The Fading Ones

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15/20
Nom du groupe Aeranea
Nom de l'album The Fading Ones
Type EP
Date de parution 01 Août 2016
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album8

Tracklist

1.
 Nothing Left
Ecouter04:07
2.
 Any Other Way
Ecouter04:03
3.
 The Hours of Suffering
Ecouter03:37
4.
 Silence
Ecouter05:30
5.
 Prayers Die (2016 Version)
Ecouter05:59
6.
 Silence (Piano Version)
Ecouter04:06

Durée totale : 27:22

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Aeranea



Chronique @ ericb4

29 Août 2016

Un cruel manque d'audace artistique handicape un propos pourtant stimulant...

Venir taquiner Lacuna Coil ou Evanescence sur leurs terres gothiques reste un pari osé pour qui que ce soit. C'est pourtant ce à quoi s'est employé Aeranea, jeune quartet metal atmosphérique gothique allemand originaire d'Essen, depuis maintenant quatre ans. Déjà à la tête d'un sculptural album full length, « As the Sun Died » (2014), le combo teuton revient à la charge, deux ans plus tard, avec, dans ses cartons, un EP baptisé « The Fading Ones », auto-production de 6 titres en enfilade sur un collier de perles de 27 minutes. Année où, précisément, les Italiens de Lacuna Coil ont déjà fait entendre leur voix, avec l'envoûtant « Delirium », et où Delain, à l'instar de « Moonbathers » ; Epica, eu égard à « The Holographic Principle » ; Diabulus In Musica, à l'aune de « Dirge for the Arcons », s'apprètent à fair entendre les leurs. C'est dans ce contexte tendu que Christopher F. Kassad (lead guitare), Christof Maeyer (guitare rythmique), Felix Haun (batterie) et Lilly Seth (chant), venue en remplacement de Christina Vogt, nous convient à la découverte de compositions minutieusement échafaudées et à des textes finement écrits. Un bémol attire toutefois notre attention : la qualité de la production, témoignant d'un enregistrement lacunaire, d'un sempiternel sous-mixage des lignes de chant et d'une compression partielle de l'instrumentation au profit de claviers envahissants et redondants. Mais, pénétrons plutôt dans les arcanes de l'oeuvre en quête de quelques trésors cachés...

Le plus souvent, on est pris à la fois dans une jouissive tourmente atmosphérique et dans une grisante mais mesurée dynamique rythmique susceptibles d'éveiller d'authentiques plaisirs. Ainsi, on ne tarde pas à entrer dans le chaudron bouillonnant de « Nothing Left », mid tempo atmosphérique gothique progressif à la rythmique oppressante qui, d'entrée de jeu, nous renvoie aux harmoniques propres à Lacuna Coil. Une accélération soudaine du tempo doublée d'une intensification des frappes d'une double caisse, alors devenue le réceptacle désigné de tous les accès de violence percussive, nous embarquent dans une tourmente échevelée, presque sauvage. On a d'autant moins de raisons de quitter le navire que le tracé mélodique rarement s'affadit, enjolivé par les puissantes inflexions de Lilly Seth. On regrettera cependant l'omniprésence de nappes synthétiques étouffantes et un sous-mixage des lignes de chant, les noyant par moments au sein de la lave incandescente jaillissant d'une instrumentation survoltée, voire surinvestie.
Dans une même veine atmosphérique, un autre titre se hisse parmi les incontournables plages de cet opus. Aussi, un tourbillon synthétique nous assaille littéralement sur l'entame de « Any Other Way », plombant mid tempo aux riffs lipidiques, pour ne jamais nous lâcher d'un pouce. Toutefois, si les volutes oratoires de la belle peinent à prendre leur envol et qu'elles ne s'extirpent de l'emprise instrumentale qu'à tâtons, elles finissent par marquer de leur empreinte les couplets, nous poussant à y rester plus que de raison. A mi-chemin entre The Murder Of My Sweet, Elysion et Evanescence, il apparaît plus difficile encore de résister au magnétisme mélodique dont se parent les refrains. On comprend donc que l'on est aux prises avec un hit en puissance que n'auraient pas renié leurs propres maîtres inspirateurs.

