Liste des groupes Heavy Metal Huntress (USA-2) Static

La déesse de la chasse est de retour des hauts lieux de l'occultisme de Catskill. Après deux albums sortis à un an d'intervalle, les Huntress reviennent avec Static . Cette fois-ci, ils ont pris plus de deux ans pour écrire ce nouvel hymne aux sciences et créatures des monts lugubres, et des forêts sombres. Ces 5 admirateurs (et admiratrice) de King Diamond nous présentent dix chansons aux titres toujours aussi évocateurs. En bonus vous pourrez vous nourrir de 'Black Tongue' et 'Vultures Can Wait'.

On démarre avec 'Sorrow', digne d'un Speed Metal des plus accrocheur, il vous attrape à la gorge sans prévenir. Le rythme soutenu ne vous lâche pas. Telle la tigresse de la couverture de l'album, il plantera ses griffes métalliques dans votre âme et vous damnera. Maintenant que la chasseresse vous a mis à terre il est temps pour vous de ne plus bouger et d'écouter calmement le reste de l'album.

'Flesh', qui suit, fait office de titre promotionnel avec un clip tout en dessins. Une imagerie un peu rétro nous dépeint les paroles en noir et blanc sur fond rouge. Un titre de Heavy Metal très accessible, mais qui de toute évidence, n'avance pas les mêmes atouts (de la chanteuse) comme par le passé. Est-ce une façon et une volonté de promouvoir la musique plus que l'image ?
Si je peux me faire la petite voix dans la nuit, je dirais que c'est dommage, car Jill a tout pour incarner une dévoreuse de chair. On est bien loin des titres phares (et vidéos) comme 'Eight Of Sword' et 'Spell Eater' pour mettre en avant ce nouvel opus.

Puis suivent des titres comme 'Brian' et 'Mania' qui assombrissent bien la cérémonie. On y trouve plus de profondeur dans les mélodies, et les guitares grondent pour se faire l'écho magique des paroles. Le chant est ici un vrai plaisir à écouter. Sans forcer, on apprécie toutes les facettes qui collent à un Metal posé, voir même lourd. Le chant passe parfois par une certaine liturgie et fait ici appel à d'antiques magiciens fous. Il renvoie à la dépendance à l'énergie procurée par la Magie.

'Static', le titre éponyme, est très étonnant. Il avance des paroles usant d'un vocabulaire inhabituellement moderne pour le groupe. Comme 'I Want to Wanna Wake up' qui nous livre un refrain rafraichissant. 'Harsh Times On Planet Stoked' est de la même veine en y ajoutant une nappe de choeurs. Des titres où, entre chaque tour de chant, se cache un petit solo. La même façon de faire que Mercyful Fate de l'époque de Melissa. 

Le rapprochement avec ce même groupe est aussi vrai pour la voix. La faculté de passer du grave à l'aigu en transitant par les cris ou psalmodies sont caractéristiques de King Diamond et Jill Janus. Dans le premier album, on avait déjà pu relever cette particularité. Il était alors plutôt dominé par les cris, le second nous avait laissé une impression de voix assez linéaire, mais ce troisième est une savante alchimie des deux.

Mettant, de nouveau, en évidence ces similitudes avec un des groupe de Heavy les plus ésotériques de l'histoire du Metal, je dirais que la Déesse, avec moins de hargne et de brutalité que dans "Spell Eater", renoue avec la terre de ses ancêtres.
"Static" prend un peu du primal du "mangeur d'esprits" et éclaire la voix d'Artémis comme cette lueur d'étoile dans les yeux de la bête.
 Une production qui, mise entre les mains de Thémis, sera probablement jugée comme équilibrée. Peut-être pas de quoi réveiller Héphaïstos, mais au royaume d'Hadès, certains de ses serviteurs s'en repaîtront avec plaisir.

Hundress veulent-ils nous donner une musique plus profonde, ou est-ce le rythme soutenu de sortie des premiers albums, et les nombreuses tournées enchainées, qui finissent par fatiguer la bête ?
Il faut dire qu'entre la volonté originelle de Jill de sortir un album par an, et d'apprendre, jusqu'à plus soif, des groupes avec qui elle partage la scène, il y a de quoi perdre un peu de fougue. Ce n'est pas à travers les parois de métal de leur Van Américain noir que les paroles envoyées par sa nature bien aimée viendront percer son front divin d'un rayon bleuté. Pour gagner en originalité, et espérer accroitre sa longévité, la femme des montagnes et ses jeunes compères devraient peut-être se ressourcer un peu plus pour revenir en des temps plus glorieux et des notes plus incisives.


Production : 14
Technique : 14
Originalité : 12
Emotion : 12
Note (moyenne) : 13/20