Splid

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17/20
Nom du groupe Kvelertak
Nom de l'album Splid
Type Album
Date de parution 14 Fevrier 2020
Labels Rise Records
Style MusicalBlack Thrash
Membres possèdant cet album41

Tracklist

1.
 Rogaland
 05:23
2.
 Crack of Doom
 03:54
3.
 Necrosoft
 03:00
4.
 Discord
 04:14
5.
 Bråtebrann
 06:69
6.
 Uglas Hegemoni
 03:33
7.
 Fanden ta Dette Hull!
 07:52
8.
 Tevling
 04:08
9.
 Stevnemøte Med Satan
 04:29
10.
 Delirium Tremens
 08:11
11.
 Ved Bredden av Nihil
 06:31

Durée totale : 58:24

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Kvelertak


Chronique @ JeanEdernDesecrator

13 Avril 2020

De la discorde à la renaissance

Kvarle…, zut, Kverlartek… non, Klavertik… c'est pas ça non plus. Les consonnes, les voyelles, je sais plus où elles vont, dans quel ordre, à croire que je suis devenu dyslexique. J'ai l'impression de jouer à Motus. Ca y est, j'ai trouvé ! Kvelertak ! Je vais vérifier sur la pochette de l'album, on sait jamais. J'ai du mal… à lire… le logo. Kve-ler-tak. Ca rentrera jamais, dans trente secondes, j'aurai oublié. Kvelertak, ça ne veut pas dire Kamoulox, mais, plus ou moins, "étranglement", en norvégien.

Kvelertak, donc, au même titre qu'il colle ensemble des lettres qui ne devraient jamais, au grand jamais se coltiner de la sorte, fait un délicieux gloubiboulga de punk rock, black metal, thrash et heavy, le tout gueulé en norvégien. Dès 2007, ces facétieux étrangleurs originaires de Stavanger, Norge, ont établi la base de cette recette magique, déjà présente sur leur première démo "Westcoast Holocaust".

Il se sont suffisamment fait remarquer pour décrocher un contrat avec l'écurie norvégienne Indie Recordings (Enslaved, Shining,…), et enregistrer leur premier album sous la houlette de Kurt Ballou (LE guitariste de Converge). Leur premier essai "Kvelertak", paru en 2010 a apporté un vent de fraîcheur bienvenu dans une scène extrème passablement sclérosée, avec leur black thrash punkisant caractérisé par énergie détonante et une facilité à passer d'un genre à l'autre sans que cela jure.

Le second Lp, "Meir", toujours produit par Kurt Ballou, et encore un superbe artwork de John Baizley, a repris la même démarche, en étant meilleur sur tous les plans. Un véritable album de confirmation, avec plus de maîtrise instrumentale.

Le troisième opus "Nattesferd", en 2016, marquait un changement en s'émancipant de leur producteur fétiche : il a été autoproduit par nos six trublions. Avec plus de simplicité, et un retour à un punk rock protéiforme et survitaminé, qui pourrait s'entendre comme un immense hommage à leurs ainés de Turbonegro, ainsi qu'au hard des années 70 et 80. Leitmotiv : faire taper du pied, secouer la tête, appuyer sur le champignon a l'occasion de quelques blasts pour agripper les récalcitrants. Dont j'ai fait partie, car si le groupe n'avait rien perdu de son énergie et de sa folie, il n'en était pas de même pour son originalité. Comme s'ils n'avaient plus besoin de surprendre, tout occupés qu'il étaient à divertir.

Les concerts se sont enchaînés plus que jamais, avec en point d'orgue le support de Metallica sur les routes européennes en 2017. Les membres de Kvelertak plaisantent volontiers sur le fait qu'ils ont envie d'arrêter le groupe à la fin de chaque tournée. Le chanteur Erlend Hjelvik, qui évoquait l'idée depuis un bon moment, quitta le Drakkar en 2018. Il fût presque aussitôt remplacé par Ivar Nikolaisen (Silver), qui suivait le groupe depuis des années, et avait déjà été en guest sur plusieurs titres et concerts de Kvelertak. Il a vite été jeté dans l'eau glacée en accompagnant le groupe pour de nombreux concerts jusqu'en 2019. Quant au batteur Kjetil Gjermundrød, épuisé par le rythme des tournées, il a ressenti aussi le besoin de mettre fin à l'aventure, courant 2019, alors que la préparation du nouvel album était bien avancée. Håvard Takle Ohr, son remplaçant, a pris place derrière les fûts juste avant l'enregistrement de "Splid".

Celui-ci a été réalisé au Godcity Studios sous l'œil bienveillant de Kurt Ballou, rappelé aux manettes, qui s'est ingénié à faire passer un nouveau cap à Kvelertak, et a exploiter pleinement son potentiel. Ivar Nikolaisen s'est aussi impliqué dans la composition des chansons, de même que le nouveau batteur, et chaque musicien a été poussé dans ses retranchements. Le groupe entérine aussi ce changement de cycle en changeant de label, avec une signature chez Rise Records.

