Imaginez un barbecue entre un kangourou sous acide, un moine zen en pleine crise existentielle et un fan de
Meshuggah qui a oublié de prendre ses calmants. Voilà. Vous êtes à peu près dans l’univers de
Psykup, le groupe toulousain qui a décidé que les étiquettes musicales, c’était bon pour les pots de confiture, pas pour leur musique. Nés quelque part entre une blague potache de lycée et une furieuse envie de fracasser les codes du metal,
Psykup, c’est un peu comme si Frank Zappa,
Devin Townsend et South Park avaient monté un groupe pour faire danser des chèvres sous MDMA. Rien que ça.
Préparez vos oreilles, accrochez vos neurones car aujourd’hui, on plonge dans l’univers barré, déjanté et furieusement jouissif de ces trublions du "porn‘n’roll". Spoiler : personne ne sortira indemne, surtout pas le bon goût, mais il avait qu’à pas traîner par là.
Tout commence en l’an 2002, époque bénie des pantalons trop larges et des logos en flamme.
Psykup sort son premier missile intersidéral : Le Temps de la Réflexion. Mais ne vous fiez pas au titre, ici la réflexion dure à peu près 3 secondes avant de sombrer dans un chaos jouissif entre growl de grizzly, chant clair de hippie épileptique et riffs façon tondeuse à gazon possédée, un album devenu culte, parce que personne n’a compris ce qu’il se passait mais tout le monde a aimé ça.
2005, deuxième claque : L’Ombre et la Proie. Toujours aussi furieux, mais cette fois avec un côté plus sombre, plus mature… enfin, à leur manière. C’est comme si un prof de philo s’était retrouvé enfermé dans une cage avec un singe punk et un batteur en surchauffe. Mention spéciale à “Love Is
Dead” : une balade d’amour qui donne envie de casser des meubles (mais avec passion, hein).
2008 :
We Love You All, double album, double migraine. Là, c’est open bar : metal, funk, jazz, disco post-apocalyptique et probablement une reprise mentale de l’hymne bulgare si on écoute bien à l’envers. C’est un ovni, c’est brillant, c’est psyko. On ne sait pas si on doit danser ou appeler un exorciste, mais on y retourne.
Petite pause après ça (sans doute le temps de faire réparer les amplis ou les cerveaux) et puis Ctrl + Alt + Fuck débarque en 2017. Oui, le titre est déjà une déclaration d’amour au chaos. Ici, le groupe revient plus incisif, plus concis, mais toujours aussi perché. C’est du
Psykup en 1080p, plus net, plus violent, avec toujours ce mélange de brutalité technique et de second degré qui rend tout ça délicieusement malsain.
Et enfin, 2021, le petit dernier :
Hello Karma !. On pourrait croire à un album de yoga ou à une appli de méditation, mais non : c’est une nouvelle mandale sonore, plus politique, plus grinçante, toujours 100 % made in
Psykup. Les mecs ont grandi, mais ils n’ont clairement pas rangé leur camisole.
Alors là, attention :
Psykup revient, mais ce n’est plus pour rigoler. Enfin si, un peu. Mais pas trop. En fait… c’est compliqué. Avec
The Joke of Tomorrow, les Toulousains nous balancent un album qui, derrière ses grimaces et son groove schizophrène, sent fort la gueule de bois du monde moderne. Dès les premières notes, on sent que quelque chose a changé. Le son est toujours massif, le chant toujours bipolaire (growl VS voix claire, le duel éternel) mais y’a une forme de gravité nouvelle qui plane comme si les joyeux drilles du "porn'n'roll" avaient maté les infos pendant un confinement de trop et décidé qu’il était temps de brailler pour de vrai.
Musicalement, on reste dans le mélange explosif : metal technique, groove assassins, envolées jazzy qui déboulent comme un kangourou dans un magasin de porcelaine. Mais cette fois, derrière le chaos sonore, il y a une vraie philosophie de vie qui s’invite au banquet.
