Les hommes n’ont pas (plus) le monopole de la noirceur insondable. Prenez par exemple Merissa d’Erlette, blonde polonaise qu’on imaginerait pas de prime abord forger une masse sombre de musique organique ambient. C’est pourtant ce qu’elle fait, et plutôt bien en plus, avec son
Artefactum à elle toute seule, projet culte actif depuis 2001 et quelques travaux qui le sont tout autant, sans compter des collaborations diverses avec
Desiderii Marginis ou bien
Horologium.
7’ep pressé à 300 exemplaires d‘une petite dizaine de minutes,
Sub Rosa affiche en tant qu’objet une couleur rose faussement trompeuse, qu’un petit nœud complète d’une manière romantique. Or, comme de bien entendu, ces deux respirations perturbées, si elles possèdent un caractère contemplatif évident, ne sauraient pour autant servir de bande-son à une roucoulade sous une lumière tamisée.
"Rosa
Alba" et "Rosa Rubea" forment un magma drone où bruitages inquiétants, sons étouffés et voix féminines tellement lointaines qu’elles en deviennent fantomatiques, fusionnent, se mélangent pour enfanter une musique au souffle étrange, presque irréel. Effrayant peut-être, ceci dit, une vraie beauté souterraine serpente à travers ces effluves désincarnées, à l’image du magistral " Rosa Rubea". Noir.
Décidemment, entre Ovro et Allseits, pour ne citer que deux autres exemples féminins,
Artefactum prouve que l’on peut téter des seins gonflés d’un fluide industriel hypnotique tout sauf maternel. Alors dernier petit signe de mort, qui plus est gravé en 2006, de la Polonaise, dont on aimerait donc rapidement avoir des nouvelles plus conséquentes (ce qui sera chose faite trois ans plus tard avec Foxgloves & Bluebells),
Sub Rosa est donc un gemme précieux dont la très courte durée ne grève pas à son abyssale profondeur. Terrifiant.
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