Voici un split-CD fort intéressant regroupant deux des formations les plus originales et les plus créatives de la sphère black-métal, capables d'amener ce style vers des contrées jusque-là inexplorées.
En me retrouvant face à cette galette, je n'ai pas hésité une seconde : il me fallait l'acheter, sans même en avoir écouté une seule note au préalable. Notamment pour la raison que je faisais entièrement confiance à
Vrolok, au vu de la qualité de ses deux chefs d'œuvres que sont "
Soul Amputation" et "
Void". C'était aussi un bon moyen d'en savoir un peu plus sur ce mystérieux
Emit que je ne connaissais que de réputation, à savoir celle d'un groupe totalement inclassable et d'une musique aux atmosphères mystiques. Et puis ce n'est pas le genre de disque qu'on trouve à tous les coins de rue, et il ne fallait donc pas laisser passer l'occasion.
Et je n'ai pas été déçu !
On entre de plain-pied dans l'Etrange avec la première partie consacrée à
Emit, dans laquelle on évolue comme des explorateurs débarquant sur une terre inconnue, forcément surprenante mais aussi potentiellement dangereuse. En l'occurrence, le monde créé par le combo britannique est fait d'atmosphères éthérées et de chaos, de beauté et de laideur, de fascination et de répulsion.
Musicalement parlant, on navigue dans l'ambivalence entre d'une part, des passages ultra atmosphériques basés sur des voix incantatoires envoûtantes et respirant l'isolation et la solitude, des guitares claires, des claviers planants, voire des percussions tribales (comme sur "Iconoclastic
Renaissance "), et d'autre part, des passages agressifs et perturbants aux influences black marquées, mais traitées de manière originale, comme le très déstabilisant "Misguided Desires ", qui est un maelström de guitares mourantes (un peu à la manière de
Blut Aus Nord), de râles inhumains, de claviers lugubres et de divers instruments à cordes aux sonorités surréalistes, ou encore ce "Manifesting
Through Me" bruitiste au possible et aux rythmiques saccadées.
La première écoute s'apparente à une étape initiatique. On en ressort avec l'esprit embrumé, confus, ayant perdu tout repère, mais aussi avec la sensation d'avoir découvert un bijou véritablement unique. Un bijou d'une noirceur opaque et doté d'un pouvoir de fascination irrésistible. Et les écoutes suivantes ne font que renforcer ce sentiment.
Quant à la seconde partie consacrée à
Vrolok, elle est tout aussi passionnante, même si moins surprenante pour ceux qui, comme moi, sont déjà familier avec l'univers développé par le combo américain. Les cinq compositions présentées sur ce split sont dans la lignée de "
Soul Amputation" et confirment tout le potentiel créatif et tout l'éclectisme des goûts musicaux du chef d'orchestre Diabolus.
On y retrouve du black underground à l'inspiration burzumo-darkthronienne, mais également d'autres choses beaucoup plus étranges comme ce "Black Chemical Waltz" entièrement basé sur une batterie lead au rythme entêtant et quasi-rituel soutenue par des nappes de claviers bruitistes (et sans l'intervention de la moindre guitare), ou ce "
Heresy Divine" très typé Raison d'Etre avec des chants grégoriens sur fond de nappes dark ambiant, ou encore ces guitares claires égrenant des arpèges puant la désolation ("Inverse Devotion", "Between the
Astral Shades").
Alors, verdict de la confrontation entre ces deux groupes atypiques… ? Pour ma part, j'aurais bien du mal à déclarer un vainqueur, entre d'un côté la révélation
Emit, et de l'autre la confirmation
Vrolok.
Réservé aux amateurs d'excentricités musicales.
17/20
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