Sunbather

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16/20
Nom du groupe Deafheaven
Nom de l'album Sunbather
Type Album
Date de parution 11 Juin 2013
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album51

Tracklist

1.
 Dream House
Ecouter09:14
2.
 Irresistible
Ecouter03:13
3.
 Sunbather
Ecouter10:16
4.
 Please Remember
Ecouter06:26
5.
 Vertigo
Ecouter14:37
6.
 Windows
Ecouter04:42
7.
 The Pecan Tree
Ecouter11:26

Bonus
8.
 Punk Rock / Cody (Mogwai Cover)
 

Durée totale : 59:54

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Deafheaven



Chronique @ Bakounine

26 Octobre 2014

Un phénomène ? Oui et Non. Une escroquerie ? Certainement pas.

Sunbather de Deafheaven, vaste dossier...
Ou comment un groupe catégorisé dans le black metal va voir sa popularité exploser, non pas par le milieu black metal classique, mais bien dans celui moins habitué aux blastbeats et autres harsh vocals de la musique alternative indépendante tendance dernier cri...


Pour autant, on ne peut pas dire que les californiens étaient forcément prédestinés à cette évolution de carrière, quand bien même leur guitariste-compositeur principal Kerry Mc Coy avait une gentille tête de geek, loin des apparats corpsepaintés de poseurs d'un autre genre. En effet, leur première mouture « Roads to Judah » de 2011 avait tout d'un vrai album de black metal aux aspects posts et évolutifs, certes mais bien loin d'être aussi easy-listening que les œuvres d'un Alcest, eux assez largement shoegaze et post-rock ; avec une production très brute : batterie blastée bien mise en avant et voix à type d' hurlement de banshees entre les passages plus ambiants, une galette qui si elle dégageait une esthétique certes assez éloignée des standards du Black Metal avait de quoi faire fuir le commun des mortels, non classiquement amateurs du genre.


Enfin, bref, avec la sortie de Sunbather, un phénomène de mode s'est emparé de Deafheaven, jusqu'à les faire devenir des chouchous chez les hipsters, avec la barbe, les cupcakes et les bagels. Si leur premier album sorti chez deathwish, le label du chanteur de Converge avait fait quelques émules et leur avait permis de tourner avec Alcest ou Russian Circles, la vague autour de cette nouvelle galette avait de quoi étonner, avec une situation qui n'était jamais arrivé pour un groupe de metal extrême, adulé par une scène qui n'est pas la sienne. Tout a commencé avec le média Pitchfork, sorte de bible pour la scène straight-edge alternative, spécialisé dans la hype et la nouveauté, relativement élitiste, n'écoutant globalement que des groupes que VOUS n'écoutez pas. Et bien, par quel miracle, cet album est parvenu leurs oreilles, je n'en ai aucune idée, toujours est-il que dans leurs esprits complexes d'anti-conformistes branchés anti-mainstream, intellos décalés et je m'en foutistes calculés (Paye tes néologismes rigolos) derrière leurs lunettes rétros gadgets, ça a fait ploutch ! Et après avoir mis une excellente note à l'album, et que je te les programme sur les festivals du magazine, y compris à Paris, au milieu de kyrielles d'artistes d'influences tout sauf metal, de l'electro pop psychédélique arabique d'Omar Souleyman au jazz ambiant mystique du saxophoniste Colin Stetson (vaste programme) pour au final même le nommer 26ème meilleur album de musique sorti depuis 2010, rien de moins...


C'est vrai que visuellement, l'esthétique de l'album était à peu prés plus-éloigné-tu-meurs du black metal : du rose pastel à l’extérieur, du jaune ambré chaud à l’intérieur, des écritures stylisées, des silhouettes épurées, des paillettes, le seul élément pour rappeler que c'est assimilable aux scènes extrêmes étant la marque deathwish... car au delà d'être d'un goût douteux voir extrêmement kitsch, cette pochette fait moins metal que le « Sleeping With Ghosts » de Placebo, que « Samedi Soir sur la Terre » de Francis Cabrel, voir même que le « Subliminal » de Maitre Gims... Mon dieu qu'est-ce que je suis en train de faire?


Musicalement, par contre, ce Sunbather n'est pas accessible comme peut l'être un « Shelter » ou les albums des Discrets, car là où ces derniers jouent un post-rock shoegaze pas si loin dans l'esprit d'un Slowdive par exemple avec des touches de black par endroit, tels que du blastbeat ou de la voix hurlée ; les californiens placent bien l’agressivité au centre des débats, un black metal violent et puissant voir même assez traditionnel par moment, mais avec des interludes ambiants et un esprit évolutif qui le lie assez naturellement à cette scène post-rock. Mais le constat est toutefois relativement simple, vous ferez plus aisément fuir votre belle-mère avec du Deafheaven qu'avec les productions d'Alcest.

