A priori, si vous faites partie des gens qui suivent l'innombrable démultiplication des groupes de Metalcore/Post-Hardcore made in USA, il y a peu de chance que vous soyez passé à côté de
Crown The Empire. Propulsés au rang de quasi-superstars du genre après un premier EP intéressant suivi d'un premier album poussif et inégal, la formation texane revient avec un second album ambitieux, intitulé sobrement (!)
The Resistance :
Rise of the Runaways. Alors, concrétisation de promesses qu'ont laissé entrevoir les précédents travaux du groupe, où pétard-mouillé sans intérêt ?
Si la première chose que l'on remarque est l'artwork pour le moins osé de ce nouvel opus, qui ressemble davantage à un fan-art réalisé par une groupie qu'à la pochette d'un graphiste professionnel, un rapide coup d'œil à la tracklist révèle l'ambition de CTE de faire de cet album une sorte d'Opéra-Rock, divisé à la manière d'une pièce de théâtre antique, en trois actes.
Malheureusement, il semble qu'il n'y ai pas grand chose à redire là dessus, tant l'enchaînement des chansons reste proche de ce qui se fait chez la majorité des formations du genre. Mais concernant ces chansons justement, que peut on en dire ?
Et bien pour quelqu'un comme moi qui n'attendait pas grand chose de ce nouvel LP, il faut bien admettre que la surprise a été au rendez-vous. Et c'est bien d'une agréable surprise qu'il s'agit, car cet album est bon. Il est même très bon. Comprenez moi bien, s'il ne va pas révolutionner le monde du metal, la quasi-totalité de cet album est réussi.
Les riffs de guitares sont précis et puissants (
Initiation et
MNSTR en sont de bons exemples), les solos sont impeccables, la section rythmique fait bien son job, et les instants plus mélodieux apportent une légèreté très appréciable à un ensemble beaucoup plus équilibré que ce que le groupe avait su produire jusque là. La musique composée ici sait être sombre et lourde quand il le faut, puis offrir quelques instants presque oniriques à travers des sonorités pouvant tendre vers l'alternatif (Satellites), l'industriel (
Bloodline) où même le punk (
Maniacal Me).
Les texans parviennent désormais à alterner beaucoup mieux le calme et la tempête au sein de mêmes chansons (A Call to Arms,
Machines,
The Phoenix Reborn où même
Johnny's Rebellion). Les sonorités électroniques sont cette fois utilisées avec parcimonie et davantage en design sonore qu'en mélodies catchy, ce qui participe grandement à la création d'une atmosphère particulière et plus adulte pour chaque chanson (mention spéciale à la voix lyrique utilisée à la fin de
Maniacal Me, qui témoigne à merveille de l'audace du groupe). Et surtout, cela permet d'alléger un ensemble qui reste malheureusement étouffé sous le poids d'une post-production caractéristique de chez Rise Records (à tel point que certains commencent à parler de "Risecore" pour désigner ce genre de musique).
Au final, même si
The Resistance :
Rise of the Runaways n'est pas un immense chef d'oeuvre d'originalité, il n'en reste pas moins un très bon album, preuve que
Crown The Empire a réussi à digérer ses influences et à les réutiliser avec beaucoup d'adresse pour créer un style qui leur correspond vraiment. Avec cet album, les six texans ont sans doute réussi à justifier leur énorme fan-base, et cela fait plaisir de voir un groupe aussi jeune réussir à mettre son intelligence et sa maturité au service de son talent.
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