Tears Laid in Earth

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17/20
Nom du groupe The 3rd And The Mortal
Nom de l'album Tears Laid in Earth
Type Album
Date de parution 21 Octobre 1994
Style MusicalDoom Metal
Membres possèdant cet album45

Tracklist

1. Vandring 01:40
2. Why So Lonely? 05:14
3. Atupoéma 04:42
4. Death Hymn 08:24
5. Shaman 03:29
6. Trial of Past 05:15
7. Lengsel 02:06
8. Salva Me 04:38
9. Song 06:38
10. In Mist Shrouded 05:38
11. Oceana 18:46
Total playing time 1:16:30

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The 3rd And The Mortal


Chronique @ Vinterdrom

12 Avril 2011

Une œuvre d'exception, à la dimension introspective, véritable invitation à un voyage au cœur des sp

C’est dans la parfaite continuité de leur premier EP "Sorrow" que les pionniers norvégiens du gothic / doom Surrender" data-toggle="tooltip" data-html="true" data-title="
The 3rd And The Mortal
The 3rd and the Mortal
">The 3rd and the Mortal ont sorti leur premier full-length "Tears Laid in Earth" en 1994, pour un doublé qui a fait date dans l'histoire de ce genre musical.

Continuité stylistique tout d'abord, "Tears Laid in Earth" associant comme son prédécesseur la force d'une base doom / death sombre à la caresse d’une gothic / darkwave esthétique, dans la lignée de ses ancêtres "Gothic" (Paradise Lost, 1991) et "Always" (The Gathering, 1992).
Révélant une personnalité diluant la rugosité originelle dans un océan d'atmosphères mélancoliques, cet album culte se pose également comme un parrain de la scène gothic / doom norvégienne en particulier (Theatre Of Tragedy et Funeral en tête) et du gothic metal à chanteuse en général (mais ça c'est une toute autre histoire, bien souvent écrite d'une plume nian-nian et eurovisionnesque, fort malheureusement).

Continuité temporelle ensuite, les deux enregistrements du sextet de Trondheim ayant été publiés fin 1994 par la maison locale Head Not Found avec à peine un tout petit mois d'écart. Sachant que les sessions d'enregistrement de "Sorrow" remontent à fin 93 et celles de "Tears Laid in Earth" à mi-94, le fait n'est pas anodin et montre clairement que The 3rd a galéré pour trouver preneur de son style si particulier, même avec un EP en poche.
Sur une musique d'obédience metal extrême (filiation lointaine mais néanmoins indéniable), l’usage du seul chant féminin lyrique pour assurer l'intégralité de la section vocale était tout simplement inédit à l'époque. Avant-gardiste, The 3rd l'est assurément et grâce à ses deux premières œuvres, a ainsi ouvert la voie à un certain "Mandylion" (The Gathering) qui va réaliser un carton l'année suivante.
De son côté, le label Head Not Found, bien que fondé depuis 1992 à l'occasion de la sortie du premier Alastis ("The Just Law"), eut toutes les peines du monde à démarrer et dut d’ailleurs patienter jusqu’à cette fin 94 pour véritablement se lancer avec la doublette de The 3rd et le mini "First Spell" de Gehenna (autre formation norvégienne évoluant dans un registre atmo, mais du côté black metal de la force).

Dans la même veine que son aîné "Sorrow", "Tears Laid in Earth" s’appuie sur une alliance entre compositions gothic / doom à l'assise résolument metal ("Trial of Past", "Salva Me") et instants purement atmosphériques au climat enivrant. Tous les éléments nés sur l'EP se retrouvent grandis sur l'album, la facette acoustique intimiste de "Sorrow" se projette sur les dramatiques "Why So Lonely" et "Atupoéma" nous plongeant dans un recueillement des plus poignants. Grandis et magnifiés, à l'image de l'homérique "Oceana" dont le captivant "Silently I Surrender" n'était pourtant qu'un avant-goût. Du haut de ses presque 20 minutes, "Oceana" évoque la force tranquille de l'océan, son calme apparent parfois traversé de grondements déferlants, son aura mystérieuse, fascinante mais aussi vaguement inquiétante, s'achevant sur un irrésistible chant des sirènes.
En parlant d'enchanteresse propre à damner un saint, Kari Rueslåtten excelle à délivrer des vocalises comme des sortilèges charmant l'auditeur, s'illustrant autant dans le registre lyrique que dans les mélopées folk ésotériques. Ainsi, le bouleversant "Death Hymn" s'impose comme un modèle d'hymne funèbre, tandis que l'ensorcelant "Shaman" met en exergue des influences darkwave au travers desquelles l'on peut entrevoir le royaume du soleil mourant d'un certain Dead Can Dance, tout comme lors des séquences "Vandring" (a capella) et "Lengsel" où l'on ressent l'effleurement d'une âme errante. Kari éclabousse l'ensemble des compositions de son Karisme (si j'ose dire), jamais chouinante toujours séduisante.

