Wandering Through Space

Liste des groupes Dark Ambient Zalys Wandering Through Space
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16/20
Nom du groupe Zalys
Nom de l'album Wandering Through Space
Type Album
Date de parution 24 Mars 2013
Style MusicalDark Ambient
Membres possèdant cet album4

Tracklist

Re-Issue the same year by Le Crépuscule Du Soir, in physical form.
1. Song of a Dying Planet 05:48
2. Wasteland 07:17
3. Into the Stellar Void 05:06
4. Neptune 02:27
5. The Singularity 08:03
6. Shipwreck 10:42
7. To the Core 06:05
8. Wandering Through Space 04:37
Bonustrack
9. Formatting...(A Dark Halo Cover) 09:13
Total playing time 57:58

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Zalys


Chronique @ Cannibal_Ferox

29 Juillet 2013

Un voyage grandiose au coeur du Vide.

La musique est une forme d’art tout à fait particulière.

Elle force l’imagination à créer des images, des lieux, des univers. Elle le fait en suscitant des émotions. Elle le fait en nous faisant réagir de façon cognitive à ce que nous entendons ou ce que nous écoutons. Dans les autres formes d’art, par exemple dans la littérature ou le dessin, l’imagination a aussi une grande place, mais elle est dirigée vers un endroit ou un autre par la force de la description. La musique nous prend moins par la main, elle nous laisse flotter dans notre propre monde, que nous créons à notre guise et dans notre for intérieur. C’est probablement (hypothèse personnelle) parce que l’humain est une créature utilisant le sens de la vue avant tout. Donc, lorsque celui-ci n’est pas suffisamment stimulé, l’imagination superpose toutes sortes d’images à la réalité en se basant sur la centralisation des indices envoyés par les autres sens. Voilà, ce qu’est la musique et voilà son but. Envoyer nos têtes ailleurs, par l’oreille, et la force de la pensée.

Le dark ambiant est une forme de musique qui pousse cette théorie très loin, en ce sens où l’image (imaginée) est tout à fait au cœur de la musique. Dark ambiant est synonyme de rêverie. C’est une musique totalement inspirante et stimulante, pour ceux et celles qui s’y abandonne. Bien entendu, écouter du brutal death peut aussi être très inspirant et stimulant, puisque c’est de la musique. C’est exactement la même chose pour tous les styles. Ce qui distingue l’ambiant (ici, sous sa forme dark ou drone pour les besoins de la cause) des autres, c’est la capacité à générer des images, mais pas forcément par une « imagerie » forte, dans le sens de violente ou forcée. L’ambiant est une musique qui peut être puissante, certes, mais qui doit surtout être subtile pour laisser le plus de place possible à l’auditeur.

Les bons créateurs de dark ambiant sont donc ceux, qui peuvent stimuler le plus notre imagination. Ce sont ceux qui ont la capacité de nous amener ailleurs, de nous arracher du réel par leur musique, le plus efficacement possible.

Ce qui nous amène à Zalys.

D’abord avec nos yeux, regardons ce disque. L’espace, l’immensité. Le vide. C’est sans doute là, dans l’infiniment grand que Zalys va nous faire voyager, où à tout de moins c’est manifestement son intention. Le titre de chacune des pistes est aussi révélateur. Nous irons aux confins du Nul-Part. Pas musicalement, entendons-nous, parce que Wandering Through Space est une œuvre de qualité, mais bien dans la rêverie qui s’annonce pour la prochaine heure.

Le voyage débute avec « Song of a Dying Planet », et il n'y aura pratiquement aucun répit dans l'angoisse que nous allons ressentir, jusqu'au titre éponyme. En effet, l'une des grandes caractéristiques de ce disque est ce que l'on pourrait appeler la continuité dans la singularité. Chaque piste a sa place, possède sa propre âme, et nous n'avons pas le sentiment de répétition ou de manque d'inspiration d'un morceau à l'autre. Chaque piste est une étape vers la suivante. L'impression qu'il y a une certaine réflexion derrière la disposition même des titres est bien présente, c'est une œuvre qui s'écoute donc en entier, d'un trait. Il ne s'agit pas d'une liste de pistes lancée au hasard, il y a un calcul intrinsèque à la composition d'une œuvre d'ambiant, et Zalys l'a fait. C'est un voyage sans joie ni espoir joie et la musique va bien nous le démontrer.

