Carmen Simoes s’affirme cette fois totalement et varie les registres avec beaucoup d’aisance : le titre "The
Heathen Island" démontre bien toute l’étendue du talent de la chanteuse : délicat il sait aussi se montrer plus énergique et envahit l’auditeur de vagues d’émotions avec plus d’assurance que dans les disques précédents. On ne peut qu’être charmé ! A noter également que Rune Eriksen pose sa voix sur le refrain de la très belle et nostalgique chanson "The Living
End". C’est une vraie réussite ! car son chant grave contraste admirablement avec celui, faussement fragile, de sa compagne. Envoûtant.
Comme sur les précédentes réalisations, les ambiances développées sont sombres et lourdes. Mais cette fois, sans pour autant renier l’atmosphère païenne des œuvres passées, une dimension onirique fait son apparition. "Venice in Fog" en est la plus belle illustration : fermez les yeux et vous serez aussitôt emporté dans un univers mystérieux et mélancolique, là où calme et quête de soi représentent les seules vérités. Frissons garantis. Cet onirisme latent tout au long de "
Onyx" on le doit essentiellement à des passages semi-accoustiques bien inspirés, au chant de
Carmen Simoes et à une production très propre qui laisse à chaque instrument suffisamment d’espace pour s’exprimer. L’espace, certainement un des mots-clefs de cet album, car si le style est résolument
Doom, à aucun moment il n’est écrasant ou induit un sentiment de claustrophobie. Toutes les compositions respirent et laissent filtrer la lumière. Chaque titre prend le temps de bien se loger dans votre cerveau et vous entraîne lentement, en apesanteur, dans la dimension qui lui est propre.
De toute la discographie des portugais,
Onyx est assurément l’album le plus accessible, mais également le plus dense et le plus varié. Les arrangements sont très travaillés et fourmillent de détails qui ne se dévoilent qu’à la suite de nombreuses écoutes. Et malgré des morceaux généralement longs, l’ennui ne s’installe jamais.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore
Ava Inferi, je leur conseille de commencer par ce disque. Et pour les autres : arrêtez de râler et écoutez-le ! "
Onyx" a la carrure des grands et chaque écoute est une découverte.
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