The Liberation

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17/20
Nom du groupe Disillusion
Nom de l'album The Liberation
Type Album
Date de parution 06 Septembre 2019
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album17

Tracklist

1.
 In Waking Hours
 02:04
2.
 Wintertide
 12:36
3.
 The Great Unknown
 05:50
4.
 A Shimmer in the Darkest Sea
 07:14
5.
 The Liberation
 11:55
6.
 Time to Let Got
 05:42
7.
 The Mountain
 12:18

Durée totale : 57:39

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Disillusion


Chronique @ JeanEdernDesecrator

12 Septembre 2019

Une réussite insolente et tranquille, après 13 ans d'attente

Le metal allemand souffre de préjugés aussi éculés qu'un nouvel album de Sodom. Panzers frustres rasant tout sur leur passage. Esprits engoncés dans les carcans plombés de leurs chapelles métalliques d'une architecture rectiligne. Ne déviant du dogme de l'efficacité que maladroitement, avant de revenir dans le droit chemin de la Deutsche Qualität, pour débiter des albums alignés comme des obus à shrapnels.
J'avais encore sous le coude les groβe saucisses et les torrents de pisse de l'Oktoberfest, mais on gardera ça pour une autre fois.
Présent au compte-gouttes avec une démo, un surprenant EP "Three Neuron Kings" et un single sur la scène metal depuis 1994, Disillusion a fait mentir ces idées toutes faites avec son premier album sorti en 2004 , "Back to Times of Splendor". Au menu, un Death Thrash virevoltant, presque progressif par sa technicité et ses structures, qui n'hésitait pas à se perdre loin de ses bases. Brutal, mélodique et audacieux, sous la houlette de son leader guitariste chanteur Andy Schmidt, dont le registre vocal s'étendait du growl furieux à des envolées à la Serj Tankian.

En 2006, leur second album "Gloria" a désorienté jusqu'à leurs fans, en délaissant les accents death pour une ambiance industrielle, grandiloquente et décadente, en multipliant les prises de risques. Disillusion s'était alors mué en un Rammstein progressif et avant-gardiste. Pour ma part, les ayant découvert avec cet album, sans à priori, il reste un de mes albums de chevet, tant il a pété toutes les conventions du genre.
Mais, ironie du sort, il provoqua presque immédiatement la fin du groupe, pour, je vous le donne en mille,... divergences musicales. Comme quoi faire un virage à 180° conduit parfois dans un inévitable platane.

Pour une fois qu'un combo d'outre-Rhin avait autant d'audace, de talent et d'ambition, merde, il se pétait les ligaments croisés et fin de la belle histoire.

Ce n'est qu'en 2016 que Disillusion revint du néant avec "Alea", un single de 10 minutes de metal progressif éthéré , illustré par une vidéo aux images aériennes somptueuses. Accompagné de son fidèle batteur Jens Maluschka, Andy Schmidt reformait un nouveau line-up. Sa démarche, assez osée fût de recourir au crowdfunding pour financer l'album à venir, avec l'envie d'en fignoler les moindres détails, délivrant ce single comme gage de bonne volonté.
Après de nombreux mois de travail , la sortie tant espérée de ce troisième album de Disillusion met fin à 13 ans d'attente depuis le controversé "Gloria".

L'album commence dans le sillage artistique d'"Alea" par un court instrumental majestueux, puis "Wintertide", une pièce imposante où le calme intimiste laisse place à une lourdeur baleinière à la Gojira, avant de faire le tour du monde de toutes les intensités possibles et imaginables. On assiste à un retour à la densité musicale et a la virtuosité passée, c'est le cas de le dire, de "Back to Times of Splendor", avec notamment trois morceaux dépassant les 12 minutes.

Il ne reste plus grand chose de l'album"Gloria", les expérimentations indus et électro ont été délaissées au profit d'un esprit metal affirmé. Il y a toujours une originalité certaine, et les instruments annexes viennent agrémenter les compositions : synthés très travaillés, rythmiques indiennes aux tablas sur "A Shimmer in the Dark Sea", et même trompette sur "The Mountain". Dans ses parties agressives, outre "Back to Times of Splendor" on pense parfois aux vieux Opeth ou Ihsahn, vu les accords utilisés. Des passages d'une brutalité sans équivoque parsèment le disque (les couplets bastonnes de "The Great Unknown", et même quelques blasts soudains sur "Wintertide", ...), et les vocaux hurlés et growlés font un retour fracassant.

Sur le morceau titre "The Liberation", "Time to Let Go" , ou encore le titre final "The Mountain", c'est la voie d'un prog contemplatif qui suit l'horizon pointé par le single "Alea". Le son du groupe, massif et aérien, y déploie toute son envergure, avec un paysage où guitares, claviers et chants clairs, sont sublimés par des tournoiements d'effets justement dosés. C'est aussi dans ces plages qu'Andy Schmidt met le mieux en valeur sa voix profonde et changeante avec une facilité toute surnaturelle selon les ambiances. Sa voix s'est un peu éloignée des tics de Till Lindemann ou Serj Tankian, pour affirmer sa singularité : elle occupe une place prépondérante sur ce disque.

La musique de Disillusion est tour à tour lumineuse et sombre, jouant sur toutes les nuances du clair obscur. Elle réussit l'exploit d'être ambitieuse et sophistiquée tout en gardant une humilité dénuée de performance démonstrative. Pas de branlette de manche ostentatoire , malgré la présence de trois guitaristes : le but est de former un canevas musical et mélodique cohérent et complexe...et de pouvoir le retranscrire en live.

Il en résulte que ce nouvel album est assez difficile d'accès, et ne révèle sa richesse qu'après de nombreuses écoutes. D'autant qu'il n'y a plus la martialité catchy de "Gloria" pour attirer le chaland, mais on sent qu'Andy n'a que faire des considérations mercantiles, obsédé qu'il est par la perfection musicale. C'est une réussite insolente et tranquille, comme un aigle qui tutoie les nuages, avant de fondre sur nous, pauvres petits lapins aux oreilles si appétissantes.

6 Commentaires

10 J'aime

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krakoukass56 - 13 Septembre 2019:

De mieux en mieux tes chros Jean Edern, bravo, moi qui ne connais pas ce groupe, ça ne me donne envie que d'une chose, c'est de le découvrir.

Bon par contre, ton préambule, hum y'a quand même des exceptions qui confirment la règle. Morgoth et Crematory en death qui ont drôlement évolué par la suite. The Ocean ou War from a Harlot Mouth en prog / expé. My Sleeping Karma, voire même Mekong Delta qui va bien au-delà du thrash, et j'en oublie sûrement...

JeanEdernDesecrator - 14 Septembre 2019:

Krakoukass : Merci, si je peux faire découvrir quelques groupes... d'ailleurs je vais jeter une oreille à ceux que tu as cité, sauf The Ocean que j'adore déjà.

Pour l'intro, j'ai toujours eu quelques préjugés par rapport au metal allemand, sûrement à cause d'avoir du subir le combo Kreator/Sodom par mon petit frère, alors que j'en etais encore qu'à U2 ou The Cult. j'ai forcé le trait avec une bonne dose de mauvaise foi !

kroky666 - 14 Septembre 2019:

Merci pour la chronique , j'avais beaucoups aimé Gloria à sa sortie et je l'écoute encore régulierement. J'ai écouté celui-la et je ne suis pas encore rentré dedans mais comme tu dis apres plusieurs écoutes il me réveleras ses secrets...

Goneo - 25 Septembre 2019:

Un bon album , merci pour la chro.

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