Dans l'ensemble, Zalys nous offre une musique simple, mais dense. La complexité n'y est pas (et de toute façon, la complexité n'est pas une qualité en soi en musique), mais il n'y a pas de vide ou de temps mort. Les nappes atmosphériques sont toujours bien présentes. Par contre il aurait été intéressant, dans certaines chansons, d'y laisser seulement ces nappes et d'éviter d'y ajouter des éléments sonores en premier plan. En d'autres mots, la pertinence de certains sons ou effets n'est pas évidente. Dans « The Singularity » par exemple, les nappes atmosphériques sont superbes et elles auraient eu beaucoup plus d'impact si elles avaient simplement monopolisé la piste. Mais il y a une sorte de son redondant et agaçant qui revient et nous sort de notre rêverie. Dans « To the Core », sans doute la piste la plus faible du disque, les nappes atmosphériques sont bonnes sans plus, mais il semble que les éléments qui viennent s'y greffer sont sortis d'un film de science-fiction des années 60. Comme l'ambiant est une musique qui demande une concentration particulière pour l'écoute, ce genre de détail est plutôt apparent, mais fort heureusement, même si le choix ou même la présence de certaines mélodies, sons ou effets est discutable, il n’en demeure pas moins que nous n'avons jamais l'impression de tentatives de remplissage facile de la part de l'artiste. Un piège majeur a donc été évité.

Cependant, sur la grande majorité des morceaux, Zalys réussit avec brio l'exact inverse. « Into the Stellar Void » (un titre énorme) ou chaque chose est exactement là où il le faut, dans une grande cohérence musicale. « Neptune », avec ses sonorités d'abysses sous-marins, probablement la plus atmosphérique du lot, pousse l'angoisse à un autre niveau, ses nappes écrasantes, ininterrompues par quoi que ce soit. La très dramatique « Shipwreck » en est aussi un exemple : les nappes sont bien grosses, et tous les éléments s'intègrent pour contribuer à la dérive dans le Nul-Part. Le titre éponyme met fin à une aventure sans issue, moins dramatique que « Shipwreck », mais plus noir, plus pessimiste. Il n'y a aucun espoir dans l'infini, aucune sortie possible. Le voyage se termine, mais ne se termine pas. La dérive est pour toujours, à jamais.

Durant cette perdition, il y a des endroits visités qui sont magnifiques musicalement parlant; « Into the Stellar Void », « Neptune » ou « Shipwreck » et d'autres un peu plus plats, tels que « Wasteland » (le titre nous indique que c'est sans doute voulu ainsi), ou « To the Core ». Mais au risque de me répéter, c'est là une grande force de l'œuvre : chaque titre est utile. La construction de l'univers de Zalys se fait à travers une écoute globale. Nous avons ici affaire à un ensemble, et non pas à un tas hétérogène. Il y a certes des moments moins intenses, mais le but ici n'est pas d’entraîner l'auditeur dans une montagne russe. Ce n'est pas le but de ce style de musique.

L'autre grande force du premier opus de Zalys se trouve dans le respect de l'auditeur, ou plutôt de son imagination. En effet, « À mesure que l’on lève les voiles de l’inconnu, on dépeuple l’imagination des hommes », nous a un jour appris Guy de Maupassant. Si la musique de Zalys nous tend un peu la main (un peu) et nous donne quelques indices sur un univers particulier, l’artiste nous laisse tout de même imaginer le décor pour la plus grande partie du voyage. Nous pouvons errer dans cette Espace, grand mais écrasant, sans que toutes les clefs et les réponses ne nous soient données. Une grande partie de l’œuvre de Zalys repose sur l’auditeur (normal, c’est de l’ambiant), et les voiles de l’inconnu restent, pour la plupart, bien en place. On veut nous amener dans l’Espace, mais l’Espace est suffisamment grand pour que chacun s’y perde à sa façon. En d'autres mots, c'est une musique extrêmement inspirante.

