Paradox, c’est tout simplement les géniteurs du très estimé
Heresy, paru en 1989, dont on parle encore très régulièrement, qui est considéré comme le chef d'oeuvre de cette formation et l'une des meilleures production de l'époque à sortir d'Allemagne. C’est aussi un groupe qui a connu quelques arrêts au stand prolongés (1989-1999 puis 2001-2006) pour des raisons diverses dont les problèmes de santé de Charly Steinhauer. C’est aussi le groupe dans lequel ont sévi pendant un temps les frangins Holzwarth, dont on peut citer
Blind Guardian/
Sieges Even pour le bassiste
Oliver et
Rhapsody/
Blind Guardian/
Angra pour Alex, le batteur.
Fort d’un deal avec AFM signé en 2000,
Paradox nous revient avec un
Tales of the Weird impressionnant à tous les niveaux. Que ce soit au niveau du son, de la production, des compositions et de l’exécution de celles-ci d’ailleurs.
L’artwork est lui aussi une réussite. C’est Claudio Bergamin (
Made Of Hate,
Circle II Circle,
Criminal,
Magica, etc) qui s’y est une fois de plus collé, ayant déjà réalisé quelques travaux pour
Paradox.
Et c’est Charly Steinhauer, le leader du groupe qui s’est chargé de l’enregistrement tandis que V. Santura aux Woodshed Studio s’est occupé du mix final.
On peut aussi noter les apparitions de
Bob Katsionis (
Firewind) et de Gus Drax (
Sunburst) sur l’album.
On commence par une intro très classique dans le fond puisque que de la guitare acoustique vient se poser sur un orage et ses grondements lointains. S’ensuit la montée en puissance habituelle, jusqu’au départ proprement dit du premier morceau.
Qui arrache.
Celui-ci s’étalant sur presque 10 minutes, on a ainsi une vue d’ensemble de ce que peut nous proposer
Paradox.
Un mot sur la voix du chanteur guitariste, Charly Steinhauer, qui est très proche de celle de
Satan, le groupe anglais issu de la NWOBHM, avec un petit coté passé à l’émeri bien sympathique. Elle se marie parfaitement à la puissance que dégage l’ensemble des compositions présentes sur cet opus.
Pas de montées dans les aigus ou très peu et des mélodies vocales toujours bien trouvées. Certains morceaux se démarquent au niveau du chant en s’éloignant du coté rocailleux (Brutalized,
Brainwashed, Slashdead, A Light in the Black),
Paradox ne nous inonde pas de chœurs grandiloquents ou guerriers mais a su parfaitement les placer pour donner plus de force encore à quelques parties de sa musique (Fragile Alliance, Escalation). Il y a quand même une ou deux exceptions comme sur le final de Escalation et sa partie typée chœur d’église.
On est la plupart du temps dans un Thrash/Speed puissant, rapide mais aussi mélodique. Certaines parties sont plus aérées, moins rapides, plus techniques, lorgnant vers un Thrash limite Prog de très bonne facture (
Tales of the Weird,
Brainwashed)). On a évoqué
Satan un peu plus haut pour le chant mais il s’avère que la musique en est aussi parfois relativement proche (Escalation).
L’album comporte aussi des titres moins rapides avec beaucoup de changements de tempo qui nous ramènent une fois de plus vers le Prog (Fragile Alliance,
Tales of the Weird, A Light in the Black), mais aussi des morceaux plus directs, sans fioritures (The Downward Spiral).
L’utilisation des deux guitares se fait en toute complémentarité. Si, sur la plupart des rythmiques, elles sont à l’unisson pour créer un mur sonore en béton, elles n’hésitent pas à se dissocier, l’une restant sur des accords puissants pendant que l’autre tricotouille quelques mélodies bien senties. Quelques petits riffs viennent aussi se greffer dans les rythmiques, cassant la linéarité et la répétitivité de celles-ci (
Tales of the Weird). Ces parties instrumentales sont bien amenées, techniques mais sans trop d’esbroufe et dans lesquelles on peut entendre que ce ne sont pas des manchots du manche quand même.
Reste
Zeitgeist qui est à part dans cette tracklist de folie et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que c’est un titre très court que l’on aurait pu utiliser comme introduction d’album comme le font souvent certains groupes comme
Testament ou
Forbidden. Ensuite parce qu’il est essentiellement acoustique (au vrai sens du terme et de l’instrument) au niveau des guitares.
A noter aussi l’excellente reprise survitaminée de
Rainbow, A Light in the Black qui fait office de bonus japonais. Si bien sur,
Paradox y met une touche personnelle de grande classe, ils ont su en respecter l’essence même et ainsi rendre un bel hommage à Ronnie James
Dio, là ou d’autres n’ont vu en son décès qu’une occasion de se remplir les poches...La partie de claviers que l’on doit surement attribuer à
Bob Katsionis (
Firewind) est tout bonnement une merveille.
Pour finir, il n’y a pas de révolution à attendre de cet opus, mais ses qualités en font une des réussite niveau sorties Thrash de ces derniers mois. On peut dire que ce
Tales of the Weird est une excellente passerelle entre un son très moderne et actuel et des titres qui utilisent les recettes du passé au niveau de leurs structures.
Les titres les plus rapides étant les meilleurs pour moi, un peu à l'image des albums que je connais d'eux. Mais du tout bon.
JimiH : Oui pour l'apport de Muezner, très pertinent !!
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