L'album se compose de sept pistes, quatre vrais morceaux de black metal assez ambiant et tous longs d'une dizaine de minutes et des interludes ambiants acoustiques entre chaque morceaux black, eux même plutôt longs pour des morceaux de transition (3 à 6 minutes) assez varié mais tous épurés et doux que ce soit les lignes de guitares mélodiques entremêlées d' «Irresistible »  soutenues à la fin par un piano chaleureux, les bruitages électroniques variés d'un « «Please Remember » avec (cris de mouettes, son agressif de rem-bobinage) et Neige d'Alcest invité ici dans un registre récitatif limite slammé qui ne lui est pas habituel avant une deuxième partie à la guitare acoustique comme entre le « Hotel California » des Eagles et « Wish you were here » des Pink Floyd ou enfin les nappes ambiantes au synthé de « Windows » qui aurait pour le coup, gagné à être écourté. Mais du fait de leur longueur et de leur statut de vrais titres, ils ont l’intérêt double d'une part de permettre une vraie pause entre les morceaux de bravoure que constitue les morceaux black et donc de mettre l'accent sur la violence de ceux-ci et d'autre part, d'être des points de liaison comme une forme de ponctuation dans la « grammaire » de cet album qui a vraiment été pensé et construit comme un tout cohérent, là où « Roads to Judah » était plus un album « classique » fruit de la somme de 4 morceaux indépendants.

Mais le corps de l’œuvre reste constitué par les morceaux purement black, enfin « purement » n'est pas forcément le bon terme. Disons que l'on n'est sur du black pur ni traditionnel mais qu'il est impossible de les écouter et de conclure qu'il s'agit d'autre chose que de black metal, pas du shoegaze, pas un truc le cul entre deux chaises avec le post-hardcore à la Celeste ou The Great Old Ones, du vrai BM avec parfois même un coté primitif pouvant rappeler le old-Burzum, mais relatif, hein ! On est quand même globalement plus proche d'un truc évolutif à la Altar of Plagues ou Wolves in The Throne Room que d'un Darktrhone début-90.

Très rapidement, dés le début de « Dream House », l'auditeur est mis au parfum, un riff de guitare tranchant comme un coutelas, la batterie tenue ici par Daniel Tracy officiellement membre du groupe qui blaste comme un sourd, mais avec plus de nuances que sur l'album précédent et surtout la voix du chanteur, George Clarke qui hurle ses tripes tout du long d'un ton assez monocorde mais assez furieusement expressif. Il est en fait l'élément qui insuffle tout le désespoir et la négativité dans les titres, les arrangements et les parties instrumentales étant bien que mélancolique parfois assez lumineuses, même si le déluge de rage éclate régulièrement. En fait, loin de l'esprit nihiliste et haineux du BM classique, les éléments récurrents du black sont utilisés mais pour créer une atmosphère plutôt empreinte de désespoir et déchirante. Après, il y a en fait un vrai décalage entre ces deux cotés qui, je pense, peut gêner certains auditeurs, certains fans de black regretteront le coté parfois légèrement trendy de la musique là où nombre d'auditeurs de rock ne supporteront pas la double violence batterie-voix.

Le groupe ajoute d'ailleurs fréquemment des passages plus calmes, progressifs, comme sur « Vertigo », morceau le plus long et le plus représentatif de l'esprit de l'album, sur lequel la montée en puissance dure presque cinq minutes du morceau, avant que le tout s'emballe, là où au contraire un « The Pecan Tree » démarrera pied au plancher. Les morceaux sont tous sauf monolithiques avec une multitude d'atmosphère, fruit du talent de compositeur de Kerry McCoy mais réussissent à garder une cohérence globale tout comme l'album en lui même, on n'est pas ici dans de l'expérimental tape-à-l'oeil mais dans quelque chose de différent mais construit et cohérent, une ambiance, une atmosphère qui leur est propre, et c'est peut-être ce qui leur a valu l'affection soudaine autant que surprenante des Pitchfork et consorts.

Alors, qu'est donc ce « Sunbather » ?
Un phénomène ? Oui et Non.
Une escroquerie ? Certainement pas.
Une porte d'entrée vers le black metal pour des gens plus fans de scènes moins fermées ? Peut-être, en tout cas plus sûrement qu'un Alcest.
On peut critiquer la démarche un peu élitiste voir prétentieuse pour certains, la recherche de la différence pour le meilleur et pour le pire, mais force est de constater que les californiens ont trouvé réellement un créneau qu'il arpente pour le moment avec talent.
Si on ne saurait être aussi dithyrambique que Pitchfork, il serait dommageable que les auditeurs plus coutumiers de cette musique n'accorde pas à Deafheaven, l’intérêt réel qu'ils méritent avec cet album.

3 Commentaires

12 J'aime

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Silent_Flight - 27 Octobre 2014: Belle plume, merci. Ce groupe a cassé les codes du BM et je l'en remercie. C'est vrai qu'il attire davantage les hardcore kids que les fans de Mayhem ou d'Emperor mais musicalement, c'est bien mené et nuancé.
=XGV= - 05 Décembre 2014: Un album que j'écoute très régulièrement depuis que je l'ai reçu. Le style du groupe, le son des guitares, l'atmosphère, tout est vraiment très bien maîtrisé.

Un groupe adulé par les hipsters ? Peut-être et alors ? C'est pas parce qu'il leur arrive d'écouter de la bonne musique qu'il faut la rejeter.

Merci pour la chronique.
Alanternatif - 10 Mars 2016: On se met bien avec cet album!
Le temps de laisser les choses sur le côtés et de souffler !
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