Un petit mot sur la dernière piste, qui est plutôt particulière. La reprise du titre de A Dark Halo, « Formatting... » est un bon titre sans plus, et est dispensable pour le voyage. Comme c'est une piste bonus, nous pouvons penser que même Zalys y a vu l'impertinence de l'insérer parmi les autres, tout en ayant le désir de nous en faire profiter. Par contre, les éléments centraux de la piste originale, c'est-à-dire la mélodie au piano et la très courte durée – un peu comme si A Dark Halo voulait nous faire vivre une grande émotion, mais spontanée et passagère, ont presque été complètement évacués. En effet, la reprise de Zalys fait plus de 9 minutes, alors que l'original fait moins d'une minute et demie, et le piano n'y est pas du tout mis à l'avant. La chanson originale est donc très dénaturée.

Voilà donc pour le premier effort de Zalys. Nous avons voyagé. Nous avons imaginé. Nous nous sommes perdus dans le vide, et l'Espace infiniment grand nous a écrasé. Dans le cosmos, le Nul-Part, nous n'avons aucun pouvoir. Il n'y aucune issu, aucune route de retour. La dérive est pour toujours et a jamais. Verdict : réussite.

16/20.

3 Commentaires

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Bloodyrain77 - 29 Juillet 2013: Un excellent disque qui m'a fait découvrir l'ambient et franchement j'ai adoré. C'est le genre de musique à écouté les yeux fermés en silence et on se laisse bercé par le fond insondable de l'espace.

Mes sincères félicitations à la compositrice (elle se reconnaitra ^^).
Matai - 30 Juillet 2013: Eh beh, je savais même pas que quelqu'un aurait l'idée de le chroniquer, celui-là. Belle chronique en tout cas, qui semble bien mettre le doigt sur les défauts majeurs.
Cannibal_Ferox - 31 Juillet 2013: Matai, il faut qu'en même préciser que le disque a beaucoup plus de qualités que de défauts :)
Bloodyrain : C'est tellement vrai que, personnellement, lorsque j'écoutais le disque (et lorsque je l'écoute encore), chaque bruit me déconcentrait complètement ! Il faut vraiment plus ou moins s'isoler du monde extérieur pour bien apprécier l'oeuvre
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Chronique @ taylor13

24 Novembre 2013

La musique de Zalys est captivante mais également intangible, exactement comme l’espace qui nous entoure.

«Dans l’espace, personne ne vous entend crier».

Cette phrase d’accroche bien connue était celle du film Alien, sorti en 1979. Près de 35 ans plus tard, cette phrase de ce film culte s’impose comme une vérité absolue : personne n’entend crier dans l’espace parce qu’il n’y a pas de sons, les souffrances se feront donc en silence.

«Wandering Through Space» de Zalys, autoproduit et édité chez Le Crépuscule du Soir, propose une vision un peu différente : l’espace est doté de sons mais personne ne vous entendra crier, tout simplement parce que vous êtes seul face au cosmos.

Projet d’une Tourangelle, ce disque de Dark Ambient à tendance spatiale et cinématographique est comparable à Lustmord (époque «Heresy» / «The Place Where the Dark Star Hang»), à Redshift (en beaucoup plus sombre), mais surtout à Sabled Sun ou encore à «Symphonies of the Planets» (véritables sons du spatiaux enregistrés et recomposés à bord de la navette Voyager).
Dans ce voyage proposé par Zalys, l’auditeur se retrouve spectateur d’un univers sur lequel il n’a pas d’emprise et dont il ne peut que contempler les confins.

Zalys sait éviter les pièges du Dark Ambient cinématographique, jouant sur l’absence d’orchestration de cordes, mais surtout et contrairement à un grand nombre d’artistes de Dark Ambient, elle n’utilise presque pas de sons organiques (et par là il faut entendre «issus d’un être vivant»). Il s’agit alors essentiellement des nappes, des drones et des tintements de cloches. Le synthétiseur est par ailleurs parfois utilisé dans son plus simple appareil afin de donner naissance à des thèmes discrets, mais néanmoins authentiques.

