Ce sextet néerlandais de Heavy
Metal nous offre ici un album à la fois plein de puissance et de raffinement. En son sein, la soprano mexicaine Marcela Bovio (ex-
Elfonia), officiant avec brio sur chacun des titres de cet opus, n'y est pas étrangère. On remarquera également la présence, discrète mais bien agréable, d'un quartet de violons, ajoutant ainsi une note romantique à un album déjà empreint d'une surprenante touche latino. C'est dire que l'ambiance musicale se veut souvent chatoyante, sans jamais apparaître mielleuse pour autant. Ce qui revient à conserver une petite flamme tout le long, à l'image de ce feu qui cherche à se propager mais qui ne s'embrase vraiment que sur certains morceaux.
Les titres typiquement Heavy
Metal ne manquent pas et nous plongent généralement dans une atmosphère enjouée et feutrée.
Dans ce contexte stylistique, on retiendra notamment "
Now Or Never", délivrant toute sa puissance instrumentale et sa subtile mélodicité, conférant ainsi à l'ensemble beaucoup de profondeur de champ. La partie vocale, pleine de nuances, contribue à asseoir ce titre parmi les plus aboutis techniquement de l'opus. Les refrains autant que les couplets y sont parfaitement taillés et nous conduisent tout droit à l'envoûtement. Dans un même mouvement, s'inscrit "Games we play". Le rythme se fait ici un peu plus rapide, sans y perdre pour autant en qualité mélodique. Les chûtes observées autorisent un repos relatif puisque, rapidement, l'énergie déployée au début du titre repart de plus belle. En guise d'introduction, "The Art Of
Loss" se cale sur le même schéma orchestral, mais avec plus de variations vocales, Marcela oscillant entre voix de tête et voix de gorge, le tout saupoudré de jolies vibes. Non moins intéressant, et toujours dans cette même ligne rythmique, le titre "Let Me In" se place parmi les plus complexes. Entraînant, sans se montrer trop addictif, ce morceau convainc par le contraste entre l'imposante machinerie Heavy et la présence d'un fluet piano lui répondant en écho. Témoignant ici aussi de subtiles cassures rythmiques, ce titre s'avère être un régal pour les puristes.
Dans une atmosphère moins ciblée HM, on trouve des titres comme "My Leader", à la rythmique plus légère et progressive et aux modulations vocales plus larges encore. Le tout nous invite à un savoureux soft drink latino! Dans "
Burn My
Pain", on est également davantage dans un univers rock progressif que dans le Heavy
Metal. On y perçoit d'ailleurs une petite touche du leader d'
Ayreon (A. Lucassen) pour un titre chanté en voix pleine et chaude. Enfin, le pulpeux "In
The End" ne peut pas non plus se placer parmi les plus HM de cet opus. Malgré cela, on a l'impression d'assister à un morceau "total". En effet, rien ne fait défaut : orchestration bien inspirée, mélodie soignée, arrangements au top, et bien sûr, voix hors pair de la diva, sur un joli titre, un poil commercial quand même. A titre de comparaison, il n'est pas sans rappeler, dans l'esprit, un certain "
Out in the Real World" de leur précédent album "
Embrace the Storm".
Pour les amateurs d'ambiances atmosphériques, ils ne seront pas en reste non plus. A l'écoute d'un "When You
Hurt Me The Most", on perçoit toute la sensibilité de l'interprétation pour laquelle l'accompagnement au piano ajoute à la magie qui se dégage de chaque mesure de ce morceau. Que dire alors d'un doux et progressif "Run Away" ? Là, la voix de la chanteuse, pleine de modularités et empreinte d'un soupçon d'angélisme se conjugue à la perfection avec la richesse des harmonies que ce morceau contient. Tout aussi émotionnellement fort, "Street
Spirit" permet d'apprécier encore davantage la maîtrise vocale de Marcela. Sur ce titre romantique, la progression s'opère en douceur d'un point de vue rythmique, ce qui permet une mise en relief de la montée de la voix, finissant très haut perchée mais tout en finesse. C'est avec quelques notes de douceur également qu'apparaît "All I Know". Très doux, bien équilibré, il parvient lui aussi à toucher nos émotions. On peut toutefois lui reprocher de manquer de longueur. En effet, 2 minutes pour convaincre, c'est peut-être un peu court!
Au final, cet album se démarque du précédent par une touche plus personnelle, moins formatée "Lucassen" mais apparaît globalement un poil plus commercial. On comprend donc que l'entreprise de séduction fonctionne à merveille, à l'instar du considérable travail de studio réalisé. Malgré cet aspect parfois gênant, le plaisir de l'écoute de cet opus reste intact. Pour ma part, la signature vocale de la chanteuse est bien identifiable tout comme le style général dans lequel ce groupe s'inscrit. C'est sans doute là, mais cela n'engage que moi, la marque d'un groupe de qualité qui cherche à s'affirmer et qui, de ce fait, pourra prétendre perdurer. Je ne peux que le leur souhaiter.
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