Les guitaristes font merveilleusement corps avec la virtuose vocaliste, grâce à un jeu tout en subtilité, très sobre sans nullement tomber dans le piège du démonstratif. Le trio Finn-Olav Holthe / Trond Engum / Geir Nilsen, totalement en symbiose, s'y entend pour varier les sonorités, qu'elles soient électriques, claires ou sèches, selon des enchevêtrements aussi riches que respirant de plénitude, admirablement mis en valeur par une production parfaitement équilibrée, à la fois opulente et limpide. Supportant une part essentielle des ambiances, sans recours massif aux claviers (seulement employés de manière occasionnelle), leur fin ciselage trouve son point d'orgue sur l'immersif "Oceana". Un morceau de bravoure précédé d'un "In Mist Enshrouded" où la sérénité le dispute aux tourments, non sans que la formation ne se soit au préalable aventurée sur des territoires new-age, avec le minimaliste et contemplatif "Song" que n'aurait pas renié un certain Brian Eno sous certains aspects.
Le bassiste Bernt Rundberget n'est pas en reste, les pulsations envoûtantes de sa 4 cordes ayant une place de choix dans le mix, délivrant un sang inspiré aux sens avivés. Quant au batteur Rune Hoemsnes, sa manière s'attaquer la caisse claire et de produire les roulements, non contente d'établir un appui rythmique consistant, montre que les racines metal de The 3rd sont bien présentes et solides, malgré le rendu très éthéré de l'ensemble.

Il est étonnant de constater à quel point le groupe réussit à atteindre un aussi fort degré de maturité aussi tôt dans sa carrière, d'autant si l'on considère son style aussi singulier et sa personnalité aussi hors-norme. C'est ni plus ni moins qu'un authentique talent qui s'exprime ici, par le prisme d'une interprétation aussi techniquement irréprochable qu’émotionnellement touchante. Aucun couac ni faute de goût ni trait grossier ni caricature ne vient entacher ce mirobolant tableau tout en tonalités automnales que constitue "Tears Laid in Earth".
Une œuvre d'exception, à la dimension introspective, véritable invitation à un voyage au cœur des sphères sensorielles. L'unique album de l’ère Kari Rueslåtten correspondant à la courte (mais intense) période gothic / doom des norvégiens, leur fibre exploratrice les poussant par la suite à aborder des rivages toujours plus étranges, expérimentaux et ambiants, qui jamais ne trahiront leur brillant savoir-faire originel … et original.

5 Commentaires

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Atmosfear - 12 Avril 2011: Merci pour cette chronique, que je n'ai pas trouvé le temps de faire, craignant d'être en dessous du propos (et de l'album surtout). Cet album a en effet un charme mélancolique, une gravité et une urgence à la fois qui faisait mouche, tous aspects que les albums suivants, pourtant de très bonne facture, auront moins à mon sens (et le départ de la première chanteuse Kari n'y est pas pour rien...). Encore aujourd'hui, en le comparant à nombre d'albums dirons nous "à chanteuse" (je sais l'expression est moche, mais bon...)il s'avère bien supérieur dans son ouverture musicale et son exécution à nombre d'albums. Sa dimension atmosphérique a semble t"il eu également beaucoup d'influence (...). Si cette "urgence" a aujourd'hui disparu dans le chant de Kari Rueslatten- en témoigne son album solo d'il y a quelques années- elle aura eu au moins le mérite de démontrer que le métal norvégien pouvait aussi "être ça"...Par moments, certains groupes aujourd'hui m'ont semblé faire renaître cette flamme, mais jamais avec autant d'à-propos (surtout sur tout un album, et de longueur conséquente. A écouter parallèlement au EP "Sorrow" taillé dans le même diamant....19/20
steelhardos - 14 Avril 2011: Onirique et d'une beauté sauvage.

Le chant est juste sublime ! Il y a aussi ce son bien épais qui marque et ajoute à l'originalité de l'oeuvre je trouve.
Vinterdrom - 15 Avril 2011: Oui, un son très organique et naturel.
Bien loin des productions metal goth artificielles et aseptisées qui viendront plus tard par flopées (je vise surtout l'après 2000).
 
Pomme - 24 Mai 2013: Oh, que c'est beau !! Comme quoi c'est en fouillant loin dans la caverne qu'on découvre les trésors...
Oh ! Mon Dieu ! En écoutant "Atupoema" je viens de comprendre d'où The Gathering tiens "Confusion" (Nighttime Birds), parce que la musique est LA MÊME en différent, le chant aussi... The Gathering, vous êtes mes amours mais j'ai bien envie de hurler au plagiat...
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