On le sait depuis un bon paquet d’années, le Canada est l’une des terres sacrées en matière de death technique : avec des monstres tels que
Gorguts,
Cryptopsy,
Beneath the
Massacre ou même les initiateurs de Voivod dans un registre plus thrash, les Canadiens nous abreuvent depuis plus de deux décennies d’un metal alambiqué, aux structures complexes et aux explosions de violence sporadiques et débridées. C’est exactement dans ce créneau que les petits jeunes d’
Archspire évoluent, et à l’écoute des 8 missiles de
The Lucid Collective, on peut dormir tranquille : la relève est plus qu’assurée.
Après un premier jet,
All Shall Align, en 2011, un an à peine après sa création, le combo de
Vancouver nous revient donc en cette année 2014 avec son deuxième full length de 34 minutes, nous proposant une musique ultra technique, aux riffs alambiqués, saccadés et tordus, aux structures sinueuses et complexes qui privilégient les cassures de rythme et les reprises ultra violentes, saupoudrée de quelques influences core habilement digérées. Rappelant parfois
Carcariass dans certains arpèges et passages instrumentaux virtuoses, là où les Canadiens se distinguent très largement de leurs homologues français, c’est sur la violence de l’ensemble : la rapidité du tout est tout bonnement hallucinante, rappelant les dieux d’
Origin, avec des blasts supersoniques et des parties de double apocalyptique, à se demander si le batteur est humain, et le débit proprement impressionnant de Oli Peters, nouveau chanteur du combo, qui crache sa haine à une vitesse phénoménale, alternant vocaux grognés, éructations plus gutturales et profondes à la limite du grind et hurlements plus criards, impressionne d’emblée sur le premier titre, Lucid Collective Somnambulation.
L’agressivité très présente de la musique est vraiment à souligner,
Archspire se distinguant en ce sens de bon nombre de formations de la scène technique privilégiant la branlette de manche à l’efficacité (écoutez, au hasard, Join Us
Beyond, pure bombe de violence sonore impeccablement maîtrisée). Néanmoins, et c’est un point plus qu’appréciable, les Canadiens n’oublient pas d’aérer leur musique, soignant le côté mélodique à grand renfort de soli de 6 cordes et de passages plus aériens (à 3,10 min de Fathom Infinite
Depth par exemple). Malgré les prouesses techniques et les nombreux changements de rythme, le tout reste donc toujours prenant, entraînant et digeste, grâce à une agression parfaitement distillée, des riffs très bien pensés et de nombreux passages mélodiques qui aèrent l’ensemble. Les guitares sont vraiment virtuoses (à 2,10 minutes du dernier titre, Spontaneous Generation, elles feraient presque penser à du neo classique à la
Symphony X), alternant une pluie de notes aigues qui viennent contraster la fulgurance de blasts supersoniques (Plague of AM, très haché et schizophrène), envolées spatiales portées par des passages instrumentaux planants et cosmiques (à 1,05 minutes de
Seven Crowns and the Oblivion Chains, ou bien Kairos Chamber, titre entièrement instrumental), et balançant parfois des riffs plus lourds et headbangants, qui viennent contrebalancer ce déluge de décibels (le début de Fathom Infinite
Depths est presque groovy !). La musique d’
Archspire ne donne pas dans la surenchère, et présente une fluidité étonnante pour le style pour des titres dépassant rarement les 5 minutes, d’une densité technique et musicale ébouriffante.
Le son pourra en gêner plus d’un, extrêmement synthétique, froid et presque déshumanisé, la batterie notamment donnant vraiment l’impression d’être électronique, mais force est de reconnaitre que cela sied à merveille au style du groupe, moderne, ultra technique, futuriste et froid, et tous les instruments sont parfaitement audibles, dont la basse qui n’est pas en reste au niveau virtuosité. Les septiques pourront aussi reprocher la trop courte durée de l’album, et c’est vrai qu’on se serait bien pris un ou deux missiles en plus dans la tronche, vu la qualité de l’ensemble, mais cette compacité aide à créer un ensemble cohérent n’offrant aucune faiblesse et ne souffrant d’aucun temps mort et d'aucune note superflue, les titres allant directement à l’essentiel.
Vous l’aurez compris,
The Lucid Collective est pour moi plus qu’une découverte, c’est une véritable révélation. Mélangeant habilement la rapidité supersonique et l’agression d’un
Origin, la mélodicité brutale et technique d’un
Necrophagist et le côté progressif et tordu d’un
Gorguts avec les ambiances spatiales d’un
Cynic, cette tuerie est un must have de death moderne, technique, progressif et brutal, ni plus ni moins. A se procurer d’urgence pour tous les fans de death ouverts d’esprit qui ne jurent pas que par le old school.
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