Groupe des années 90 propulsé au rang des formations à succés grace au carton mondial de son premier album,
Ugly Kid Joe a eu bien du mal à digérer l’après America Least
Wanted. La cause à une image de sales gosses pas sérieux, alors que les compositions montraient un savoir faire et un niveau technique qui n’avaient pas à rougir face à d’autres formations plus « sérieuses »..
Pour se défaire de cette image un peu envahissante, les Américains ont fait évoluer leur musique vers un ton plus agressif sur «
Menace to Sobriety » ou groovy sur le mature «
Motel California », sans laisser de côté un certain humour. Malheureusement pour eux, ils se sont vus abandonnés progressivement par ceux qui les considéraient justes comme des amuseurs sans pour autant convaincre leurs détracteurs, malgré les soutiens d’
Ozzy Osbourne et Lemmy de Motorhead, devenu ami avec le vocaliste Whit Crane.
Après la séparation d'UKJ, le chanteur rejoint à la surprise générale les respectés
Life Of Agony. Une réussite en live mais qui ne débouchera sur aucun album. Il part fonder un nouveau super groupe avec Logan Madder, démissionnaire de
Machine Head.
Medication ne resistera que le temps d’un album, car malgré un premier essai réussi, les fans ne suivront pas. Et pour cause,
Medication est une vraie prise de risque artistique, avec un virage vers un metal alternatif sombre, rageur et désespéré, loin de l’univers des deux meneurs.
Whit Crane termine de nous dévoiler son côté obscur dans le projet de rock post grunge
Another Animal, en compagnie de membres de
Godsmack.
Finalement, l'ancien frontman d’UKJ a plus souvent versé dans la mélancolie et la noirceur que dans les clowneries.
Mais au moment du retour du vilain petit canard du metal, le maigre public encore intéressé doit se demander ce qu'il peut attendre d'
Ugly Kid Joe aujourd'hui. Les musiciens ont dû également se poser la même question, puisqu' ils reviennent avec un EP de 6 titres inédits.
Intéresssons-nous donc à ce
Stairway to Hell et arrêtons-nous sur le titre, mélange du
Stairway To
Heaven de Led Zep et
Highway To
Hell d'
AC-DC. Première constatation,
Ugly Kid Joe n’a pas perdu son sens de l’humour. Observons maintenant l’illustration de la pochette : le sale gosse, qui avait disparu sur les deux albums précédents, fait son retour! Son air diabolique , plus tête à claques que jamais, colle à merveille au titre parodique bien dans la tradition. Serait-ce un signe?
On avait déjà un début de réponse avec le premier extrait en écoute sur la toile, « Love Ain’t
True » et son metal fusion ponctué des cuivres des mythiques
Fishbone. Un avant goût groovy à la sauce « As Ugly As They Wanna Be » ou du «
Motel California ».
On retrouve également du pur UKJ sur le direct et accrocheur « I m Alright », ainsi que sur un « You Make Me Sick » entraînant, aux lignes vocales proches de Panhandlin Prince. On apprécie le retour des soli de guitare, bien plus présents que sur
Motel California - ce qui n’est pas difficile, je vous le concède. Enfin, on a même le droit à une ballade légère façon « Mr Recordman », avec « Another Beer », agréable à écouter mais qui ne restera pas dans les mémoires.
Le groupe propose également une autre facette, avec des titres heavy, aux ambiances plus noires sur «
Devil Paradise », où Crane pourrait parfois faire penser à Bon Scott et «
No One Survives ». Ici, une rage sous-jacente, bien perceptible, se mêle à une certaine mélancolie et un petit côté lancinant qui prend toute sa dimension au détour d’un pont, ou d’une partie instrumentale plus sombre. On avait déjà pu remarquer cette tendance, de façon plus ou moins prononcée sur les albums précédents, mais cette fois, elle semble vraiment assumée. D’ailleurs, c’est le changement le plus notable chez UKJ : la disparition de passages sautillants au profit d’ambiances plus pesantes, appuyées par une voix presque nonchalante. Certains apprécieront, d’autres se diront qu’il manque ce petit grain de folie qui habitait les Américains dans leurs années phares... même si le sens de l’humour est toujours présent.
Finalement, que penser de cette reformation après écoute attentive de
Stairway To
Hell? Que les Américains jouent à fond la carte du souvenir mais sans l'insouciance des débuts ? Que ces touche-à-tout prouvent qu’ils sont à l’aise dans de nombreux répertoires ? Qu’ à vouloir mélanger trop d’ ingrédients l’E.P perd un peu de son homogénéité ? Qu’il manque ce petit truc qui fait d’un bon cd, un excellent cd ? La vérité est forcément à la croisée de ces différentes impressions. Mais une chose est sûre, même si
Stairway to Hell n’est ni révolutionnaire, ni une bombe qui marquera le metal, il reste un retour très plaisant et sincère. Et ça, ça fait déjà bien plaisir !
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