Confrontation à distance entre deux sœurs. Si la réputation de
Liv Kristine n’est plus à faire, en revanche, celle de sa petite sœur ne bénéficie pas de la même notoriété. Son parcours au sein de la formation germano-norvégienne «
Midnattsol » se révèlerait quelque peu chaotique. «
Nordlys » sorti deux ans plus tôt avait laissé un gros point d’interrogation sur le devenir du groupe et de sa soprano. Et voici qu’un mano a mano entre les deux sœurs se profile en cette année 2011. Elles ont fait le choix de sortir ensemble le même jour et par le même label (
Napalm Records) un nouvel album de leurs formations germano-norvégiennes respectives et représentatives: «
Leaves' Eyes » pour
Liv Kristine avec son « Meredead »; «
Midnattsol » pour
Carmen Elise avec son « The
Metamorphosis Melody ». La puissance de la mer contre celle de la forêt. Pour l’occasion, les forces de la nature sont invoquées. La belle
Carmen Elise Espenaes saura-t-elle devancer un jour sa propre soeur? Une telle idée semblerait s’écarter au su de la bonne prestation offerte par «
Leaves' Eyes » sur son « Meredead ». Néanmoins, «
Midnattsol » n’aura pas à avoir honte de sa nouvelle offrande, elle pourra même en être fier.
Une porte s’ouvre vers un monde enchanteur. Passée l’introduction « Alv » d’une symphonie ondoyante triste quoiqu’un peu trop banale, nous voilà totalement interloqués par sa suite, les riffs pagan en entame du titre éponyme « The
Metamorphosis Melody ». Excellent, un tumulte entêtant. On se rend dès lors compte que les parties guitares ont été particulièrement soignées et approfondies. De même pour la voix de
Carmen, qui a gagné en profondeur. Chaleureuse, mais peut-être pas suffisamment bien dosée pour être nettement efficace. Elle ne parvient pas totalement à suivre la marche forcée entreprise par les guitares. L’album va renouer avec la fibre folklorique qui avait paru latente sur «
Nordlys ». Et plus encore, si on le compare avec l’aube de «
Midnattsol » qu’est « Where
Twilight Dwells ». Un pagan irrésistible entrepris par les guitares sur l’abrupt « A Poet’s Prayer ». Le chant ne semble pas être dans son élément, mais l’engagement créé par le rythme gondolant attire l’attention. La seconde partie de piste se voit animée par des coupures et des voix étranges rompant avec toute sensation de linéarité. Ce même titre sera réutilisé sous un autre nom, le bonus « A
Predator’s
Prey » avec des growls en remplacement du chant d’origine. Une pure réussite. Grandiloquent, taillé dans le plus solide rocher, « Motets Makt » envoie d’entrée une formidable énergie brute, qui finira au fur et à mesure par s’étioler, faute d’avoir su garder sa ligne de conduite.
«
Midnattsol » explore les domaines d’un pur folk médiéval acoustique avec le beau et très calme « Goodbye ». Le chant de
Carmen devient magique. Un chant feulé plus à son aise dans la volupté et la douceur si on en croit notamment le charme de « The Tide ». Morceau plus commun au metal symphonique. Comme «
Spellbound » qui ne sort pas non plus des sentiers battus. Certains riffs sont parfois plus intimidants et ajoutent un soupçon de noirceur à ce paysage féérique quelque peu redondant. Une soprano qui dominera la ballade « My Re-
Creation ». Sans doute sa meilleure performance de l’album, parvenant finalement à dompter les passages plus prononcés des guitares.
Carmen se verra mise en difficulté une fois que la musique se prend à des envolées virevoltantes. «
Forlorn » jouera constamment les changements de scènes, de décors. Tantôt mélodique et en collaboration avec le chant, tantôt ventrue et en opposition. Difficile à déceler et à nous conquérir. Les forces de la nature en mouvement à en juger « Forvandlingen ». Au milieu de ces forces vivantes impitoyables, la voix va figurer en élément fragile, influençable. Pareil constat sur «
Kong Valemons Kamp » dont le riffing power metal rejaillira de son enthousiasme. Une musique encore une fois en conflit avec le chant, un fort courant qui manquera d’une certaine maîtrise.
«
Midnattsol » a fait sa révolution. Elle a effacé l’échec de «
Nordlys », renouant avec une fibre folk. Une révolution qui a cependant créé une cassure entre chant et guitares. La fougue des uns n’allant pas avec celle de l’autre. Même si ce sont surtout les riffs des morceaux « The
Metamorphosis Melody » et « Motets Makt » que retiendra notre esprit de ce volume, la petite sœur de
Liv Kristine n’aura pas démérité de sa prestation générale. Une voie toute tracée se profile devant elle et sa formation. Il s’agira d’y aller cette fois la main dans la main pour ne pas s’y perdre.
15/20
Je dois dire que cet album dans le genre folk metal avec chant féminin est un pur bonheur ! !
J'aime beaucoup également le chant enchanteur et assez atypique finalement de Carmen car ce dernier paraît en décalage par rapport à la musique ce qui rend l'ensemble paradoxalement assez original et très réussi je trouve.
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