Qu’on se rassure, le contemplatif n’est au service que de l’aspect cinématographique : le cosmos est un endroit dangereux où les astres sont acteurs et interagissent entre eux.
Ainsi, «To the Core», dont le titre suggère une descente vers le noyau de l’un de ces astres, est un morceau à l’ambiance claustrophobique. Un tintement métallique étiré, évoquant de la tôle en train de se tordre sous la chaleur, et des grésillements plongent peu à peu l’auditeur à l’entrée du noyau, où brutalement tout s’arrête pour peu à peu reprendre les tintements comme si l’on sortait progressivement de ce noyau.
Au contraire, le titre qui le suit, «Wandering Through Space», est un regard sur l’infini. Pas de sol, pas de murs, pas de plafond, juste l’infini. Bien Zalys contredise ceci en plaçant des bruits de machinerie métallique en fond, comme si l’on se devait d’observer ceci depuis un vaisseau. Il n’en reste pas moins que les nappes d’ambiance sont clairement un appel à la distance, à la pureté et au gigantisme.

Dans ces deux exemples, l’auditeur se sent un peu dépassé par ce qu’il entend : la claustrophobie de «To the Core» et le gigantisme de «Wandering Through Space» laissent place dans les deux cas à un sentiment d’isolement et de défiance vis-à-vis de l’environnement sonore. Il s’agit là d’un effet de style un peu pervers, puisque la musique de Zalys est captivante, fascinante, mais également intangible, exactement comme l’espace qui nous entoure.

C’est d’autant plus pervers que Zalys ne répond pas à la question «sommes-nous seuls dans l’univers ?» en refusant catégoriquement d’introduire des sons organiques, à une exception près : «Into the Stellar Void». L’ambiance est d’emblée bien plus grandiose que les deux premiers morceaux qui ouvrent le disque et le son de cordes, presque désaccordées, rappelle celui de Jack Wall (le compositeur des deux premiers «Mass Effect»). Ceci introduit d’une part un véritable sentiment d’interrogation et d’expectation sur ce «vide stellaire» et d’autre part des effets sonores similaires à ceux des vaisseaux spatiaux dans les œuvres de fiction. Il y aurait donc d’autres organismes vivants dans l’espace. L’arrivée d’un thème musical au synthétiseur ne répond pas à la question, au contraire, et le morceau se termine en fade out, laissant le spectateur toujours songeur.

Il n’y a donc pas à proprement parler de sons organiques, mais la vie semble sous-entendue sur «Into the Stellar Void», tout comme elle l’est sur le morceau suivant, «Neptune», véritable introspection de la géante de glace, bordure de notre système solaire, dont l’eau et les glaciers s’entrechoquant viennent sonner à l’oreille de l’auditeur.

Le disque s’achève par un cover de «Formatting…» seul morceau entièrement ambient du groupe A Dark Halo. Repris, le thème au piano apporte un peu d’humanité, mais également de mélancolie dans cet univers glacial et infini.

A la différence du spectateur transformé en explorateur de l’espace, Zalys connait chaque recoins de son univers et sait où elle veut emmener l’auditeur.
Celui-ci n’a plus qu’à accepter de se laisser guider par le cosmos, comme un corps à la dérive et passe de piste en piste comme s’il lisait les pages d’un journal galactique laissé à l’abandon.

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Hacktivist - 25 Novembre 2013: Effectivement, les avis se rejoignent et confirment la réussite de ce premier essai, qui m'aura également fait découvert le dark ambiant, musique que je n'avais jamais écouté auparavant. Ils auraient dû mettre ça comme musique sur le film Gravity, ça aurait eu plus de gueule.
taylor13 - 25 Novembre 2013: Haha^^ J'ai pensé à en parler de Gravity, ou des films de SF à tendance claustro (Alien justement, 2001, Apollo 13, Solaris...), mais ça aurait fait hors-sujet ou alors en accroche. Enfin si tu veux découvrir le dark ambient, je ne peux que te conseiller les groupes que j'ai cité. Pourrait s'y ajouter (mais ça n'avait pas lieu d'être dans la chronique) Atrium Carceri.
Cannibal_Ferox - 26 Novembre 2013: Superbe chro, on voit que tu t'y connais en dark ambiant, d'ailleurs je suis tout à fait d'accord avec l'ensemble de ton propos. Super album.
taylor13 - 26 Novembre 2013: Merci. Chose amusante j'ai commencé la chro' en me posant la même question que toi sur l'imagination/imaginaire et la musique. A mon avis, tu réponds parfaitement à la question en ce qui concerne le dark ambient (puisque le problème majeur de ce genre est qu'il est très difficile de le traiter d'un aspect de purement "technique").
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