Au début, il y avait Parallax, groupe de prog, dont les musiciens se vantaient d'être les premiers à officier dans l'oriental metal en Ukraine. Puis vint le changement de nom en
Ignea en 2015, annonçant à la fois renouveau et fraicheur. Bien que le projet ait été lancé en 2011 par le claviériste Evgeny Zhitnnuyk, ce n'est qu'un an plus tard qu'il prend sa forme actuelle, sous l'impulsion de la vocaliste Helle Bogdanova. Après un EP "
Sputnik", sorti sous l'ancien nom, le quintet nous offre son premier full length en tant qu'
Ignea, "
The Sign of Faith". Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il risque fort de faire parler de lui.
Le groupe a beau être jeune, il a pourtant tout pour lui : une production en béton armé, une créativité à toute épreuve, une énergie débordante et une frontwoman de talent. Sa musique est un mélange osé : prenez la lourdeur et les tonalités atypiques des riffs de modern metal, ajoutez-y des touches ethniques et des mélodies chaleureuses propres à l'oriental metal, terminez avec l'épique et la grâce du metal sympho et vous devriez vous faire une idée de la musique d'
Ignea.
Passionnés par les cultures du Moyen-Orient, les Ukrainiens évoquent différentes thématiques propres à ce coin du monde, tout en mettant l'accent sur les différentes formes de croyances. La foi et les différentes interprétations des textes sacrés reviennent régulièrement dans les paroles et font l'objet de la première chanson "Seytanu Akbar", dont le nom est le total opposé du "Allah Akbar" proféré par les djihadistes ("seytanu" ou "shaytan" signifiant "diable" en arabe...). On nous parle en effet de terrorisme et ce morceau est parfait pour nous plonger dans l'univers d'
Ignea. On sent d'entrée de jeu la lourdeur des grattes mélangées aux mélodies orientales. Le combo évite de tomber dans les clichés et ne met pas d'éléments folkloriques à gogo. L'ambiance se dévoile peu à peu sans trop en faire, grâce notamment à une chanteuse qui a plus d'une corde à son arc : si Helle propose douceur et modulations à sa voix, à l'instar de
Charlotte Wessels (
Delain), elle sait aussi se rendre plus menaçante avec un growl rageur à la
Aina (
Blackthorn).
Les titres offrent généralement une fraicheur à toute épreuve et des mélodies qui restent en tête comme le refrain arabisant et entêtant d'"
Alexandria". Avec sa rythmique heavy à la
Edenbridge, "Jahi" fait mouche avec son break folklorique et ses soli réussis. Le mélange sympho à nana / oriental metal est maîtrisé et efficace : les riffs sont relativement puissants comme sur le très bon "Half
Rupture" et son duel vocal, l'immersion est au rendez-vous comme sur l'ethnique "Petrichor" dans lequel l'invité de prestige qu'est
Yossi Sassi (ex-
Orphaned Land) nous fait encore une fois une belle démonstration de ses talents avec sa bouzukitara. On citera aussi un "Theatre of
Denial" qui commence avec une intro acoustique à la "Mutter" de
Rammstein pour finir sur une ballade qui aurait pu figurer sur le dernier album de
Myrath ("
Legacy"). Et surtout on n'oublie pas le terrible "
Alga" avec son feeling à la
Delain et surtout son véritable orchestre. Même les gros groupes de sympho actuels (type
Epica,
Nightwish, etc...) n'auront pas eu le luxe de se payer un ensemble philarmonique de cette qualité à leurs débuts.
Ignea fait très fort avec ce "
Sign of
Faith", un premier opus globalement très réussi. La bande reprend des recettes bien connues et les mélange entre elles pour confectionner un metal frais et efficace. Malgré quelques ressemblances dans les intros, les morceaux sont bien ficelés et possèdent une atmosphère qui leur est propre, avec une qualité d'écriture et de production dignes des ténors du genre. Mention spéciale pour le titre de fin "
Leviathan", reprise du groupe Ultra Sheriff, prouvant qu'
Ignea peut prendre des risques et toucher aussi à l'électro.
Un premier album déjà parfait les 2 suivants sont aussi réussi.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire