Suite au formidable «
Herbstwerk »,
Sophia revient en cette année 2002 avec son nouvel album : «
Spite ». Quand est t’il de la continuité musicale du groupe ? Autant dire que les suédois ne reculent en rien pour pointer les défauts d’une Humanité sûre d’elle et peu encline à la remise en question. «
Spite » ne s’éloigne pas de cette marque conductrice et laisse à nouveau exploser ces relents ambiant/indus traversés de souffles de cuivres oppressants et d’instruments à cordes belliqueux.
Ce qui se ressent le plus durant l’écoute de cet album c’est l’influence palpable et renforcée de
Sophia envers
In Slaughter Natives. En effet, «
Spite » résonne plus indus que ces précédents enregistrements. Les percussions se montrent d’avantage métalliques et donc par là plus percutantes. Les samples d’opéra résonnent toujours comme l’illustration macabre d’un monde désolé et ajoutons à cela des monologues neutres sont plus nombreux (bien que déjà présents sur les précédents disques) renforçant encore le rapprochement avec
In Slaughter Natives. Cependant,
Sophia n’est pas à prendre comme un sous
In Slaughter Natives et encore moins comme un vil copieur, loin s’en faut. Maintenant son côté atmosphérique et apposant un travail plus minutieux sur les instruments classiques qui se confondent avec les pulsations martiales et autres samples ténébreux, le groupe de Peter Bjärgo trouve sa voie et la fait retentir dans un fracas opératique. De plus, les percussions sont judicieusement placées aux moments où on s’y attend le moins, prenant souvent par surprise son auditeur et le mettant le nez directement dans ces émotions à la fois morbides et grandiloquentes.
Ce que l’on ressent durant l’écoute de «
Spite » n’a cependant que peu de rapport avec «
Herbstwerk ». Celui-ci se prend comme un souffle sépulcral qui se dépose sur le visage et qui fait battre les cheveux aux vents sur le rythme de samples de voix angoissées et vindicatives. Sarcastique, le contenu n’en reste pas moins massif et traversé d’une hystérie suintante rendant peut-être l’écoute plus indigeste et difficile mais donnant une ampleur plus imposante et mortifère, une ambiance d’industrialisation obsolète qui ne laisse transparaître que le vide et le silence d’un paysage ravagé.
Se terminant sur un martèlement tétanisant et exténuant (un titre live non mentionné sur le livret du morceau « Stained »), «
Spite » n’atteint peut-être pas l’atmosphère déliquescente de «
Herbstwerk » et de «
Aus der Welt » mais n’en reste pas moins un disque apocalyptique qui laisse immobile de stupeur…
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