Allez, puisque c’est vous, je veux bien vous le confesser : lors des premières écoutes, je n’ai pas réussi à apprécier ce nouveau
Mournful Congregation comme il se doit. Trop long, trop progressif, trop délayé, trop clair et optimiste dans les ambiances distillées, pas assez direct et intense... Trop, et pas assez en même temps en fait. Pourtant, si un groupe fait l’unanimité sur la scène doom internationale, c’est bien le trio d’Adelaide, qui s’est imposé dès 2005 avec l’incontournable
The Monad of Creation, alors, est-ce moi qui aurait un problème, ou
The Incubus of Karma, sixième album des Australiens, serait-il tout simplement moins bon que ses trois faramineux prédécesseurs ? Que peut-on dire de ce sixième album qui nous propose six titres pour pas moins de 79 minutes de musique ?
Le monolithe s’ouvre sur The Indwelling Ascent, une introduction instrumentale de toute beauté nous plongeant directement dans l’univers unique des Australiens, aussi triste qu’envoûtant avec ces guitares vibrantes au feeling d’un autre monde. Puis vient le titre éponyme, dont l’arpège acoustique vient nous bercer en douceur, s’enchâssant à la perfection avec les pleurs vibrants d’une guitare électrique virtuose, pour un morceau aérien et lumineux finalement assez loin de l’étiquette doom funéraire que l’on accole habituellement aux Australiens. Le fait que la piste soit entièrement instrumentale renforce ce côté éthéré et impalpable, comme sublimé par la limpidité de ces interventions solistes aux notes oniriques et stridentes semblant émaner d’un au-delà céleste. A ce stade, ceux qui ne connaissaient pas encore
Mournful Congregation ont dû comprendre qu’on était bien loin du metal minimaliste, catatonique et ultra dépressif de la plupart des hérauts du genre, The
Incubus Karma se composant principalement de longues plages instrumentales contemplatives et habitées.
Whispering Spiritscapes se fait d’emblée plus lourd et typique du style, avec ces guitares bourdonnantes nous ramenant brutalement sur - sous ? – terre, et la musique du combo se nimbe soudainement d’une aura de tristesse lancinante. Ceci dit, si le rythme lent, la batterie pesante et les guitares plaintives imprègnent l’auditeur d’une résignation contagieuse, les mélodies des six-cordes n’ont pas disparu, se faisant simplement plus traînantes et désespérées. Le morceau déroule lentement ses méandres sur 15,42 minutes, nous enfonçant profondément dans ce dédale d’émotions en clair-obscur à la musicalité surprenante et versatile que l’on pourrait presque qualifier de progressive.
Lorsque les premières mesures de Scriptures of
Exaltation and
Punishment résonnent, avec ces bruitages ambiant, puis ces guitares plombées accompagnées de ce premier coup de batterie à la pesanteur jupitérienne et du grognement abyssal de Damon Good, on sent que l’on est encore descendu d’un palier dans les profondeurs, et le froid, le vide et la désolation typiques du style se font immédiatement ressentir. Ceci dit, la musicalité propre aux Australiens revient rapidement habiller le morceau, avec ces guitares aux motifs à la fois mélodiques et mélancoliques, ces vocaux sépulcraux plus sentencieux que réellement effrayants et ce rythme qui s’extirpe de la catatonie habituelle pour nous donner quelque chose de lent, certes, mais de tout de même humain. On peut distinguer la fin de cette longue plage au spleen délicieux très gothique dans ses harmonies et à l’admirable arpège final qui nous jette dans une torpeur rêveuse.
Puis les claviers embrumés de The Rubayat, à l’aura sacrée, viennent nous plonger dans une méditation, leurs notes éternelles, graves et sentencieuses résonnant comme une prière oubliée qui partirait à l’assaut du temps. Enfin, c’est le titanesque A
Picture of the Devouring
Gloom Devouring the Spheres of Being qui conclut du haut de ses 22,05 minutes de majesté musicale, nous ébranlant en profondeur malgré son rythme neurasthénique : complaintes terriblement touchantes et lancinantes des guitares, passages acoustiques feutrés, ariettes intemporelles à la
Dead Can Dance, grêle de notes de six cordes qui chantent avec une voix presque humaine, comme animées d’une âme propre, le tout orchestré par le chant antédiluvien du père Damon… Beau, tout simplement.
Non, je l’admets, je n’avais pas réussi à rentrer dans cet album aux premières écoutes, ceci dit, il faut se rendre à l’évidence,
The Incubus of Karma est une fois de plus une oeuvre magistrale. Certains y verront des longueurs, d’autres se laisseront difficilement emporter par cet enchevêtrement de guitares qui vous portent de leur souffle léger dans des contrées immaculées, ou pourront être lassés de cette musicalité exigeante qui n’est pas monnaie courante dans le style. C’est un fait, comme à chaque fois avec
Mournful Congregation, cet album demande un vrai effort de l’auditeur : les Australiens ne font pas de la musique fast food, et comme souvent dans le doom, il faut laisser le temps au temps pour se laisser imprégner par la magie;
The Incubus of Karma déroule paisiblement ses ambiances toujours aussi uniques, entre transcendance et pourriture, exhalant ces relents sacrés de suaires aussi beaux que mélancoliques qui évoquent autant les rêves que la poussière. Une chose à dire, vivement le prochain enterrement que la congrégation ouvre à nouveau ses portes…
Je n'ai jamais tant accroché aux groupes de Doom Funéraire, mais cet album m'a agréablement surpris. Je me pencherai d'avantage sur leurs autres réalisations prochainement. J'ai entendu dire que The Monad of Creation était leur St-Graal.
oui tu peut clairement foncé sur l'ensemble de la discographie et surtout The Monad of Creation, pas un seul faux pas, tout est parfait de A a Z, de loin une des formations les plus interessante dans le genre.
Cet album peut parraitre convenu dans leur discrographie mais quelle maitrise
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire