Nous ayant laissés sur le souvenir ému de son introductif et dantesque album studio, «
Tales of Bards & Beasts », l'inspiré mais prudent sextet madrilène ne réapparaîtra pas moins de trois années plus tard... Le temps pour lui de peaufiner la production d'ensemble et de sculpter avec délicatesse chacune des portées de son second opus de longue durée, «
Tales of the Seven Seas », signé, lui, chez le puissant label italien Rockshot Records. A l'aune d'un set de quelque 14 compositions égrainées sur un ruban auditif de 58 généreuses minutes, témoignant en outre d'une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut, nos corsaires sont-ils désormais en mesure de mettre à mal l'arsenal défensif de leurs si nombreux opposants ?
Plus encore, peuvent-ils dorénavant caresser l'espoir de se hisser parmi les valeurs montantes d'un registre metal symphonique à chant féminin toujours en proie à une féroce concurrence ?
Resté fidèle à ses aspirations premières, le combo ibérique nous immerge au cœur d'un metal mélodico-symphonique aux relents cinématiques, heavy et folk, à nouveau dans la lignée de
Diabulus In Musica,
Lyriel,
Ancient Bards,
Against Myself,
Xandria,
Ex Libris et
Delain. Une orientation stylistique peu ou prou calquée sur celle du précédent effort, à l'image d'un line-up resté partiellement stable. Aussi, dans cette seconde épopée, nous embarquent désormais : Captain
Eleanor Tenebre, frontwoman au filet de voix apparenté à celui de Zuberoa Aznarez (
Diabulus In Musica, Tragul) ; Adrián "The Time Knitter" Carrero aux guitares ; Marc A. Brode (Baumart), en remplacement de Lara "Percia" Garrido, à la basse ; Paolo "The Bard" Andreotti (Sechem) aux claviers et au chant ; Jorge "You" Homobono (Sechem) à la batterie ; sans oublier la récente intronisation du growler et choriste Eduardo Guilló (Sun Of The
Dying). Avec la participation, pour l'occasion, de la puissante empreinte vocale de Fabio Lione (
Angra, ex-
Rhapsody Of Fire). Ce faisant, c'est à une traversée à la fois tumultueuse, palpitante et enivrante à laquelle nous convient nos seigneurs des mers..
Le collectif espagnol à nouveau interpelle par sa faculté à accoucher de ces séries d'accords qui longtemps vous resteront gravées en mémoire, à commencer par ses passages les plus houleux. Ainsi, passée la laconique entame instrumentale symphonico-progressive et cinématique, « Anuri », c'est à un véritable déferlement de vagues de submersion auquel devra s'attendre le chaland. Ce qu'attestent, tout d'abord, « The Northwest Passage » et «
An Ocean Between Us Part III - A New World », ''xandriennes'' fresques symphonico-progressives aux nombreux coups de théâtre ; mises en habits de lumière par les troublantes inflexions de la sirène et dotées d'un fringant solo de guitare, ces deux truculentes offrandes ne relâcheront pas leur proie d'un iota leurs 6 minutes durant. Mais le magicien a encore bien d'autres tours dans sa manche en réserve...
Quand le message musical se fait un poil plus concis, nos compères trouvent à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. Ainsi, à mi-chemin entre
Diabulus In Musica et
Lyriel, le jovial up tempo symphonique folk « Dunkirk Privateers » aspirera le tympan eu égard à ses riffs crochetés à et sa communicative et inaltérable énergie. Dans cette veine, glissant sur des couplets endiablés que relaye un entêtant refrain encensé par les cristallines patines de la princesse, le trépidant « The
Red Charade », lui, nous invitera à un pas de danse quasi ininterrompu. On ne saurait davantage éluder le ''therionien'' mid/up tempo metal symphonique «
Lies &
Ashes » eu égard à son infiltrant cheminement d'harmoniques et à sa magnétique triangulation oratoire, la belle partageant cette fois le micro avec les grunts caverneux de son acolyte et les toniques impulsions d'un Fabio Lione en pleine forme. Sans doute l'une des pépites de la rondelle.
Lorsque le navire ralentit un tantinet sa cadence, nos corsaires décochent quelques armes susceptibles de nous faire plier l'échine. Ce qu'illustrent, d'une part, « Vento Aureo » et « Hasard », mid tempi dans le sillage de
Diabulus In Musica ; jouissant d'un fondant refrain mis en exergue par les fluides patines de la belle, auxquelles répondent les growls ombrageux de son comparse, et d'enchaînements intra pistes des plus sécurisants, c'est d'un battement d'ailes que ces deux invitants méfaits nous retiendront dans leurs filets. On s'orientera, d'autre part, vers « Naupaktos » tant pour ses puissants et métronomiques coups de boutoir contrastant avec son léger tapping que pour ses soubresauts inattendus. Bénéficiant d'harmoniques finement échafaudés et mis en relief par nos deux vocalistes patentés, ce mid tempo power symphonique dans la mouvance coalisée d'
Against Myself et
Ancient Bards ne se quittera qu' à regret.
Quand les lumières se font tamisées, nos acolytes nous immergent volontiers au cœur d'un océan de félicité, nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ainsi, sous-tendue par une mélodicité toute de fines nuances cousue et un délicat picking à la guitare acoustique, l'aérienne et a-rythmique ballade « Samudr Ka Mandir » semble voguer sur une mer d'huile. Un instant privilégié où l'aficionado de moments intimistes pourra se laisser happer par un duo mixte en voix claires bien habité et évoluant à l'unisson. Pour sa part, « Leap of
Faith » se pose telle une ballade romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient reniée ni
Diabulus In Musica, ni Againt Myself, S'écoulant au fil d'une sente mélodique des plus grisantes sur laquelle viennent se greffer les délicates empreintes vocales de nos deux tourtereaux, le moment ouaté pourrait bien à son tour se jouer de toute tentative de résistance à son assimilation. Par ailleurs, telle une légère brise venue caresser les joues des voiles et encensée par les angéliques impulsions d'une interprète que l'on croirait alors touchée par la grâce, la ballade atmosphérique « The White Witch » est une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées. A la cinématique et laconique outro, « As Above, So Below », de former la marche, pianissimo...
A l'issue de notre périple, un doux sentiment de plénitude nous étreint. Se faisant tour à tour tonitruent, épique, jovial et romantique, cet opus n'en recèle pas moins une pointe d'élégance, ni une charge émotionnelle difficile à contenir. De plus, à l'instar de son illustre devancier, ce second mouvement jouit d'une ingénierie du son plutôt soignée, tout en se faisant diversifié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal. Variant davantage ses exercices de style et s'avérant plus immédiatement lisible que son aîné, ce sculptural effort nous renvoie toutefois encore volontiers aux vibes des maîtres inspirateurs du combo. Et rares encore sont les prises de risques consenties par nos six belligérants. De relatives carences, partiellement compensées par une technicité éprouvée et des arrangements de bonne facture, qui ne sauraient empêcher le combo ibérique, sept ans après sa sortie de terre, de se hisser parmi les valeurs montantes de ce registre metal. C'est dire qu'à l'aune de cette seconde et palpitante livraison, les corsaires viennent porter l'estocade...
Note : 15,5/20
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