Liste des groupes Black Avantgardiste The Meads Of Asphodel The Mill Hill Sessions

Attention, cette chronique sera totalement et arbitrairement non-objective.
Voici tout simplement mon album préféré de The Meads of Asphodel, et pourtant…

C’était loin d’être gagné, ce disque regroupant deux jam-sessions enregistrées "live" en studio, aux sons bruts à la limite de la clarté audible quasiment (mais pas entièrement) dépourvus de claviers !
Alors à lire, ce n’est pas vraiment ce que l’on connait de The Meads of Asphodel, mais force est de constater que le groupe a su tirer parti de la situation.

Si vous avez suivi la carrière du groupe, vous connaissez déjà la moitié du disque, regroupant des titres des deux premiers albums et du mcd "Jihad", additionnés bien entendu d’une reprise (mais pas de Hawkwind pour une fois).

Comme son nom l’indique, les enregistrements se sont déroulés aux Mill Hill Recordings Studios, fin novembre 2003 et mi-juillet 2004.
Versions extrêmes et testostéronées, "God is Rome", "Grisly Din of Killing Steel" et "80 Grains of Sand" sont véritablement prenantes, malgré leur son de guitares grésillantes et les changements intervenant dans les morceaux (j’avoue que pour le second titre, le remplacement des samples centraux par un speech de Metatron n’est pas une excellente idée, mais c’est un détail sur l’album entier). Le premier titre met d’ailleurs tout de suite dans l’ambiance, c’est brut et rapide, Metatron et J.D. Tait s’arrachant la gorge tout au long du morceau, ce genre de production mettant la voix assez en avant sur un mur de guitares saturées et de basse vrombissante.

La volonté est là, et nom de Dieu, ça fonctionne très bien ! "The Watchers of Catal Huyuik" est toujours aussi géniale, les couplets saccadés plutôt entrainant, et le refrain rapide tellement headbanguant ! Et oui, il y a quand même du clavier, et même plus que sur les autres titres. En revanche pour ce qui est du solo de guitare final, soit on ne l’entend pas bien, soit il est ôté, en tout cas il manque un tout petit truc, mais le morceau se tient quand même.
Quant à "A Healer Made God", il se taille une bonne place, simplement parce que le titre est déjà suffisamment expressif sur album, et conserve ses nombreux soli et breaks. Comme dit plus haut, la voix très en avant de Metatron rééquilibre le morceau et ses expérimentations musicales.

L’heure de la reprise à sonné, et quelle surprise de voir "Refuse/Resist" de Sepultura.
J’étais sceptique en lançant la galette dans mon lecteur, les cinq premiers titres m’ont mis en confiance, aucune raison de bouder son plaisir. Pas de claviers, juste un son crado-comme-y-faut, et voilà une version, là encore extrêmement directe de l’hymne manifestant par excellence, sans véritable solo de guitare (ou alors comme pour "The Watchers…", on ne l’entend pas), en tout cas le titre est tout aussi cohérent avec le reste (dans la même veine que "God is Rome").

J’espère que vous avez encore de la place, car le plat principal va être servi. Autre jam-session huit mois plus tard, incluant cette fois Huw Lloyd Langton à ce line-up provisoire live (à savoir le trio Metatron / Tait / Urakbaramel, un claviériste inconnu nommé Irin, Alan Davey de Hawkwind à la basse et Lee "Lesion" Cornell, de Worms of Sabnock, à la guitare), le morceau intitulé "My Beautiful Genocide" est tout simplement le meilleur titre (à mon avis bien-sur) de The Meads of Asphodel, tous albums confondus.

Articulé en huit actes, le titre dure environ vingt-trois minutes, et comporte (d’après leur blog et le livret) des extraits de "work in progress" de potentiels futurs morceaux. Il commence d’ailleurs par la partie "Muder is My God", retrouvée quelques temps plus tard sur le disque "In the Name of God, Welcome to Planet Genocide". Les paroles parlent bien évidemment des guerres, aussi vaines qu’égoïstes, réalisées et justifiées au nom de Dieu ou d’autres idées douteuses.
Est-il utile de préciser qu’avec trois guitaristes le groupe réussit à nous donner l’impression qu’ils sont dix, démultipliant les soli à la guitare électrique ou acoustique, certains passages (je pense surtout au début et à la fin du morceau) ressemblant à des morceaux quasiment terminés? Le titre est progressif à l’excès (non pas au sens Dream Teater du terme, mais plutôt Ephel Duath, au risque de m’auto plagier), alternant sans cesse la carotte et le bâton, nous matraquant sans relâche pour aboutir à des passages atmosphériques ou acoustiques (souvent soulignés par la voix de Metatron).
Au centre, on retrouve par exemple des passages de "A Healer Made God", accouplés à des paroles différentes, enchainés à des moments purement atmosphériques, et d’autres plus intimistes à la guitare acoustique, pour finir dans l’exubérance et la folie la plus totale (la dernière partie intitulée "Genocide").

Bref, comme tous les albums de The Meads of Asphodel, ce disque ne ressemble à aucun autre, et si vous ne l’achetez pas, jetez au moins une oreille dessus, le groupe ne donnant pas de concert, c’est ce qui s’en rapproche le plus.

Kings of Space and Time !