"Splid" n'a pas de traduction littérale en français, mais ce qui s'en approche plus est "discorde", et il illustre les difficultés qu'ont traversé les membres du groupe dans un passé récent. Pour ce quatrième album, Kvelertak avait pour ambition de surprendre à nouveau, et de ne pas foncer tête baissée sur le chemin qu'ils avaient tracé jusque là.

Bien sûr, on retrouve sans surprise la base de la musique de Kvelertak, avec ce punk hardcore enlevé qui sert de rampe de lancement aux morceaux, couronnés de refrains d'ados décérébrés et irrésistibles ("Discord", "Uglas Hegemoni"), avec parfois des accélérations blastées façon black metal ("Necrosoft", "Ved Bredden Av Nihil"). Mais il semblerait que les norvégiens aient bien pris soin d'en faire pour tous les goûts. Du sludge classieux, par exemple sur les deux premiers morceaux, l'opener "Rogaland", et "Crack of Doom", qui est co-écrit par Troy Sanders de Mastodon. Du classic rock et du heavy à papa, chromé et polishé de frais ("Bråtebrann", "Stevnemøte Med Satan"), qu'ils explosent parfois d'une éruption thrash avec des solos à la Kerry King ("Fanden Da Dette Hull !"). On trouve aussi des clins d'oeil avec révérence royale à des groupes des années 80, un peu comme ils l'avaient fait sur le précédent album avec "1985" : l'intro de guitare claire qu'aurait pu faire Andy Summers de The Police sur "Tevling", les choeurs à la Queen sur "Bråtebrann" ou le thème très AC/DC de "Fanden Da Dette Hull !".

Si vous vous demandez comme se débrouillent les petits nouveaux, je vous rassure tout de suite, l'examen de passage enlève tous les doutes qu'on pouvait avoir sur la santé de Kvelertak. Bien qu'il soit d'une humilité confondante et ne se considère pas comme un chanteur professionnel, Ivar Nikolaisen s'est littéralement fondu dans le groupe comme s'il en avait toujours fait partie. Il est plus punk dans l'esprit et sur scène, une façon de gueuler moins rauque, mais il est plus versatile qu'Erlend, surtout en voix claires, et il a un brin de malice rafraîchissant. Ayant l'habitude de chanter en anglais, il a aussi fait une entorse au tout-norvégien avec deux titres avec des paroles en anglais, "Crack of Doom" et "Discord". Cela nous permet enfin de comprendre deux morceaux de Kvelertak. Håvard Takle Ohr, quant à lui, apporte une richesse indéniable aux parties de batterie, il tape dans mille dans tous les registres, et fluidifie les transitions entre les différentes ambiances.

Kvelertak joue à trois guitares, et cela prend ici toute sa dimension. Vidar Landa, Bjarte Lund Rolland et Maciek Ofstad sont à la fête, avec moult harmonies, tressent des canevas éthérés, ou tressés sérrés, balancent des solos enlevés mais pas trop longs, quitte à en mettre plusieurs. Leur travail s'entend mieux sur les morceaux les plus aventureux - quatre pistes dépassent les six minutes, prétextes à expérimentations. La maîtrise des musiciens et l'écriture des compositions fait que les styles tantôt se fondent à merveille, et tantôt s'entrechoquent dans une jubilation iconoclaste pour saisir l'auditeur comme c'était le cas sur le premier album.

Moi qui peste souvent contre les fins d'albums bâclées, les dernières compositions "Delirium Tremens" et "Ved Bredden Av Nihil", m'ont mis du baume du tigre au cœur, mêlant toutes leurs influences des plus douces aux plus extrèmes dans un maelstrom progressif majestueux et poignant. Ce coté prog est aussi présent en petites touches sur la plupart des compos, avec une richesse mélodique et une science du break réjouissants. Un Kvelertak différent, plus sérieux, qui sait être émouvant. Alors certes, il manque un ou deux titres qui tuent, même si tout l'album est excellent et transpire l'évidence avec des chansons catchy, puissantes et léchées.

Après un "Nattesferd" en roue libre et un peu en bout de course, avec "Splid", Kvelertak sort enfin de la discorde, car cet album ressemble plus à une renaissance. Il n'a rien perdu de sa verve punk, et jamais les influences hétérogènes qui composent la musique du groupe n'avaient été autant en osmose. Un album réjouissant, diablement cohérent, et enfin abouti.

6 Commentaires

11 J'aime

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bellz - 14 Avril 2020:

Merci pour la Chronique ! Une belle claque pour moi aussi, alors que je n'avais pas été totalement convaincu par "Nattesferd". Un album d'une grande variété, qui alterne les ambiances sans oublier d'être efficace et puissant.

JeanEdernDesecrator - 16 Avril 2020:

Merci pour vos commentaires, c'est vrai que le qualificatif de "baffe" convient à merveille à cet album !

grogwy - 17 Juillet 2022:

Je constate que tu as vraiment du mal avec le nom du groupe car tu l'as, à nouveau, mal orthographié à la sixième ligne et aussi sur ta (très bonne) chronique du dernier Kreator.

JeanEdernDesecrator - 17 Juillet 2022:

Oui, c'était pas juste pour faire la blague, ah ! Ah ! Ah !

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