Je pense sincèrement que des choses positives résultent souvent de choses négatives. Dans le disque qui nous intéresse aujourd’hui c’est typiquement le cas. Alors qu’un hypothétique troisième disque de
Liquid Tension Experiment est en suspend,
Magna Carta nous sort de ses tiroirs un disque unique qui nous comblera amplement. Si je parlais de choses négatives c’est bien que ce disque a vaincu la malchance qui s’abattait sur lui. Récit.
Retour en 98, session de
Liquid Tension Experiment,
New York. Petrucci obligé de partir à l’improviste, sa femme donnant naissance prématurément à leur enfant, laisse les trois autres membres seuls face à leur instrument. Qu’à cela ne tienne, une « jam » s’installe entre Tony Levin,
Jordan Rudess et Mike Portnoy. Et ça « jam », et ça « jam » et ça enregistre. On retrouvera un bon certain nombre de ces enregistrements sur le
Liquid Tension Experiment 2, Petrucci y ajoutant ses parties de guitares ultérieurement. Mais pour ce qui est du reste, les bandes avaient mystérieusement disparu pendant le mixage. Mais d’où sortent donc ces enregistrements présents sur
Spontaneous Combustion ? Eh bien de l’enregistrement deux pistes stéréo de notre ami Portnoy. Bonne habitude que de tout enregistrer en double. Du coup nous avons un enregistrement brut de décoffrage sans bidouilles quelconques. En un mot comme en cent une once de perfection.
Pour en revenir à la musique il faut reconnaître que même les détracteurs de
Dream Theater ne pourront qu’applaudir des deux mains ce disque majestueux de fausse sobriété. Le combo basse/batterie souligné de clavier est assez unique. Pour les deux pensionnaires du théâtre des rêves, l’habitude est la surenchère. On colle du plan breaké à toutes les sauces pour Portnoy et on dévale des gammes à toute vitesse pour Rudess. La présence de Tony Levin aidant, tout se fait en groove et en finesse. Une émotion indescriptible est palpable. De mon avis personnel, cette musique aurait très bien pu être celle d’un rêve mélancolique où notre cœur est pris entre le désespoir et l’espoir justement. Impressionnant. Les lignes de basse sont sublimes et l’on se reprend à planer comme sur les disques de
King Crimson. « Tony’s
Nightmare » nous emporte dans une autre dimension où la mort nous paraîtrait douce. C’est expérimental mais que c’est bon et à la portée de tous. On passera simplement sur le solo de batterie de Portnoy qui comme beaucoup de solo de batterie fatigue au bout d’une minute (sauf quand on est soi-même batteur). Rudess lui se fait plutôt remarquer dans un registre bruitiste, tout en se gardant des petits passages comme il affectionne, tout en vitesse. A l’instar de son projet solo, ça passe bien dans les deux cas.
Passons au son. Merveille de sobriété et de limpidité. La batterie de Portnoy sonne très sec et bien que la prise de son soit de moindre qualité que ce qui est prévu initialement, son touché et la qualité de sa batterie font que le rendu final est ultra précis et personnel. Pour Rudess c’est comme d’hab’, son impeccable et caractéristique. Le plus bluffant reste le son de basse de Tony Levin qui est ultra chaud et à la limite du sensuel. Ainsi cette chaleur nous englobe et elle ne nous lâchera qu’à la fin de l’écoute.
Avec ce disque le trio a su tirer parti de beaucoup de déconvenues afin de nous offrir quelque chose d’unique et de transcendant. Probablement le disque le plus abouti des trois. Sobre et intense rien que ça………
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