Ayam

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17/20
Nom du groupe Disillusion
Nom de l'album Ayam
Type Album
Date de parution 04 Novembre 2022
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1.
 Am Abgrund
 11:11
2.
 Tormento
 04:24
3.
 Driftwood
 06:08
4.
 Abide the Storm
 11:51
5.
 Longhope
 06:09
6.
 Nine Days
 06:10
7.
 From the Embers
 07:10
8.
 The Brook
 06:18

Durée totale : 59:21

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Disillusion


Chronique @ JeanEdernDesecrator

04 Décembre 2022

Comme une plume dans un ouragan

2019 aura été l'année de la renaissance pour Disillusion, avec l'excellent LP "Liberation", un pavé de métal progressif où le groupe a semblé s'être enfin trouvé. A peine cet album était-il sorti que tous ses membres s'étaient réunis pour parler de ce qu'ils feraient pour le suivant, avec l'envie de partir dans les extrêmes : plus émotionnel, et plus violent. Tout était donc reparti comme à la parade, avec une tournée... qui s'est abrégée avec l'arrivée du confinement. Le groupe avait choisi de conjurer le sort avec un live stream poignant, comme un au revoir en attendant des lendemains plus insouciants.

Sur la lancée prolifique de son troisième album, le guitariste chanteur Andy Schmidt, cependant, ne s'est pas résigné à ronger son frein, et s'est remis à composer. Ne pouvant pas voyager comme il le fait d'habitude pour trouver un endroit retiré dans la nature où faire vibrer sa guitare acoustique, il a du se contenter d'un isolement moins bucolique à la maison pour trouver les idées principales du disque. Les autres ont ensuite participé activement à son élaboration en apportant leurs idées, jusqu'à ce que chaque morceau emporte l'adhésion de tous. Le développement du disque a été long, jusqu'en 2022. Outre les instruments rock classiques, des invités ont apporté d'autres couleurs : Birgit Horn (trompette), Clara Glas (violoncelle), Frederic Ruckert (claviers), et même du Triangle avec Marek Stefula.
Le disque a été enregistré et produit par Andy dans son studio à Leipzig. Le mixage a été confié à Jens Bogren (Opeth, Septic Flesh, Revocation, Ihsahn, Haken, Extol, Leprous, The Ocean,…) ; avec le nombre de couches musicales qui se superposent et se mélangent à chaque seconde, il n'en fallait pas moins pour donner à l'ensemble la cohérence qu'il mérite. Tony Lindgren s'est chargé du mastering. A noter que le guitariste Sebastian Hupfer a quitté le groupe en Août 2022, en bons termes, semble-t-il.

Si les Disillusion ne se cachent pas que "Ayam" se situe dans le prolongement de "The Liberation", il en est un développement, une explosion en supernova ; son artwork semble d'ailleurs dérivé du premier, l'œil d'ouragan éthéré émanant de la brèche minérale. En comparaison, il est moins dense et haché, il se délie dans des structures faites de transitions harmonieuses. Avec ses compositions tout en longueur et ses respirations acoustiques, j'ai pensé au "Blackwater Park" Opeth, en version white.

L'album commence par une intro façon "Echoes" de Pink Floyd, comme un clin d'œil qui rappelle que la musique ne vient jamais de nulle part, et renait ailleurs, dans un éternel recommencement. Le combo reste résolument progressif, avec d'entrée de jeu une pièce de plus de onze minutes. Cela n'empêche pas les coups de semonce avec des parties rapides furieuses en D-Beat et quelques blasts. Les instruments s'entrecroisent avec autant de vitesse et de dextérité que de mélodie. On en prend plein les oreilles, et alors que ça vire au bouquet final perpétuel, on nous octroie un repos du guerrier enchanteur. Ce morceau est un bijou de composition, presque un album dans l'album, et m'a laissé pantois, repu de bonheur.
Sur "Abide the Storm", difficile de ne pas penser à Opeth, avec ces arpèges cristallins et cette structure serpentine. Avec deux pièces de plus de onze minutes, "Ayam" pourrait faire peur à plus d'un apprenti progeux, cependant je l'ai trouvé assez facile à ingurgiter.

