Bien que ne bénéficiant pas à l'époque d'une forte promotion, le premier opus des italiens de
Divine Codex leur permit de se constituer, par le biais de critiques peu nombreuses mais élogieuses et du bouche à oreille, une base de fans restreinte mais solide en attente d'une éventuelle suite. Ainsi, de retour après une tournée avec
Setherial, les géniteurs du groupe
Atum et Guh Lu purent bénéficier du soutien du label espagnol Mighty Hordes Productions pour enregistrer la suite d'
Ante Matter deux ans après sa parution. Composées entre septembre 2009 et septembre 2010, les neuf nouvelles pistes composant "
The Dark Descent" semblent avoir profité des problèmes de retard de signature et d'enregistrement pour pouvoir atteindre un stade de maturité certain. Un mal pour un bien, car si l'on considère que l'ombre du Black brutal suédois planait de la première offrande et perdure encore en partie ici,
Divine Codex a réussi à affiner son art d'une manière certaine et qui leur sied parfaitement.
En effet, après une courte introduction "Supreme
Catharsis Synthesized" met immédiatement les choses au clair en mélangeant avec un brio certain ambiance, violence et lourdeur, Guh Lu conservant le style qu'il avait sur
Ante Matter tout en aérant plus son riffing, n'hésitant pas à faire appel à une palette émotionnelle plus large tout en gardant l’agressivité et la rapidité attendues, tandis que le jeu de batterie de
Atum demeure aussi vindicatif qu'avant tout en développant des variations rythmiques plus importantes. Toujours aussi sombre qu'auparavant, l'atmosphère de
The Dark Descent diffère cependant de la dimension froide et opaque distillée par
Ante Matter en développant un aspect plus occulte, déchéant et envouteur, aidé en cela par les nappes de synthé de
Atum, surprenantes au premier abord, mais bien amenées et n'empiétant aucunement sur l'ensemble en tenant un rôle de décor macabre. En outre, impossible de ne pas mentionner l'évolution vocale de
Lord Mysteriis, revenu en tant que chanteur studio, et dont la voix bien plus gutturale et hargneuse que tantôt se révèle être un atout majeur pour le nouveau faciès des compositions et une pierre angulaire de l'album tout court. Par ailleurs, ici il n'est plus question d'
Attila et de ses envolées ambiantes glauques. Ce deuxième opus ne montre aucun signe d'interruption en dehors de quelques ralentissements et plans plus lents sur certaines pistes comme "Outer Source of Reality" dont l'intro aurait put figurer sur un
Belphegor récent, représentative du fait que le groupe n'hésite pas à apporter plus de break à ses compositions, même les plus courtes (le superbe "The Last
Sacrifice").
Bien heureusement, cet élément amputé ne nuit pas à la durée de l'album et on a droit à presque deux fois plus de temps d'écoute purement
Metal. Cette durée est d'ailleurs en partie acquise grâce à la présence de longues pistes de neuf minutes, exercice nouveau pour le duo compositeur qui avait de quoi intriguer l'auditeur lors des premières écoutes, mais force est de constater à l'écoute de l'excellent "
Journey Through Dying Dimension" que c'est une réussite, le mélange entre ce riffing de départ lugubre illustrant à lui seul le nom de l'album et ces transitions brutales et jouissives sont clairement parmi les moments les plus forts de l'écoute. On regrettera en revanche la position du long et plus contemplatif "Decrepitude
Enigma" qui aurait été une bien meilleure conclusion que le bon mais plus banale "The
Continuum Device", occasionnant ainsi une certaine perte d'intensité vers la fin, en dépit de la qualité du titre (sur lequel un guest live de
Belphegor et le guitariste d'
Ophiolatry viennent poser leurs soli). Sans non plus aller jusqu'à dire que c'est une mauvaise chose, cela reste dommage à ce stade de l'écoute, d'autant plus que "
Psycho Maze Vortex" n'apportera pas grand chose non plus en suivant, retardant quelque peu un final tout de même des plus valable.
The Dark Descent est sans conteste une évolution de qualité et qui porte bien son nom, jusque dans ses paroles plus orientées vers la décrépitude du monde et de l'homme. Peut-être surprenante sur certains points, mais force est de constater que l'essence musicale du premier jet est ici conservée et affinée et bien qu'ils ne renouvèlent rien
Atum et Guh Lu arrivent à mieux définir leur identité musicale et confirment l'existence et la force de leur potentiel décelé en 2009. Nul ne sait ce qu'il va avenir du groupe, leur promotion étant à l'heure actuelle encore assez faible, mais si la flamme qui les anime perdure on est en mesure de les attendre dors et déjà au tournant pour un troisième opus qui pourrait être vraiment considérable, surtout s'ils continuent dans cette voie.
"From the high spheres to the deepest abyss
A dark descent towards the light of the mind"
Bon ce serait bien de parler musique maintenant par contre.
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