Liste des groupes Heavy Speed Nemedian Chronicles Nemedian Chronicles

"Qu'y a t-il de mieux dans la vie ?" A cette célèbre question à l'origine posée à Genghis Khan, tirée de l'adaptation cinématographique par John Milius des aventures de Conan, le non moins célèbre Cimmérien imaginé par Robert E. Howard en 1932, chacun pourrait répondre selon son humeur ou ses priorités. Pour tout fan de musique, une des réponses possibles pourrait être la découverte d'un nouvel artiste, d'un nouveau groupe qui officie avec talent dans son style préféré. C'est ainsi que, tel un phénix sur une épée, arrive du pays Cathare le groupe Nemedian Chronicles. Fondé en 2017, le quintet composé du compositeur et fondateur Guillaume, de David (Guitares), Joris (claviers), Alexandre (Micro), Florian (Basse) et Thibault (Baguettes), sort en ce mois d'avril 2020 sa première démo auto-produite, ornée d'une chouette pochette dessinée par Mario Lopez pour son support physique imminent, préambule d'un album à venir sous peu.

L'univers thématique de Nemedian Chronicles, comme on peut s'en douter vu son patronyme, est consacré à l'univers imaginé par Howard. Parfaitement raccord avec la musique déployée, un heavy/power/speedmetal épique de haute volée et multi-facettes. Ainsi, sur les quatre titres de cette démo on retrouvera chevauchées épiques ("The Thing In The Crypt" en écoute ci-dessous, qui renvoie aux débuts de Blind Guardian/Helloween avec cavalcades et tempi rapides assez jouissifs, mais aussi aux groupes épiques qui sévissent un peu partout dans le monde - Validor et Domine en tête), chansons de geste façon early-Blind Guardian ("Born in a Battlefield") acoustique et à tendance cinématographique qui ouvre cette démo, ou heavy plombé déclamé ("Monsterslayer"). Le tout n'est pas sans rappeler les mélodies imaginées par Basil Poledouris (la fabuleuse B.O. du Conan de Milius - 1982) à l'image des adaptations metal déjà déployées sur ce modèle comme sur les morceaux "Under the Sign of Crom" de Validor ou du "The Aquilonia Suite" de Domine. Gros capital sympathie évident pour les fans. Limite jouissif. Mention particulière avec le somptueux final "The Song of Red Sonja" (centré sur le personnage aussi imaginé par Howard, bien connu des fans). Le tout étant mis en paroles avec talent, il est dès lors facile de s'imaginer au milieu de la Citadelle Écarlate en train de trucider le Dieu dans le Sarcophage ou de courir cheveux déployés au vent entre Zamora et la lointaine Cimmérie, épée à la main et steppes à perte de vue. Cette démo 4 titres s'adresse donc aux fans de speed/power épique et des groupes cités ci-dessus, qui trouveront un premier enregistrement bourré de mélodies envoûtantes et d'arrangements épiques qui ne demandent qu'un brin de puissance en plus pour pleinement arriver au niveau de leurs aînés.

D'un talent de composition indéniable, témoin la composition à tiroirs "The Song of Red Sonja", aussi agile que sa source d'inspiration, Nemedian Chronicles frappe fort dans l'univers du heavy-épique. Les influences sont clairement palpables (Poledouris, donc, avec quelques clins d’œils fort sympathiques à son oeuvre qui renvoie au film Conan le Barbare évidemment - à écouter ci-dessous - mais aussi Manowar, Warlord, Lonewolf, Domine, Validor, Kai Hansen, Blind Guardian et la clique du speedmetal allemand épique pour faire simple) dans un style balisé où le talent de composition et le chant font souvent la différence. Pour le talent de composition, les deux morceaux phares "The Song of Red Sonja" donc et le speed "The Thing in the Crypt" sont de (très) haute volée, et promettent un album musclé à venir, extrêmement encourageant. Pour le chant, Alexandre au micro possède des intonations que chaque fan de Battalions of Fear ou Follow the Blind (Blind Guardian) appréciera fortement surtout sur le titre "Born In A Battlefield", sûr qu'avec un peu d'assurance dans ses montées, Nemedian Chroniles tient là un atout important au micro et avec une personnalité marquante, le Gardien Aveugle n'officiant plus dans ce genre depuis longtemps. Avec des titres plutôt développés, des musiciens bien en place, Nemedian Chronicles sait ajuster son propos, sans surcharge ni longueur et avec passion. Ni trop longs, ni trop courts, enrichi de solos ingénieux, truffés de breaks efficaces et parfois poignants, les chansons captivent et possèdent suffisamment de diversité et d'accroches pour devenir des hymnes dès lors que Nemedian Chronicles se produira sur scène. Pas de point faible, en tenant compte du premier jet d'un jeune groupe, bien au contraire. La conviction est présente, le talent aussi, et la hargne déployée constituent des gros points forts, balayant largement un son un chouia maigrelet, chose pas primordiale pour les fans du style, préférant en général l'authenticité à la perfection du son.

En attendant, voilà une première carte de visite qui tape très fort et avec justesse dans un genre qui ne souffre pas la moyenne basse. Souvent propice à avoir des petits frissons et la chair de poule en lisant les paroles (marque des grands), l'écoute du premier jet de Nemedian Chronicles va, c'est certain, convaincre nombre de fans avides de sensations épico-traditionnelles de qualité. Voilà une nouvelle formation qui devrait faire parler d'elle d'ores et déjà avec cette excellente démo. Voilà l'occasion de découvrir un nouveau talent dans un style pas forcément souvent porté en France, mais souvent plébiscité partout ailleurs, témoins les succès des festivals connotés traditionnels ou la profusion de formations officiant dans ce registre, parfois avec talent. En découvrir un, qui plus est national, dans le genre c'est pas tous les jours. Qu'y a t-il de mieux dans la vie ?