Mais ce serait ignorer que le collectif allemand a d'autres atouts dans sa manche pour nous bluffer, et ce, par un stupéfiant tour de magie. Vénéneux, magmatique, et déjà présent sur la première livraison, en version remastérisée ici, « Prayers Die » s'illustre comme un temps fort du brûlot, assénant ses coups de boutoir, ses riffs sanguinolents et une section rythmique au taquet. Un refrain taillé sur mesure, aux faux airs d'un Delain de la première cuvée, soutenu par de saisissantes patines oratoires, déclenchera un headbang subreptice et l'irrépressible envie de réenclencher la touche 'play' de la platine cd. En outre, un break opportun laisse le champ libre aux incessantes déambulations d'une lead guitare, avant de voler en éclat sous le joug d'une émoustillante reprise sur la crête du refrain. Emouvant instant, s'il en est, mais dont la présence de quelques inutiles longueurs instrumentales à trente secondes de la fin de piste, hélas, atténue irrémédiablement son impact.

Plus encore, là où le combo décoche ses armes de séduction parmi les plus meurtrières touche aux moments plus tamisés. Ainsi, dans le sillage d'Evanescence, la ballade progressive « Silence », non sans originalité, déroule ses couplets cotonneux et, par contraste, ses refrains pulsionnels, pour une poussée anticyclonique des plus dévastatrices. Les reprises tout comme les cinglantes attaques à la lead guitare s'avèrent totalement maîtrisées. Dommage toutefois que le dégradé de l'intensité sonore s'opère aussi tôt, laissant près d'une minute d'une instrumentation certes opérationnelle mais s'étirant inlassablement, lui faisant perdre un peu de son aura émotionnelle. Une version écourtée, au piano, nous est également dispensée, laissant entrevoir de délicats arpèges, doublés d'un inopiné sample de voix en arrière-fond. Une belle profondeur de champ acoustique s'observe, permettant au maître instrument à touches de nous livrer un chapelet de gammes effilées, bien qu'un poil linéaires et suivant un tracé mélodique au final assez terne. Une manière relativement agréable, mais nullement indispensable, de refermer le chapitre.

Enfin, on pourra passer outre l'une des pistes, assurément le point faible de cette offrande. D'obédience électro-gothique, non sans rappeler Amaranthe, « The Hours of Suffering » n'a de cesse de faire onduler son serpent synthétique, asphyxiant au passage une orchestration pourtant délicieusement enfiévrée. Cette fois, le message a d'autant plus de mal à passer que les liaisons entre couplets et refrains sont floues et que la ligne mélodique se montre plus qu'approximative, ne parvenant que malaisément à atteindre son but. Si l'on appréciera néanmoins les flamboyantes impulsions de la déesse, elles ne suffiront ni à calmer notre faim de volupté ni à étancher notre soif d'émotions.

Est-ce à dire que là où l'art est naturel, les « copistes » s'avèrent souvent maladroits ? Pas tout à fait, eu égard à la juxtaposition de pistes plutôt avenantes, énergisantes, techniquement convaincantes, habilement mises en musique et joliment vocalisées. Mais pour espérer se démarquer d'une féroce concurrence dans ce registre metal à chant féminin, la sarabande teutonne devra véritablement élever le niveau de ses prérogatives en matière de finitions, d'enchaînements inter et intra pistes, et surtout penser à éradiquer de gênants effets de compression et soigner davantage ses arrangements. Par ailleurs, il lui faudra élargir sa palette atmosphérique et rythmique, faire preuve d'originalité et apposer une signature artistique à part entière pour que le collectif puisse tirer son épingle du jeu, voire pour ne pas sombrer prématurément et rejoindre, in fine, la liste déjà longue de tant d'autres naufrages. Un réel potentiel se dessine, certes, mais qu'il convient de valoriser, nos acolytes devant se laisser le temps de la maturité pour imposer leurs gammes et espérer aspirer nos âmes sans conditions. La balle est désormais dans leur camp...

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