Sache, ô Prince, qu'entre l'époque qui vit l'engloutissement de l'Atlantide et des villes étincelantes et celle de l'avènement de fils d'Aryas...
C'est comme cela que s'ouvrent les premières phrases des textes plongeant le fan d'Héroïc Fantasy (genre qu'il a crée) dans l'univers de
Conan le Cimmérien. Respectueusement,
Nemedian Chronicles en reprend cette introduction narrative, comme le fit le prologue du film sorti par John Milius en 1982. Tout le monde connaît l'univers créé par Robert E. Howard en 1932, popularisé au cinéma par cette version incarnée par Arnold le Magnifique et sa célèbre bande-son, inégalée d'emphase et de lyrisme. Nul doute que les 5 musiciens de
Nemedian Chronicles connaissent toutes les nouvelles écrites par Howard par cœur, témoin ce premier album entièrement consacré au mythe, quelques années après un EP autoproduit prometteur.
Plongeons donc dans cet album aux allures de concept narrant les aventures de
Conan le Barbare, fidèlement mises en texte par nos Toulousains au gré d'un heavy metal épique qui prend ses sources du côté du Maiden des années 83-85 ("
Tower of The
Elephant" aurait sans choquer pu figurer sur Powerslave avec ses breaks typiques et son riffing ô combien efficace), mais aussi des deux premiers
Blind Guardian (on notera quelques similitudes ça et là au niveau vocal) et des formations participant au revival heavy épique/traditionnel tels les fameux
Eternal Champion,
Visigoth et autres
Glacier, par exemple.
L'album en lui-même reprend les titres du EP déjà sorti quelques années auparavant, avec bien sûr une production plus puissante, et quelques arrangements bienvenus, donnant corps aux trames épiques des compositions du groupe. On trouvera de longues pièces à tiroirs ("The Thing in
The Crypt", "le fabuleux "The Song of
Red Sonja"), des riffs heavy au possible ("Monsterslayer"), que n'aurait pas renié un certain
Manowar, mais aussi des passages plus subtils, très souvent enrichis de placements vocaux judicieux et de refrains à chanter sous la douche le pommeau à la main et l'épée dans l'autre.
Les textes, décrivant les aventures du héros principal au gré des nouvelles les plus célèbres du héros, sont ici un vrai plus, et amènent une dimension épique supplémentaire, accompagnées d'illustrations de bon goût. Le label Grec
No Remorse (en principe au nez creux) a eu du flair en signant cette formation qui trouverait sans nul doute sa place sur des festivals traditionnels à la Pyrenean
Warriors Open Air, ou dans les endroits de bon goût en Europe. On pensera aux groupes précités, ou au titre du groupe Italien
Domine sur le même thème ("Aquilonian Suite") mais sans jamais être ni dans le plagiat, ni dans la resucée. Les tempi sont tantôt galopants, tantôt plus pesant, mais les morceaux prennent corps avec emphase, et deviennent mémorables avec très peu d'écoutes au compteur.
Un album foisonnant, jamais redondant et avec quasiment pas de titre faible, à l'inspiration divine, sans nul doute, dans un genre qui ne souffre guère le passable, et un disque de chevet à venir pour tous les fans de heavymetal de tradition aux contours épiques et ô combien adaptés à son sujet, qui sort enfin de son sarcophage.
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