Vous vous souvenez probablement du « MessengeR » accroché aux basques de «
Majesty », singeant un groupe qui singeait déjà l’illustre mais néanmoins cocasse «
Manowar » ? Soufflez un bon coup de soulagement, car tout cela est terminé. Non pas que « MessengeR » ait raccroché. Non, non, non ! Mais il exerce enfin un style qu’il maîtrise. Car écouter cette formation allemande s’employer à faire un substitut d’ombre de «
Manowar » devenait complètement ridicule. Ça a beaucoup pêché, notamment sur un picrocholesque «
See You in Hell ». Mais, « MessengeR » a su changer son fusil d’épaule et révéler d’autres ressources dans sa première partie de la série « Starwolf ». Ce fut une véritable surprise au vu de ce qui avait été réalisé antérieurement. Le groupe avait misé sur un concept racoleur de pirates de l’espace et sur un son tourné vers le power metal national. Et cela s’est avéré payant.
Pas au point d’en faire un grand album, mais on sentait déjà le vent tourner. Une fois le premier étage de fusée largué, « MessengeR » se lance dans la seconde partie de « Starwolf », et prend alors de la vitesse. Le lancement réussi, le vaisseau peut désormais gagner les confins de l’univers pour conquérir les autres galaxies.
L’entrée est tonitruante, grandiloquente. On a là une amorce à grands coups de cuivres, triomphante, un faux nez qui va servir à la propulsion d’un heavy speed bien racé. Quoique l’on y ressent quelques influences diverses au développement, notamment ceux de «
Manowar » et de «
Freedom Call ». « MessengeR » se permet donc d’associer mélodicité et dimension épique. Néanmoins, ne vous détrompez pas, « MessengeR » marque sa fidélité au heavy metal à l’allemande, notamment en se conformant au power metal typique de là-bas, si on en croit l’enthousiaste et rafraichissant «
Privateer’s
Hymn », sorte de mix entre «
Running Wild » et «
Helloween ». «
Helloween », justement, transpire à grosses gouttes sur le survolté « Novastorm », rappelant le formidable effort « Walls of
Jericho », pour ce qui est du couplet. Cette intensité se relâche pour entonner à tue-tête un refrain faisant office d’hymne. C’est beau, c’est prenant. On revient plusieurs années en arrière. Quand l’Allemagne dictait sa loi dans le monde du heavy metal. L’attachement du groupe sarrois à la bande de Markus Grosskopf va emporter le morceau bonus « Keep Your Dreams Alive », d’un ton pas si différent de « Doctor Stein ».
Nous nous repaitrons avec plaisir du titre « Captain’s Loot », qui avait préalablement donné son nom au malheureux EP sorti en début d’année 2015, sans pour autant y figurer. Les riffs syncopés y imitent la cavalcade. La teneur part au-delà du simple épique, elle devient là conquérante, toujours emportée par un refrain qui va parachève le tout, et ensuite finir sur des chœurs médiévaux. «
Warrior’s Ride » passe à la caféine par la pure tradition d’un power metal à grande vitesse, qui vous prend aux tripes. Le break solennel façon «
Manowar » marque cependant une pause dans cette envolée stratosphérique. On se situe encore au sommet à travers « Fotress of
Freedom », mais dans une plus grande douceur, une plus grande quiétude, nous rappelant «
Virgin Steele » dans les couplets et le magnifique album «
Stairway to
Fairyland » de «
Freedom Call » sur l’entame, le break et dans le refrain. Nous serons même surpris par des sons classieux et mélodiques en plein milieu instrumental tout droit tiré de l’œuvre de «
Stratovarius ». Un charme mélodique se révélant une association entre plusieurs sources divines.
La candeur gagnera avec grande certitude la ballade «
Frozen ». Notre bon
Siegfried, qui a fait de formidables efforts en chant, s’adonne avec délectation à une voix sensuelle, langoureuse.
Plus performant sur les couplets que sur le très banal refrain. On cogne plus fort avec le heavy rock de « Pleasure Synth » et son rythme martelé, maintenant une tension attachante sur les couplets. Titre bien fouillé qui propose sur son break des chants d’opera sous fond de clavecins. Tout aussi subtil, «
Wings of
Destiny » offre plus de solidité, des sonorités fermes, un parfait alliage entre «
Rebellion » et «
Helloween ». On retient dans les pistes au heavy metal plus bourru aussi un attachement pour la musique de leur compatriote «
Primal Fear », de manière terriblement percutante, mais à l’efficacité relative sur le second morceau bonus « In Morgan We
Trust », faute à des mélodies et à chant moyennement inspirés. L’influence réussit pleinement à «
Wild Dolly » en revanche, quoique tourné à l’esprit d’un «
Running Wild ». Cela prend assez rapidement de la hauteur. « MessengeR » se montre particulièrement inventif sur la seconde partie de piste, avec un break chatoyant et un passage instrumental assez remarquable.
Fini les critiques pour « MessengeR ». Ils ont bien retenu la leçon. Le groupe ne pratique pas dans la plus grande originalité, mais explore de façon heureuse dans le fleuron de leur patrimoine national. De la sortie des années 80 au milieu des années 2000, lorsque les pays anglo-saxons étaient en pleine crise, on pouvait parler de deutsche qualität. Aujourd’hui les exemples allemands dans le heavy metal en général commencent à prendre de l’âge, et on attend avec anxiété la relève, qui se fait décidément attendre. En attendant, « MessengeR » peut servir de substitut. Si vous vous en souvenez, récemment «
Running Wild » a voulu envoyer son rafiot, autrefois pimpant, dans l’hyper espace et s’est lourdement écrasé. L’expérience des pirates de l’espace a été relancée par un groupe dont on aurait absolument rien espéré. Et contre toute attente, ils ont réussi. Désormais, ils surfent dessus et recueillent les fruits et les espoirs des pionniers. Dans la course à l’espace, « MessengeR » marque ses premiers points. Albator a désormais sa version germanique et heavy/power.
15/20
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