Take Me Back to Eden

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16/20
Nom du groupe Sleep Token
Nom de l'album Take Me Back to Eden
Type Album
Date de parution 19 Mai 2023
Style MusicalMetal Atmosphérique
Membres possèdant cet album20

Tracklist

1.
 Chokehold
 05:04
2.
 The Summoning
 06:35
3.
 Granite
 03:45
4.
 Aqua Regia
 03:56
5.
 Vore
 05:39
6.
 Ascensionism
 07:08
7.
 Are You Really Okay?
 05:06
8.
 The Apparition
 04:28
9.
 Do You Wish That You Loved Me?
 04:00
10.
 Rain
 04:12
11.
 Take Me Back to Eden
 08:20
12.
 Euclid
 05:13

Durée totale : 01:03:26

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Sleep Token


Chronique @ Groaw

05 Juin 2023

Laissez-vous envoûter par les tentations d’un jardin d’Eden moderne et imprévisible

L’évolution musicale est un voyage fascinant à travers le temps, marqué par l’exploration, l’innovation et la diversité. Au fil des siècles, chaque époque a apporté son lot de changements et de nouveaux styles musicaux ont émergé. De la virtuosité et de l’émotivité de la musique classique jusqu’aux technologies de production musicale en passant par les improvisations audacieuses du jazz et l’énergie communicative du rock, la musique n’a jamais été aussi accessible aujourd’hui. Chacun de ces genres a apporté sa propre identité, sa propre culture ainsi que ses influences uniques, ce qui a permis de créer une mosaïque musicale diverse et passionnante. Les frontières entre ces vagues se brouillent de plus en plus et donnent désormais naissance à des expériences musicales hybrides et novatrices. Cette évolution musicale est dans un certain sens un reflet de la transformation de notre société, alimentée par l’expression créative, les inspirations culturelles et les aspirations de ses générations. Plus le temps avancera, plus la musique continuera de se réinventer, de nous surprendre et de titiller nos oreilles avec de nouvelles notes, voix ou émotions.

Dans cette approche musicale inhabituelle, les Britanniques de Sleep Token se distinguent en tout point. Avec une combinaison d’éléments rock, metal, pop, électronique ou encore R’n’B, le groupe a développé au sein de ses deux premiers opus un son captivant et atmosphérique singulier. Cette authenticité réside même dans le concept de culte mystérieux du collectif. En effet, chacun de ses membres, y compris le vocaliste Vessel qui est le seul musicien identifié, portent des masques et utilisent des pseudonymes, ce qui leur permet de se concentrer sur leurs expérimentations plutôt que sur leur identité personnelle. Ces essais se caractérisent par des mélodies émotionnellement intenses et une capacité déjà admirable d’alterner des passages doux et aériens avec des moments plus explosifs et puissants. Cette profondeur se manifeste grandement dans les travaux lyriques de la formation avec des thèmes comme l’amour, la perte, la spiritualité et encore la lutte intérieure. Ses influences, qui vont de Deftones à Tool en passant par Nine Inch Nails et Radiohead se ressentent fortement dans leurs compositions, tout en préservant une empreinte qui leur est propre.
Après deux disques où bon nombre de courants musicaux contemporains, notamment pop ont côtoyé des sonorités rock, metal, djent voire deathcore, le combo est de retour avec sa troisième parution intitulée Take Me Back to Eden. A l’instar de ses deux précédentes publications, plusieurs morceaux ont été dévoilés à quelques semaines d’intervalle et à plusieurs mois avant la sortie officielle de l’album. Ce choix de la part du groupe britannique permet une mise en bouche de son univers ainsi qu’une meilleure campagne pour ses publications. Tout particulièrement sur cette troisième galette, le contrat est amplement réussi avec plusieurs dizaines de millions de vues sur les plateformes de streaming, une popularité et une visibilité largement grandissante en comparaison à ses précédentes œuvres.

Ce retentissement, la formation britannique le mérite grandement, d’autant plus pour un album d’un tel calibre. Contrairement à ses prédécesseurs, Take Me Back to Eden ne doit pas être considéré comme une succession de titres mis bout à bout mais bien comme une histoire voire un scénario de film. Les expérimentations ne manquent pas, la liberté musicale semble infinie et les bouleversements au sein d’un même titre ne deviennent qu’une simple banalité. Cette sorte de désinvolture fait une force majeure des Britanniques … mais devient aussi leur pire ennemi à l’écoute de certaines compositions. Lors de la découverte de DYWTYLM, les sentiments sont partagés : l’utilisation de filtres vocaux de la part de Vessel est rafraichissant et le personnage affiche une sensibilité pop touchante, en totale adéquation avec des groupes ou artistes actuels tels que Bastille ou encore The 1975. Bien que la versatilité de Sleep Token soit louable, l’instrumental n’offre pas l’élégance attendue avec une absence criante de variété, des effets et des samples très redondants et surproduits et une mélodie dans son ensemble assez terne.

