Pour certains, 2015 est l’année du changement, pour d’autres l’année de la continuité, et pour une autre partie il s’agit de l’année de la fin. Les Roumains de
Syn Ze Sase Tri, connus aussi comme les guerriers de Transylvanie, sont de retour après trois ans de silence avec un nouvel album achevant une trilogie centrée sur le « guerrier », un concept qui avait début en 2007 en même temps que la création du groupe. « Stapin Peste Stapini », de nouveau écrit en roumain, termine l’histoire. La rude bataille à laquelle a pris part le guerrier est finie et le voilà assis sur une montagne de cadavres, accompagné de ses loups.
En conséquence, il ne faut pas s’attendre à énormément de changement de la part du groupe, qui reste signé chez Code666/Aural Music et qui continue d’officier dans un mix de black symphonique et de black pagan. Les claviers et instruments traditionnelles desservent une musique inspirée par les légendes transylvaniennes, le côté épic et guerrier reflète le concept expliqué ci-dessus. On reste dans la même logique que les deux opus précédents, à savoir un black metal véloce, parfois brutal, mais surtout très mélodique.
L’intro inquiétante où se mélangent sons dark ambient, bruit de respiration et chants grégoriens met bien dans le bain et nous prépare à la suite. On n’est donc pas étonnés par l’arrivée de « Strajerul Timpului » qui fait dans le classique de chez classique. Non seulement
Syn Ze Sase Tri reste fidèle à lui-même mais il n’invente rien dans la construction de son titre, efficace certes, mais trop prévisible : claviers en avant, growl death, ambiance épique mais déjà servie et resservie par les groupes du genre.
L’avantage, c’est que l’influence
Dimmu Borgir semble petit à petit s’éclipser. On se rapprocherait plus de
Saille, en comparaison, ou alors de
Borknagar comme sur « A Vremii Rinduiala » avec ses chants et instruments folks, ses mélodies prédominantes, et ses guitares maîtresses. Le sympho n’a plus lieu d’être ici comme aussi sur « In Gerul Iadului » mais la patte
Syn Ze Sase Tri est reconnaissable malgré tout : les instruments traditionnels ne sont pas Scandinaves mais bien d’Europe de l’Est avec ces flutes, ces espèces de clochettes ou ces percussions en bois. Si le black metal présenté ici n’est pas très original, la présence de ces éléments (ainsi que des nombreux guests) fait remonter le niveau et on apprécie ce côté dépaysant (« Scrijelit In Piatra »).
Lorsque le folklore ne rentre pas en jeu, c’est le côté guerrier et véloce qui se taille la part du lion comme « Trecera Mistica » qui envoie du bois avec ses guitares puissantes et ses claviers impériaux. Les chœurs apportent un petit plus et nous emmènent dans la bataille. Le titre éponyme « Stapin Peste Stapini » est aussi dans cette même veine mais n’apporte vraiment rien à l’album si ce n’est une répétition de ce qui a déjà été entendu.
Seul petit truc : le chant lyrique féminin. Mais on zappe très vite car l’impression de déjà-vu est là et c’est dommage ! De même pour le titre qui conclut, dans un style black sympho entendu des dizaines de fois.
Syn Ze Sase Tri ne fait que terminer ce qu’il avait commencé, sans réinventer son style ni apporter du neuf au genre. On ne risque pas d’être époustouflés, même si certains morceaux sortent du lot grâce à leur efficacité, leurs mélodies ou la qualité de leurs orchestrations. Il y a du travail derrière tout ça, il ne faut pas le nier, l’album s’écoute très bien et est agréable malgré ses défauts. Il faut juste espérer que les Roumains apporteront plus de fraicheur à leurs futurs titres lorsqu’ils commenceront un nouveau concept.
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