Nylist, du nom de son créateur Fred «
Nylist » fut une véritable révélation au sein d’une scène deathcore underground surchargée et pas toujours très innovante. Dans un style downtempo bien souvent fainéant et barbant, le musicien américain a pourtant déjoué tous les pronostics avec une proposition à la fois étonnante et particulière. Dans une identité marquée par une atmosphère morbide, anxieuse et terrifiante, largement influencé par les débuts du neo metal, notre artiste a réussi dès son premier coup d’essai un véritable tour de force avec un disque
Divine Vision Torn Apart qui est arrivé, aussi bien instrumentalement que lyriquement parlant, à traiter de sujets relatifs au suicide, à l’automutilation et autres punitions personnelles. A peine un an après, c’est avec une confiance maximale que l’Américain revient avec une seconde proposition intitulée sobrement
The Room.
Toujours par le biais du label indépendant Slam Worldwide, notre interprète poursuit son exploration du trépas, de l’euthanasie et de l’épouvantable avec des noms de morceaux toujours aussi sinistres (
Suicide Watch, A Beautiful Day To
Die, Hospital Bed) ainsi que par une illustration pour le moins horrifique. Sur l’écriture des compositions, on retrouve ces sonorités propres à l’univers de notre expérimentateur, des acoustiques en grande majorité inhospitalières et grinçantes. Dès la chanson d’ouverture
Hate, on perçoit immédiatement des éléments massifs en premier lieu et oppressants dans un second temps grâce à un riffing discordant. Le décalage entre les grattes et les percussions offre aussi cette sensation d’incommodité et d’implacable. On observe de même un rythme de plus en plus languissant qui laisse apparaître quelques curiosités vocales assez déconcertantes.
Pour autant, même si cette seconde offrande promet de nombreux changements par rapport à son prédécesseur, on est moins abasourdi et impressionné par les bizarreries de notre auteur. En effet, le projet incorpore davantage d’empreintes neo metal qui ne sont certes pas du tout insatisfaisantes mais qui sont tout simplement moins marquantes et qui atténuent dans un certain sens la violence des propos du vocaliste et de l'instrumentiste. Ainsi, Untitled, bien qu’il ne manque pas de malveillance, ne s’avère pas forcément aussi sanguinaire qu’attendu. La mélodie se permet d’ailleurs moins de folie avec un riffing et une construction plutôt linéaires. Sur le plan vocal,
Nylist perd également de l’impact avec des cris stridents discrets tout au long de l’album et, dans son ensemble, une palette bien moins fournie que sur son premier effort.
Heureusement, nous pouvons compter sur quelques belles tentatives qui se caractérisent généralement par des rythmiques plus dynamiques et hâtives. En ce sens, Bury The
Past retient particulièrement notre attention avec un gain certain en technicité, des blastbeats quasiment infatigables durant tout le morceau. Nous sommes d’autant plus soulagés que nous retrouvons ces stridulations et autres anormalités vocales qui manquaient cruellement jusqu’à maintenant. On pourra même profiter de quelques jets modérés au chant clair sur le titre The
Overdose, bien placés et qui confirment ce penchant neo plus prononcé. Le morceau final A Beautiful Day To
Die quant à lui se distingue par des scratchs qui nous remémorent les prémices des KoRn,
Limp Bizkit et compagnie.
Si
The Room n’a clairement pas la même portée que son prédécesseur avec un contenu un peu moins authentique et un peu plus assagi, il n’en demeure pas moins une toile tout à fait convaincante et avec un temps d’avance par rapport à ses semblables. On pourra reprocher à Fred «
Nylist » une impulsion neo omniprésente, un produit moins nocif et un arrière-goût moins âpre mais on ne reste pas moins déconcerté par cette aisance à produire des ambiances aussi macabres et cafardeuses. La longueur écourtée de cette seconde œuvre permet également une meilleure compréhension de l’étrange schizophrénie de notre musicien américain. Si vous pensez être prêts à pousser les portes de la torture,
Nylist vous y attend.
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