La sélection des singles n’est aucunement le fruit du hasard car ce sont bien eux présents au départ de l’album. Ce sont également eux qui représentent le mieux l’aspect mordant et claquant du combo britannique. D’ailleurs, la première partie du disque s’avère dans son ensemble assez métallique, imposante et fulminante tandis que la seconde se veut plus émotionnelle, mélancolique et chaude. Si le titre d’ouverture Chokehold annonce une sonorité distordue et une atmosphère résolument sombre, le tout sous une montée en puissance et en tension notables, elle n’en reste pas moins une composition plutôt « générique » dans le milieu de Sleep Token. Les guillemets ont leur importance puisque le morceau n’en demeure pas moins une bonne entrée en matière, seulement la stupéfaction en moins.
En termes de saisissements, notre regard se tourne largement vers la chanson suivante The Summoning, sans nul doute un des papiers les plus mémorables de cette galette. La mélodie peut compter sur des changements quasi incessants de tempo, des sections pondéreuses somptueuses représentées par un riffing djent gras, des breakdowns sulfureux et un screaming de Vessel déchirant. Le chanteur s’améliore sur ses phrasés, plus efficaces qu’à l’époque et sa capacité d’alterner entre voix suave et aérienne et palette grave est magistrale. Les autres musiciens nous livrent d’autres curiosités intrigantes et plaisantes comme ce solo de guitare et surtout cet outro funky et groovy qui nous prend totalement en contre-courant et produit une sensation de nostalgie.

Les Britanniques sont aussi capables de reprendre ces touches qui semblent venir tout droit des années 70 avec des structures progressives et une fusion audacieuse avec de la pop moderne et du jazz. Aqua Regia atteste de cette forme d’accessibilité et de variété, sans pour autant renier sa musicalité, notamment par ce solo de piano. En ce sens, le titre rappelle les travaux d’un certain Elton John dans une version plus modernisée. Là encore, la prestation vocale de Vessel est poignante, tout en finesse et en délicatesse. Vore, morceau le plus violent de l’opus, se démarque quant à lui par ses connotations blackgaze, principalement lors de son introduction avec des cris épineux, un ressenti assez similaire au chant de Chino Moreno (Deftones) et de Eva Spence (Rolo Tomassi) ainsi que son riffing djent.

La suite du disque a parfois tendance à s’essouffler et il ne sera pas rare de voir la formation s’auto-parodier. Ce n’est pas encore le cas sur Ascensionsim avec une drôle d’association de styles. D’abord dans une ambiance épurée et mélancolique, le titre bascule ensuite dans une section hip-hop/trap avec un rap de Vessels inattendu et très bien maîtrisé avant un nouveau renversement vers des résonances djent et des hurlements black. Le titre éponyme reprend exactement ce même modèle avec un final Meshuggesque tonitruant mais le ressenti est bien moins dithyrambique à cause de ses trop grandes ressemblances avec Ascensionsim. Le morceau final éclaircira un peu cette zone d’ombre avec son intro au piano et son côté Coldplay plutôt séduisant avant un retour de guitares saturées lors du refrain.
La production de ce Take Me Back to Eden n’est pas toujours irréprochable, qu’il s’agisse des instants féroces ou des moments contemplatifs. Ainsi, sur The Apparition, dès lors que les couches instrumentales s’accumulent, le chant se trouve totalement noyé pour un résultat quelque peu inconsistant. Il en est de même pour ces éléments électroniques, bien trop mis en avant qui rendent l’écoute moins agréable. Granite fait aussi partie des mauvais élèves sur sa section trap/hip-hop avec une mélodie très aseptisée, un peu trop propre par rapport à des sections similaires et dont la portée ne nous atteint pas véritablement.

(Il y aurait encore tant de choses à dire sur ce disque tant celui-ci se montre riche mais votre modeste chroniqueur pense avoir évoqué les principaux points de cette œuvre et ne voulait pas rendre cet écrit plus conséquent qu’il ne l’est déjà.)

