Après plusieurs années de bons et loyaux services chez le label anglais Earache Records, les thrasheux fous de
Municipal Waste signèrent courant 2011 chez le majestueux label
Nuclear Blast Records. Comme à son habitude, l’impressionnante armada marketing du label allemand aura donné naissance à un produit visuellement remarquable pour ne parler que de l’édition Compact Disc, enjolivée d’une superbe pochette signée Justin Osbourn, qui s’était déjà illustré en assurant notamment l’artwork de pochettes pour
Aborted,
Skeletonwitch ou le groupe de thrash danois
Essence, à l’occasion de leur album
Lost in Violence. Le concept abordé dans le présent dessin pourrait être celui d’un bon slasher cinématographique, mettant en scène des zombies à bord d’une station spatiale, de bonne augure quant on connaît les démentes sources d’inspiration de ces enfants terribles de Richmond en Virginie.
S’agissant de la musique, ce
Fatal Feast reste dans la lignée de ses prédécesseurs, bien que l’on ait remarqué déjà sur «
Massive Agressive » en 2009 une petite difficulté à se renouveler, et une tendance pour
Municipal Waste à privilégier majoritairement les tempos effrénés, quasi-épileptiques, une marque de fabrique du combo en dignes héritiers du punk-hardcore certes, mais qui ne s’avère pas toujours être la recette la plus percutante. L’opinion de votre serviteur ici, pas exhaustive de vérité, consiste à avancer que les titres les plus percutants du style
Municipal Waste sont souvent ceux qui relâchent le tempo pour rendre plus audibles les lignes de basse renversantes et métalliques, ainsi que le son tranchant de la guitare, cet ensemble se révélant finalement plus groovy et entraînant, à l’instar du style de groupes du genre comme Dirty
Rotten Imbeciles (D.R.I.) ou
Method Of Destruction (M.O.D.).
A force de vouloir redoubler d’énergie et d’enchaîner à vitesse canon les riffs endiablés sans prendre la peine de laisser reposer quelques passages plus groovy, beaucoup de titres de ce nouvel opus finissent par lasser et perdre l’auditeur. Notamment, les titres « Authority Complex », « Standards & Practices », « Crushing Chest
Wounds » et « The Monster with 21 faces » forment un cœur d’album poussif et répétitif, qui se traverse sans grand fun, et la même critique peut se cristalliser autour des titres «
Unholy Abductor » et « Residential
Disaster », à savoir des titres traditionnels de
Crossover, pas mauvais, mais convenus.
Cependant, de très bons titres renouent avec le thrash groovant et percutant des albums «
Hazardous Mutations » et «
The Art of Partying », grâce à un style bien plus Slashing, à l’instar de « Idiot Check », « New dead masters », « 12 Step Program » ou encore le monstrueux « Death Tax ». D’autres titres se démarquent également, avec « Covered in Sick / The Barfer » aux doux accents de «
Beer Pressure », l’excellent « Jesus Freaks » avec un développement similaire à « Wolves of Chernobyl », ou encore l’efficace « Repossession », avec toutefois un riff de couplet moins personnel, « emprunté » à
Gama Bomb sur « In the Court of General Zod » sur leur album
Citizen Brain de 2008.
Une innovation agréable revient à ces deux samples signées Steve Moore, bassiste du groupe Zombi, intelligemment placées sur l’album ; la première, la stressante « Waste in Space » introduit « Repossession », et la seconde, plus angoissante encore, sert parfaitement de tremplin pour «
The Fatal Feast ».
Enfin, il convient d’aborder les deux morceaux vedettes de cet album qui ont tous les deux fait l’objet d’un clip, avec donc en premier lieu «
The Fatal Feast », honnête single, qui traite d’une sordide histoire de cannibalisme entre les cosmonautes d’une station spatiale, et pour lequel le label et le groupe se sont donnés les moyens pour créer un clip gore déjà culte. C’est également sur les back vocals de ce morceau que
Municipal Waste fait appel à un invité de prestige, en la personne de John Connelly, guitariste-chanteur de
Nuclear Assault. En second lieu, « You’re Cut
Off », véritable brûlot thrash punkifié, est habillé par un amusant clip animé, réalisé par les belges Pierre Mousquet et Jérôme Cauwe de IMOV Studios.
En résumé,
The Fatal Feast, loin d’être exceptionnel reste un bon album de
Municipal Waste, mais pour les raisons évoquées plus haut, il pourrait s’avérer plus lassant et moins mémorisable que ses prédécesseurs, car il lui manque cet ingrédient, ce petit grain de spontanéité qui avait fait de «
Hazardous Mutations » et «
The Art of Partying » deux galettes cultes que les amateurs aiment encore aujourd’hui se repasser en boucle dans leurs platines.
14/20.
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