Si j'ose le dire, l'émotion la plus présente sur cet opus est la nostalgie, emprunte de douceur et de tendresse. Les allemands se permettent des escapades bucoliques presque folk, comme sur "Driftwood", j'ai failli vérifier que je n'avais pas zappé d'album, avant de me dire qu'ils en étaient parfaitement capables. Sur "The Brook", on sent encore l'influence lointaine des seventies, avec des arpèges zeppeliniens. A l'instar d'un Muse, Disillusion a l'art de savoir s'inspirer et un sens inné de la grandiloquence, dans le bon sens du terme.

La lourdeur et l'efficacité ne sont pas mises de coté avec quelques compositions plus courtes, comme le meshugguesque "Tormento", avec un riff moteur et un solo d'inspiration en ligne directe du style de Fredryk Thordendal. Les guitares de Ben Haugg et Andy Schmidt sont magnifiées, avec une production puissamment détaillée, et pléthore d'effets, celles-ci changent de plan dans l'espace sonore suivant le moment, sachant se mettre en retrait quand il le faut. La batterie de Martin Schulz est très éclectique, et brode des patterns complexes qui démultiplient cette impression d'efflorescence (j'utilise cette expression en pensant très fort à l'album du même nom d'Oceansize) jusque dans un jeu assez jazzy sur "From the Embers". On n'en a pas moins quelques blasts, et attaques de double grosse caisse. La basse de Robby Krantz, cependant, est un peu noyée dans les couches sonores, bien qu'elle participe au canevas général et à la grosseur du son, si ce n'est sur un "Driftwood" plus aéré. Vocalement, Andy Schmidt explore encore plus ses capacités, visitant tous les types de chant, errant dans toutes les nuances possibles.

Au fil de l'album, je me suis étonné de ne pas ressentir d'impression de trop plein, ni de lassitude auditive, alors que la richesse de ce disque est proprement ahurissante, de l'acabit d'un Haken, sans être aussi techniquement poussé. Il y a de nombreux moments incroyablement beaux, lumineux, dont seul Disillusion a le secret. C'est à chaque intro une attente de curiosité enfantine, de savoir où le rollercoaster va emmener mes oreilles. En se trouvant de manière ininterrompue transporté comme une plume dans des landes stratosphériques, il est difficile d'estimer une quelconque valeur comparative à chacun de ces huit morceaux, si ce n'est le premier qui est ahurissant.
Si cet opus est suffisamment aéré pour être ingurgité d'un seul tenant, il m'a fallu prendre du recul pour en apprécier la structure générale, comme on doit monter sur un sommet pour saisir l'ensemble d'un paysage majestueux. Il faut donc de nombreuses écoutes attentives pour se dire, ça y est, je connais ce disque. Et je ne le connais pas encore assez.

3 Commentaires

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Ensiferum93 - 20 Mars 2023:

Magnifique chronique, je viens de terminer la première écoute et suis resté bouche bée : c'est terriblement bien fait ! Te lire m'a fait sourire car je me suis fait les mêmes remarques concernant les liens avec Opeth. A réécouter sans modération pour bien le comprendre. Encore merci pour cette belle plume qui a visiblement asseché l'encrier ;) 

Ensiferum93 - 21 Mars 2023:

Magnifique chronique, je viens de terminer la première écoute et suis resté bouche bée : c'est terriblement bien fait ! Te lire m'a fait sourire car je me suis fait les mêmes remarques concernant les liens avec Opeth. A réécouter sans modération pour bien le comprendre. Encore merci pour cette belle plume qui a visiblement asseché l'encrier ;) 

JeanEdernDesecrator - 21 Mars 2023:

Merci Ensiferum93, pour les encouragements. Chacun de leurs disques est vraiment différent, et marquant à sa manière. Un groupe unique, je trouve...

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