Take Me Back to Eden est une sacrée aventure où le très bon aura tendance à côtoyer le moins bon, pour ne pas dire le médiocre. Certes, le groupe britannique essuie quelques revers sur cette troisième confrontation mais peu de formations peuvent se ternir d’une si grande association de styles (pop, R’n’B, trap, djent, deathcore, jazz, etc.) et d’arriver à un rendu peut-être perfectible mais qui n’en demeure pas moins futuriste, captivante et séduisante. Les critiques négatives qui pleuvent sur le collectif me semblent par ailleurs injustifiées tant l’album révèle d’une audace, d’une envie de briser les conventions et d’une authenticité que l’on ne retrouve presque nulle part ailleurs. Dans tous les cas, il ne me reste plus qu’à vous conseiller de jeter un coup d’oreille sur cet imposant ouvrage au moins par curiosité et de vous construire votre propre avis sur une réalisation dont on risque encore d’entendre parler d’ici les prochaines années voire décennies.

7 Commentaires

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Groaw - 05 Juin 2023:

Si j'ai au moins pu titiler encore plus ta curiosité, mon objectif est atteint ! Toi aussi tu regardes pas mal de chaînes react ? J'avoue que j'ai été aussi spammé par une multitude de réactions sur cet album avec dans leur ensemble pas mal d'éloges. Il s'avère que le disque les mérite amplement et j'espère que la formation va continuer sur ce chemin et ne pas se dégonfler aussi vite qu'un ballon de baudruche.

Haha, en vrai, j'ai mis le titre qui m'a le plus marqué et qui en effet, n'a strictement rien de metal. Mais si j'avais pu mettre d'autres morceaux en dessous, je l'aurais clairement fait :D

Eternalis - 06 Juin 2023:

Les chaînes React ça sent parfois tellement le Fake. Au final j'ai du mal avec l'intérêt de la chose ... Surtout quand on parle de gens pas connus dont l'avis "à chaud" n'a pas plus d'intérêt que les autres. Après moi et les Youtubers / Twitch & co ... Merde je suis déjà vieux laugh

 

Sinon oui j'ai vu bcp de négatifs. C'est du rap. De l'autotune. Au four. A brûler. Bref, je comprends totalement qu'on puisse y être réfractaire mais ça vole pas plus haut que ceux qui disent que la metal "ça crie et c'est du bruit". Donc ça me fait plus sourire qu'autre chose ..

Molick - 13 Juin 2023:

J'ai entendu 2 morceaux je crois, ça m'avait paru pas mal, mais assez clairement dans cette mouvance de mélange pop modern et metal (même en dehors du metalcore, Leprous, Zeal & Ardor, et beaucoup d'autres, avec plus ou moins de talent). Du coup je me dis que si l'album est plus varié que ce que laissaient entendre les morceaux que j'ai écouté ça peut être intéressant. J'essaierai donc d'écouter l'album en entier pour me faire une idée.

Par contre je suis en contradiction totale avec cette analyse : "En effet, chacun de ses membres, y compris le vocaliste Vessel qui est le seul musicien identifié, portent des masques et utilisent des pseudonymes, ce qui leur permet de se concentrer sur leurs expérimentations plutôt que sur leur identité personnelle."

Pour moi bien au contraire, ça ressemble plus à un effet marketing type Ghost qu'à une volonté d'anonymat, qui du coup peut pousser le groupe à plus travailler l'image que sur la musique. Ce n'est peut-être pas le cas ici, mais je me méfie instantanément de ce genre de pratique, qui peut souvent servir à faire passer un groupe qui propose une musique sympathique mais pas exceptionnelle à un groupe culte au succès démesuré (coucou Ghost). 

En tout cas merci pour la chronique, qui me donne envie d'écouter l'album, alors que mes premiers à-priori ne me motivaient guère !

Solahtar - 06 Septembre 2023:

J'avais pas commenté la première fois que j'avais lu la chronique.
 

Pourtant, je me surprends à revenir à l'album très régulièrement quand je ne sais pas quoi écouter. J'ai même ajouté Chokehold à ma playlist d'entraînement au chant (un des seuls morceaux tentables avec ma tessiture). Et étonnament, à chaque nouvelle écoute je trouve des nouveaux moments de grâce, comme si l'album avait compacté tellement d'émotions différentes qu'il pouvait répondre à n'importe quel mood et m'emporter systématiquement. Alors qu'à ma première écoute je m'étais presque ennuyé !

 

Du coup, je suis revenu sur ta chro' qui est super intéressante et les commentaires témoignent effectivement d'à quel point chaque auditeur a une expérience très différente de l'écoute de l'album selon sa sensibilité. Un grand album selon moi.

 

Merci pour la chro' !

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