The Joke of Tomorrow, ce n’est pas juste un gros doigt tendu à l’absurdité du monde, c’est aussi une tape dans le dos pour te dire : “Allez, relève-toi, c’est pas fini”. Chaque riff, chaque cri, chaque passage dissonant devient un petit manuel de survie émotionnelle. L’échec ? Une étape. La perte ? Une leçon. La souffrance ? Un trampoline vers le mieux. On n’est pas dans le pathos : on est dans le “ça fait mal, mais on avance quand même”, toujours avec cette ironie salvatrice, cet humour comme dernier rempart contre le naufrage. Finalement,
Psykup revient ici à ce que leur nom a toujours suggéré sans trop le dire : la psyché, oui, mais en apesanteur, vers le haut, toujours.
Premier round : “I
Will Let You
Down”. Et spoiler : non, ils ne nous laissent pas tomber. C’est le morceau qui débarque comme un éléphant en Doc Martens dans une salle de yoga, une baffe « deathcore » des familles, growls abyssaux, riffs qui hurlent vengeance, moshpit mental garanti. Si t’as encore des meubles chez toi après l’écoute, c’est que tu n’as pas mis le son assez fort. C’est brutal, c’est tendu, c’est
Psykup version "j’ai oublié ma camomille et je vais tout casser". On adore.
Changement total de décor avec “Same Player” : ici, on troque les poings contre des manettes. Le morceau est un petit bijou nostalgique pour tous ceux qui ont passé leur adolescence à hurler sur un
Game Over avec une ambiance 8-bit, des synthés rétro et toujours cette touche d’absurdité contrôlée qui fait mouche. On se croirait dans un Mario hardcore, où Bowser aurait rejoint
Cannibal Corpse, le tout bien sûr saupoudré d’un groove sucré-salé qui file la banane. High score assuré.
Puis vient “Death In The Afternoon”, morceau étonnant aux accents orientalisants, presque hypnotiques. On y entend des sonorités arabesques entremêlées au chaos contrôlé typiquement Psykupien, une sorte de mille-feuille sonore entre désert brûlant, mirages psychédéliques et baston instrumentale. C’est le genre de piste qui te fait danser et douter de ta santé mentale en même temps, franchement, c’est magnifique comme une hallucination dans un hammam.
Mais bon, tout n’est pas parfait non plus – même les clowns dérapent parfois sur une peau de banane.
Prenons “Bigger Than
Life”. Une tentative un peu trop sucrée, presque pop-mélodramatique, qui déborde de refrains mielleux et d’arrangements léchés. On comprend l’idée, on salue le pari, mais ça colle un peu aux dents. On a connu
Psykup plus mordant. Là, ça sent la confiture sur canapé, quand on espérait un bon vieux kebab sauce samouraï.
Et puis, “Fear Is The Key”, peut-être le morceau le plus… confus ? Un gros mix d’idées balancées dans un shaker sans dosage, le genre de piste où chaque instrument semble partir en voyage scolaire dans une direction différente. Y’a de l’énergie, des breaks intéressants, mais on s’y perd un peu. Ce n’est pas mauvais, c’est juste… bordélique, un peu comme une réunion de famille où tout le monde parle en même temps, y compris le chien.
Au fond,
The Joke of Tomorrow, c’est un peu le gâteau d’anniversaire d’un groupe qui souffle ses 30 bougies avec un lance-flammes, un disque qui ne cherche plus à faire rire pour éviter de pleurer, mais qui rit avec les larmes, en pleine conscience.
Psykup n’a jamais été un groupe facile à cataloguer – trop punk pour le metal, trop jazz pour le hardcore, trop clown pour les puristes et c’est tant mieux. C’est cette liberté totale, ce refus obstiné de rentrer dans une case (ou même dans un cercle) qui les rend si précieux.
Avec cet album, ils nous tendent une main couverte de cambouis et de paillettes pour nous dire : la vie est un cirque bancal, mais tant qu’on a un bon riff et un peu d’autodérision, on peut danser dessus. Oui, tout n’est pas parfait ici, certaines pistes dérapent ou laissent un goût étrange, mais au moins ils osent, ils dérangent, ils s’expriment et ça, en 2025, c’est déjà une forme de résistance artistique.
Alors longue vie à
Psykup, les poètes du pogo, les philosophes de la dissonance, les trublions de la disto parce qu’on a encore besoin d’eux pour rire du chaos, pleurer du beau… et tout péter avec panache.
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