The New Machine of Liechtenstein, sorti mondialement sous l'égide de WEA, succède au fabuleux et rapide "
Finished with the Dogs" en cette année 1989. Avec un thrash metal à son apogée, sinon artistique, du moins en terme d'impact sur les fans de metal, il pouvait être l'occasion de positionner
Holy Moses en tant que groupe phare du style. Il n'en fût rien, ou si peu.
Avec ces titres assez courts et une concision qui fera souvent défaut dans ses sorties ultérieures,
Holy Moses réalise pourtant un coup de maître avec un techno-thrash pertinent et bien fichu. De "
Near Drak" à "
Lost In The
Maze", l'unité prédomine. Les titres s'enchaînent rapidement, formant un ensemble compact et à la fois aéré ("Def Con II" et "SSP", que n'auraient pas renié le grand
Anthrax), tant la qualité des compositions, originales et recherchées regorgent d'idées. Du contretemps rythmique, du break inattendu, de l'arpège sous-jacent, les fondements initiés deux ans plus tôt par un certain
Mekong Delta et son extraordinaire "The Music Of Erich Zann" trouvent ici une résonnance inattendue.
Le son, concocté par un certain Alex Perialas, fait la part belle aux guitares. Il permit de saisir les subtilités, nombreuses, et de mettre en avant la caisse claire, sèche comme un baril de lessive, constituant une marque de fabrique du groupe, et par extension, d'une appartenance allemande chère à
Destruction (Uli Kusch abat ici un boulot considérable, et compose la quasi-totalité des titres avec Andy Classen). Si l'essence est toujours thrash, souvent rapide, avec backing vocaux chers au style, le côté "chien fou" (sans jeu de mots) qui était très présent sur le précédent album est remplacé par des compositions plus structurées et de grande qualité.
Ne sacrifiant toutefois pas la rapidité d'exécution,
Holy Moses sut, avec ce troisième album, s'attirer des fans avides de complexité musicale. Il en perdit aussi beaucoup, qui ne suivirent pas les délires quelque peu élitistes d'un style musical de niche, finalement peu abordable pour le fan de thrash bercé à la violence instrumentale des
Slayer et autres
Kreator.
Il peut être temps de redécouvrir cet album original, révélateur d'un techno-thrash très vite oublié, mais néanmoins prenant et efficace. Suivi par toute une clique allemande pour la plupart (
Living Death,
Accuser,
Last Descendants, voire
Pestilence et son "Sphères" finalement pas si éloigné dans l'esprit) le temps souvent d'un seul album,
Holy Moses tourna ensuite radicalement le dos au techno-thrash avec l'efficace "
World Chaos", plus inspiré par
Slayer que par les dissonances Voïvodesques d'un style mort-né.
P.S : Pour les germanophones, la version d'origine en LP inclut une bande dessinée en noir et blanc d'une dizaine de pages mettant en scène le groupe. Idée originale que l'on aurait aimé en version anglaise. Dommage !
Quelle surprise ce 3e opus de Holy Moses, du techno thrash lorgnant vers Voïvod effectivement... je suis un fan du premier disque, cradingue et hargneux et de Finished with the Dogs... qui fait dans l'urgence !!!... j'avoue être quelque peu déstabilisé ici... merci pour tes éclairages !
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