Une brume de froid et d’épouvante.
C’est en ce soir brumeux d’
Halloween, fête de la Grande Noirceur, que
Zalys nous offre une de ses plus grandes offrandes musicales à ce jour :
The Haunted Moon. Un hymne à la nuit d’une implacable froideur, mais surtout d’une qualité incontestable. Sortez, que la Lune vous éclaire de sa lumière spectrale, que le brouillard fantomatique imprègne votre âme et que la noirceur vous pénètre les os jusqu’à la moelle. Soyez assurés que
Zalys ne sera pas là pour vous sauver, au contraire. Bienvenue dans un royaume d’épouvante, en ce 31 octobre.
Sur le disque, une énorme lune rouge et furieuse domine une forêt envahie par un épais brouillard. Non seulement nous avons ici une des plus belles pochettes de
Zalys (qui compte tout de même déjà quatre disques ainsi que plusieurs splits et EP), mais nous avons un avant-goût de ce qui s’en vient : nous ne serons plus dans l’espace, thème central et habituel chez l’artiste, mais bien sur Terre. Une Terre hantée où la nuit est perpétuelle. Le vide spatial omniprésent et écrasant qui entoure l’auditeur habitué à
Zalys sera remplacé par la brume qui dérive doucement vers nulle part et les spectres errants.
Dès la première minute de
Cemetery of
Forgotten Souls, premier titre de cet EP en quatre actes,
Zalys nous propulse dans une atmosphère d’inquiétude et de hantise. Cordes et nappes vocales, qui semblent danser chacune l'une autour de l’autre, se répondant et s’enlaçant, sont liées par une boucle mélodique très typée « film d’horreur ». En fond, une pluie nous indique que tout est désolé et triste. Aucune joie à l’horizon (sauf pour nos oreilles). Et même si nous nous sentons bien seuls sous cette pluie, au milieu de la nuit, le sommes-nous vraiment ?
Notre promenade continue avec Abyssus, un titre, disons-le, quasi parfait. D’Abyssus se dégage une malsainitude grandiose, comme si une sorte d’horreur indescriptible nous attendait au tournant de ce chemin humide et éthérique. Mais le titre n’est pas violent pour autant : il s’agit là de mélodies parfaitement choisies transmises par des bois (clarinette), des nappes de cordes, de superbes nappes vocales (vers la fin du titre, comme une longue finale révélatrice), saupoudrées d’une petite mélodie de piano assez agressive. Le choix des sons est génial, mais ce titre se démarque surtout par le rythme; tous les instruments nous bercent et bougent ensemble. Abyssus nous entraîne doucement vers le bout de notre chemin, mais il le fait avec une force que nous ne pouvons pas contrecarrer. Le terminus est dévoilé avec Post-Mordern Prometheus et JJ’s Diner, les deux derniers titres du disque, reprises de Mark Snow.
Véritable diptyque, les deux derniers titres sont courts, mais d’une rare intensité chez
Zalys. Post-Modern Prometheus est très rythmé et la mélodie, qui prendra cette fois toute la place, se déploie littéralement après une intro de nappes aplatissantes. Du jamais vu chez l’artiste. Le bout du sentier, c’est un cirque des horreurs, et vous n’en sortirez pas vivant. La brume se lève, le chapiteau apparaît. Les manèges sont vides, mais les esprits rôdent. Trop tard. JJ’s Diner est la suite logique de Post-Modern Prometheus; les morceaux se ressemblent beaucoup, mais se complètent. Les mélodies sont, en pratique, les mêmes, mais pour le dernier titre, une touche de mélancolie remplace l’aspect plus « violent » de Post-Modern Prometheus. Peut-être que dans ce cirque des horreurs, vous aurez votre place. Vous ne regretterez pas votre ancienne vie, mais la nuit est votre nouveau refuge. Pour le propos,
Zalys et Mark Snow nous suggèrent le même message, la même atmosphère. Mais sur le plan purement artistique, néanmoins,
Zalys a porté les titres de Mark Snow à un autre niveau, peut-être plus épique, plus rythmé, plus écrasant.
C’est donc avec une grande satisfaction que nous terminons l’écoute d’un disque surprise de
Zalys. L’artiste nous prouve ici qu’il (ou elle ?) sait rester en constante évolution, mais sans jamais perdre de la qualité musicale en route. La barre est plus haute encore. Pour
Zalys, le ciel étoilé percé par la Lune d’une blancheur furieuse est la seule limite.
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