Originaire de Dallas,
Crown The Empire est un groupe plutôt renommé et respecté sur la scène metalcore. Alors que ses membres étaient tous plus ou moins âgés d’une vingtaine d’années lors de sa fondation en 2010, la formation a connu un vif intérêt et un sacré pic de popularité dès sa première parution
Limitless sorti un an après. Avec un concept audacieux et plutôt inédit largement inspiré par l’univers du spectacle et du cirque ainsi que par son intégration d’éléments électroniques, le collectif s’est rapidement approprié les codes du metal mélodique moderne pour un rendu plus que convaincant. Ce premier jet a permis de préparer le terrain pour nos jeunes artistes avant la publication de leur premier full-length
The Fallout édité l’année suivante. Succès assez retentissant pour le collectif, le disque marquera par sa fusion de styles entre metalcore, post-hardcore et musique électronique.
Mais c’est bien avec
The Resistance :
Rise of the Runaways que notre combo frappe fort, une entreprenante production qui narre à travers ses compositions une histoire dystopique sous la forme d’un opéra-rock et d’une pièce de théâtre. Là encore, la réussite est totale et nos Américains sont propulsés en sérieux prétendants pour animer le paysage metalcore. Malheureusement, les espoirs posés en eux s'avèreront trop importants et le groupe écrira deux autres ouvrages,
Retrograde et Sudden Sky, certes convenables mais bien loin de sa maturité, de sa créativité et de son authenticité d’antan. Pour tenter de redresser la barre, le quatuor nous propose après quatre années d’absence une cinquième toile prénommée
Dogma, toujours sous son label de cœur Rise Records.
On pourrait largement diviser ce nouveau tableau en deux parties : une première assez terne, très conventionnelle et plate et une seconde bien plus enchanteresse, plus variée, dynamique et recherchée. En effet, les premiers travaux du collectif sont très largement dispensables avec divers éléments pop incorporés dans des sections plus agressives.
Le morceau éponyme d’ouverture n’offre pas l’énergie tant attendue avec une couche électronique omniprésente dont la variation est quasiment nulle et peu séduisante ainsi qu’un filtre très dérangeant au niveau de la prestation vocale claire. En milieu de titre, la mélodie s’emballe un peu plus, le riffing de guitare que l’on avait jusqu’alors peu entendu devient plus acéré et le chant screamé apporte le punch qui manquait tant. Notre lueur d'espoir ne durera malheureusement qu’une poignée de secondes avant que l’instrumental rebascule dans son penchant électronique.
Si l’on pensait que le quatuor ne pouvait pas tomber plus bas, il nous prouvera pourtant le contraire avec Superstar en collaboration avec Remington Leith (Palaye Royale). La composition, dans sa direction et dans son exécution, rappelle quelque peu les balades insipides de
Five Finger Death Punch, cet attrait pop caractérisé par trois malheureuses notes à la guitare acoustique, d’une mélodie électronique sans aucune saveur ainsi que d’une prestation vocale de la part des deux vocalistes bourrés d’effets en tout genre qui ne sonnent même pas justes pour nos oreilles.
Ce qui est d’autant plus désolant sur ce
Dogma, c’est que le groupe montre encore une capacité à titiller notre intérêt et à afficher des travaux largement éloquents. Parmi eux, nous pourrions citer
In Another Life avec Courtney LaPlante (Spiritbox) qui offre enfin ce que l’on attendait de nos musiciens à savoir une mélodie endurante, un riffing percutant et un chant clair certes minoritaire mais bien mieux dompté. L’association des deux chants clair lors des refrains est délicieux, l’évolution vers un registre screamé de la part du vocaliste principal et d’une voix sensible pour Courtney sur le pré-breakdown est brillante avant un breakdown où notre chanteuse aura l’occasion d’afficher son incroyable palette en termes de screaming.
Dancing with the Dead fait également partie des bons titres de cet opus. Il n’est aucunement question de chant clair sur cette œuvre, simplement d’un metalcore old-school, très simpliste dans son schéma, relativement court dans sa durée mais totalement infaillible dans son interprétation. Nous aurons d’ailleurs l’honneur d’un double breakdown corpulent et carabiné mais aussi de la meilleure performance de notre vocaliste qui tient là un scream dévastateur et querelleur.
Dogma est une toile frustrante où le bon voire très bon côtoie le médiocre.
Crown The Empire semble être assis entre deux chaises, incapable de choisir entre un metalcore mélodique aux orientations pop ou un metalcore plus conventionnel, incisif et ardent. L’ensemble livre un résultat tout juste dans la moyenne avec plusieurs compositions largement dispensables et un album finalement oubliable. Pourtant, le quatuor américain semble encore capable de nous émerveiller comme il savait le faire à ses débuts avec des titres racoleurs et bagarreurs. Ce sixième opus ne sonne pas encore comme un clap de fin pour le collectif mais doit retentir comme une sérieuse remise en question pour ne pas finir dans l’insignifiance et l’insuffisance …
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