Après un dernier opus d’une qualité exceptionnelle, qu’il s’agisse du travail d’écriture ou de l’exécution technique,
Archspire nous a ébloui avec sa virtuosité et sa puissance. Depuis ses débuts, le quintet canadien ne cesse d’élever son niveau de jeu, jusqu’à un stade où l’on se demande encore si les musiciens sont de notre planète. Entre le chant d’
Oliver Rae, parfois comparé aux plus grands sprinteurs du rap, l’habileté à la batterie de Spencer Prewett qui nous torpille telle une mitraillette ou les envolées de riffing de Tobi Morelli, Dean Lamb et Jared Smith, nos Canadiens sont au sommet d’un art dont ils sont les seuls maîtres. Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’en l’espace d’une poignée d’années, le combo est devenu une référence dans un death technique moderne et lumineux.
On pourrait d’ailleurs croire que les exécutions techniques de nos musiciens sont parfois truquées, altérées, sophistiquées tant la précision et l’hâtiveté sont parfaitement millimétrées. Et nous sommes d’autant plus abasourdis lorsque l’on se rend compte que le résultat en live est sensiblement similaire de celui en studio. Résumer l’indéniable savoir-faire de notre quintet pourrait prendre encore une bonne dizaine de lignes mais ce n’est clairement pas le but de cette chronique.
Bleed the Future, quatrième album du groupe signe le grand retour des Canadiens quatre ans après le marquant
Relentless Mutation. L’équipe derrière cette nouvelle parution ne change pas puisqu’
Archspire a de nouveau fait confiance au label Season Of
Mist ainsi qu’à l’israélien Eliran Kantor pour l’artwork.
Le plus grand défi réalisé sur ce disque est d’avoir pu pousser encore plus loin les aspects technique, fulgurant et impactant des compositions sans pour autant perdre le talent artistique, la mélodie et les émotions qui s’en dégagent. Au-delà même de ces nombreuses caractéristiques, le quintet canadien sait toujours se montrer à la fois surprenant et imprévisible. Ces sensations sont parfois extrêmement subtiles comme dans Reverie On The Onyx où nous pouvons pleinement profiter d’un extrait de la
Lacrimosa de Mozart. La formation canadienne nous prend aussi à contre-pied comme sur
Drain Of Incarnation où l’introduction douce mais néanmoins mélancolique s’estompe petit à petit pour nous plonger dans une prestation de haute voltige. Même si la batterie atteint une vitesse supersonique, les harmonies et les mélodies parviennent à se manifester par des étincelants solos.
Si l’exercice accomplit par
Archspire se montre toujours aussi complexe parfois même difficile à comprendre, nos musiciens savent le rendre plus digeste avec une atmosphère aérienne et progressive. Ces passages étaient déjà mis en évidence dans des titres tels Involuntary Doppelganger, The Mimic Well ou A
Dark Horizontal et sont de nouveau développés sur des morceaux comme
Drone Corpse Aviator ou encore Golden Mouth Of Ruin. Ces transitions aux touches jazzy offrent la perspective imprédictible mais néanmoins charmante du groupe. De même, ces sentiers livrent ce sentiment de mémorabilité, là où la plupart des formations de tech death ne se contenteront que d’une exécution de riffs sans véritable but.
Archspire se surpasse une nouvelle fois et
Bleed the Future est la preuve ultime de cet accomplissement. Si
Relentless Mutation pouvait paraître un peu pâle dû notamment à une absence de puissance, ce quatrième opus affiche parfaitement cette profondeur qu’il s’agisse de la musique en elle-même ou de sa dimension émotionnelle. Si l’album préverse une ambiance froide et se montre parfois en pilotage automatique, l’audace et la persévérance des musiciens dans un décor plus doux et mélodique permettent de maintenir un intérêt certain pendant près de trente-deux minutes. Dans tous les cas, il faudra à nouveau compter sur les Canadiens pour la sortie death technique de l’année !
Impressionnant cet album, certainement le meilleur du style cette année (en death tech).
Merci pour la chro
Tu m'as devancé pour la chronique et c'est très bien comme ça : tout est dit et bien dit, du coup, pas besoin de publier un doublon, nos avis étant grosso modo similaires. J'aurais certainement mis un ou deux points de moins car l'effet de surprise n'y est plus, mais putain, quelle maîtrise, quelle vitesse, quelle virtuosité ! Encore un grand album, assurément !
Merci à tous pour vos retours !
@Icare : haha, on échange les rôles cette fois-ci. Tu m'avais devancé sur Relentless Mutation, à mon tour d'être le plus rapide :P. Blague à part, je reste toujours aussi scotché par le niveau de virtuosité d'Archspire. Je me demandais sérieusement si les musiciens pouvaient faire mieux que leur précédent opus et la réponse est indéniablement oui. C'est vrai que l'effet de surprise s'estompe si on connait bien le groupe mais les Canadiens ont réussi à améliorer leur univers en haussant leur niveau de jeu et en s'améliorant sérieusement sur le mixage. Une très bonne note donc pour un album qui risque encore de beaucoup tourner chez moi !
Pour ma part, je préfère nettement Relentless Mutation que je trouve bien plus mémorable et fluide dans son ensemble, mais n'empêche que ce Bleed the Future est tout bonnement excellent et démontre à nouveau tout le talent de ce groupe hors pair.
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