Voilà, je viens de finir ma première écoute complète de cet
album. Un album qui tombait à point nommé pour ce qui s'annonce être une bonne
soirée de merde, mais là n'est pas le sujet.
L'étiquette "
Doom Funéraire" annonçait déjà la couleur d'un album à
manipuler avec précaution, à ne pas mettre en toutes les mains et à n'écouter
qu'en de propices occasions, ce que j'ai donc fait. Résultat sur mon moral :
une envie de chronique d'un côté, un marasme et un défaitisme impressionnants par
ailleurs.
Venons-en aux faits.
L'album s'ouvre sur un morceau assez court pour ce type de musique, un
instrumental introductif magnifique aux accents prononcés de
Skepticism. Un
glas résonne quelques instants et les guitares lentes, lourdes et prenantes
nous embarquent pour ce genre de voyages que proposent les albums de Funéraire
: une évocation de l'au-delà, du plus profond désespoir et de la solitude.
Vient alors le second morceau, le pachydermique White
Cold Wrath Burnt
Frozen
Blood, qui assène des riffs d'une lourdeur et d'une lenteur implacable,
parsemés de gémissements et grognements sépulcraux. Puis changement de rythme
et apparition du texte, sorte de poésie prosaïque délivrée en murmures et en
grognements sur fond de lancinantes pointes instrumentales. Le morceau passera
par divers rythmes et tiroirs et s'achève en 17 minutes dans un fondu très
soigné. Le texte parle curieusement de soleil, de feu, même si le froid et le
silence restent évoqués.
Descent of the
Flames est un morceau de format plus académique et plus
accessible, un peu plus de 9 minutes "seulement". On retrouve encore
une fois cette lenteur caractéristique du genre. L'intro se fait plus courte et
le texte nous est délivré. Le feu est encore là, omniprésent. On devine alors
quelques pensées induites par le titre de l'album, et l'oxymore frappant de ce "givre
de Juin" opposant feu et eau, froid et chaleur. Le morceau quant à lui nous
amène dans des passages étranges et instrumentaux, calmes et balancés, repris
vigoureusement par les guitares et les râles profonds. Il y a une sorte de
puissante montée qui s'achève dans un final magnifique, avant de redescendre
mélodieusement et doucement avec une simple guitare non saturée.
Cette même guitare ouvre le morceau-titre, "
The June Frost**". Un
morceau là encore bien court, alors qu'on attendait peut-être LE morceau phare
de l'album. Il se révèle d'une beauté et d'une mélancolie incroyables.
D'inspiration plus heavy (on peut songer à quelques
Candlemass période
Nightfall ou à de vieux
Solitude Aeturnus). Les guitares nous emmènent avec ce
fabuleux instrumental dans de puissants soli aigus, assez techniques mais pas
étalages de prouesse non plus. Un morceau qui apparaît alors comme une sorte
d'éclair lumineux, de soleil fugace, dont la lumière rougeoie devant la mort ...
"Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige" comme dirait
Baudelaire. Et ce morceau est une véritable Harmonie du Soir il est vrai, il
reste longtemps en tête, bien après l'écoute de l'album, du haut de ses 4
minutes 25.
Il laisse place à un morceau terrible "A
Slow March To
The Burial",
dont le titre parle de lui-même. On assiste ici à l'enterrement d'un père par
son fils, qui se retrouvent unis par la mort, comme en témoignent les paroles
"A father to a son and a son to a father / Now claimed by the coldest hand
of death". Encore une fois, on
remarquera que le texte est particulièrement soigné. A la moitié de ce texte
une série de riffs pulsatiles est donnée, simulacres de la lente procession du
cortège funéraire. Le morceau se terminera avec une répétition sentencieuse "
Funereal
they march" ...
Un nouveau morceau court interrompt alors le cours de l'album; 3ème
instrumental, "The Februar
Winds" est un morceau qui, comme son nom
semblait le laisser présager, est plus ambiancé et atmosphérique que les
autres. Les claviers se supplantent un temps aux lourdes guitares - qui ne sont
pas absentes pour autant - et on revient à nouveau à quelque chose rappelant
typiquement
Skepticism, mais sur un tout autre format de chanson. Cette
évocation hivernale du mois de Février, tandis que l'album lui se passe bel et
bien en Juin s'il on en croit le titre, est tout à fait glaçante.
L'avant dernier morceau, et dernier possédant un texte, arrive sur un riff très
marqué bien que très lent, toujours. Ici, on parle de solitude, de décadence.
Le soleil n'est plus ce qu'il était, et idem pour la lune. Le narrateur est
seul parmi des statues, dans un immense jardin en décrépitude. Une litanie se
murmure parmi les vibrations et l'on songe au suicide. Ce suicide qui serait
délivrance, libération. Ce lieu est gorgé des mémoires des nombreux lâches, des
nombreux braves qui y ont succombé. Dans ce morceau on assiste notamment
à une belle accélération du rythme, la batterie se prenant alors en roulements
rapides de grosse caisse, avant de laisser place aux guitares seules. Le
morceau redémarre alors avec vigueur, délivrant la suite du texte et un ou deux
soli très bien exécutés. La mort clôt donc ce morceau, après le jugement du chœur,
dans une espèce de halo de douceur mélancolique et amère, aux sonorités acoustiques.
L'album se conclut alors sur un dernier instrumental, The Wreath (= couronne
funéraire). Un morceau de riffs lourds et placides, arrivant et repartant en
fondus, retournant dans l'obscur brouillard aveuglant de la pochette quasi
immaculée de l'album.
Cet album est donc une grande réussite du genre, particulièrement travaillée et
soignée, aux textes superbes mais aux morceaux laissant la part belle aux
instruments et à une certaine technicité.
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